Château-Gontier. La municipalité marque un premier point contre Lafarge, pour l'extension de sa carrière

Le recours de Lafarge et la préfecture, contre le Plan local d'urbanisme de la Ville de Château-Gontier, a été rejeté par le tribunal administratif de Nantes. Une première étape dans le combat juridique entre l'entreprise et les collectivités locales (soutenues par les opposants), autour du projet d'extension d'une carrière.

17 avril 2024 à 17h35 par Marie Chevillard

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300 personnes ont manifesté le 23 mars à Château-Gontier, contre l'extension de la carrière Lafarge.
Crédit : expansive.info

Le combat pour les opposants à l'extension de la carrière est loin d'être terminé, mais c'est une première étape dans le combat juridique. Le tribunal administratif de Nantes a rejeté, jeudi dernier, le recours du cimentier Lafarge et la préfecture de la Mayenne, contre le Plan local d'urbanisme (PLU) de la Ville de Château-Gontier. Un document où les parcelles concernées par ce projet d'extension de la carrière ont été classées "zones agricoles et naturelles" par les élus de la municipalité, qui insistent sur l'importance de la nappe phréatique située à cet endroit et la biodiversité à conserver. 

Mais dans un communiqué, la préfecture mayennaise rappelle qu'une autorisation environnementale a été accordée le 23 janvier 2023 à l’entreprise Lafarge, pour étendre l’exploitation de la carrière des Coudrays à Château-Gontier, et que "ces nouvelles dispositions du PLU de Château-Gontier-sur-Mayenne ne sauraient juridiquement faire obstacle à l’exploitation de la carrière des Coudrays par la société Lafarge dans les conditions fixées" précédemment. Une autre décision juridique est d'ailleurs très attendue, sur la légalité de cette autorisation environnementale : un recours en annulation a été déposé devant la juridiction administrative, par la commune de Château-Gontier-sur-Mayenne et l’association France Nature Environnement.

 

"Quand on n'aura plus d'eau, on ne boira pas de sable"

 

En effet, dans ce dossier, élus locaux, associations environnementales et citoyens soutiennent une même position : l'abandon de ce projet d'extension de carrière. Il concerne 50 hectares, entre Château-Gontier et Marigné-Peuton, avec 17 hectares de bois et 33 hectares de terres agricoles. "C'est vraiment un corridor écologique, situé sur une zone humide, soutient Juliette*, membre de Sud Mayenne en transition, association opposée au projet. Ça bloquerait l'utilisation d'une réserve d'eau potable, qui devient de plus en plus rare, ça n'a pas de sens. Quand on n'aura plus d'eau, on ne boira pas de sable !"

Elle se réjouit de la mobilisation citoyenne contre le projet, qui a réuni 300 personnes dans les rues de Château-Gontier le 23 mars dernier, à l'initiative de Sud Mayenne en Transition et d'un collectif d'opposants. "On sait que les initiatives individuelles ne sont pas suffisantes (pour agir pour l'écologie), et c'est justement pour ça qu'agir en collectif, c'est important, pour faire entendre notre voix."

"On a quasiment un consensus localement contre ce projet", soutiennent ses opposants
Crédit : Marie Chevillard

Titouan*, qui fait partie du collectif d'opposants, rappelle qu'"une pétition avait déjà été lancée sur le sujet. Elle avait très vite récolté plus de 3000 signatures. J'ai l'impression qu'on a quasiment un consensus localement contre ce projet. Il y a des personnes militantes qui sont contre, mais aussi énormément d'habitants et habitantes, des jeunes, des vieux, des agriculteurs..."

 

"La seule alternative à l'eau pompée dans la Mayenne"

 

Ce qui le gêne le plus ? Le gisement de l'eau potable, menacé par ces futurs travaux d'extension. "Ça mettrait à ciel ouvert la nappe phréatique en-dessous, ce qui aurait des impacts assez directs sur les quantités d'eau disponibles. Dans le Sud Mayenne, cette nappe phréatique est la seule dans laquelle on peut pomper de l'eau potable, donc c'est la seule alternative à l'eau pompée dans la rivière la Mayenne."

Si Lafarge s'est engagé à planter des arbres pour sa compensation, "ce sera loin d'être suffisant, soupire Titouan. D'autant plus avec les canicules et sécheresses à venir : on a bien vu en 2019 et en 2022, que nos ressources en eau étaient limite..."

Titouan, du collectif d'opposants : "Ça mettrait à ciel ouvert la nappe phréatique en-dessous"
Crédit : Marie Chevillard

Renseignements sur le collectif citoyen par mail à indignons53@yahoo.com 

 

 

*à leur demande, leurs prénoms ont été modifiés