Maine et Loire

En Maine-et-Loire. L'ombre de la dermatose nodulaire contagieuse suscite la vigilance et une crainte pour les élevages de bovins

Jusqu'au 4 novembre, des mesures de restrictions sont appliquées sur l'ensemble du territoire français alors que la propagation de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) s'intensifie dans l'Est de la France. Pour le moment épargné, le Maine-et-Loire reste vigilant, tout en craignant des conséquences économiques.

Publié : 22 octobre 2025 à 16h10 - Modifié : 22 octobre 2025 à 16h16 Alexis Vellayoudom

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Plusieurs cas de MHE ont été détectés en Maine-et-Loire

Les éleveurs de bovins angevins regardent de près ce qui se passe dans l'Est de la France. L'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), maladie virale et non transmissible à l'homme, repart de plus belle dans les régions d'Auvergne Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, mais aussi l'Occitanie via la Catalogne (une centaine de foyers identifiés depuis juin, ndlr). Cet été, la vaccination avait permis de maîtriser l'épidémie qui avait provoqué l'euthanasie de plusieurs cheptels en Savoie et Haute-Savoie et entraîné la colère des agriculteurs du col des Saisies, menaçant de gêner le passage du Tour de France et obligeant l'organisation à raboter le parcours de 35 km pour éviter le secteur. Même si l'Anjou est, pour le moment, épargnée, quelques mesures sont mises en place jusqu'au 4 novembre. 

 

La DNC, c'est quoi ? 

 

Même si le taux de mortalité est relativement faible, la maladie nécessite systématiquement, dès la détection d'un cas, l'abattage du cheptel entier, y compris les vaches saines. "Le symptôme apparent, c'est des nodules, c'est-à-dire des petites lésions qui sont grosses comme une noix à peu près, qui apparaissent sous la peau, mais aussi sur les muqueuses. Ces petites lésions finissent par se nécroser et peuvent se surinfecté. Ça entraîne une perte d'appétit, de la fièvre, puis une baisse de la production laitière ou de la croissance des bêtes", détaille Stéphane Jamin, négociant en bestiaux et président de la FFCB 49, le syndicat patronal des marchands de bestiaux.

 

La dermatose nodulaire, c'est quoi ?
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Arrivée en Europe par l'Afrique du Nord, via la Sardaigne, la maladie a traversé l'Italie continentale, mais aussi la Catalogne avant d'arriver dans les chaînes des Alpes et des Pyrénées françaises. "C'est un virus transmis par des piqûres d'insectes comme les mouches et les taons qui se déplacent de plus en plus dans l'Europe, explique Stéphane Jamin. On sait que depuis quelques années, on est affecté par des maladies qui étaient exotiques et qui, sans doute à la faveur du réchauffement climatique, deviennent de plus en plus autochtones".

 

Quels impacts pour les éleveurs angevins ? 

 

Dans l'Est, des mesures renforcées ont été prises. Mais les autorités ont tout de même appliqué deux mesures à l'ensemble du territoire. Depuis le 18 octobre, interdiction formelle des rassemblements festifs de bovins comme les comices, les foires ou les concours. "C'est anecdotique pour l'activité", rassure le président de la FFCB 49. 

En revanche, l'interdiction de toutes sortie de bovins vivants du territoire français pourrait devenir problématique. "Ça veut dire, pas d'exportation vers les pays tiers ou de l'Union européenne. Sur le long terme, ça pourrait affecter le prix des animaux qui sont destinés à l'export, notamment les broutards, les jeunes mâles au sevrage, dont une partie prend la direction de l'Espagne ou de l'Italie principalement. S'il n'y a pas la demande, notamment sud-européenne, ça veut dire systématiquement une baisse des prix. Dans un premier temps, les gens qui sont susceptibles de vendre, vont différer leurs ventes."

 

"Ca pourrait affecter le prix des animaux à l'export", explique de Stéphane Jamin
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

À ce stade, les éleveurs angevins n'en sont pas là, mais "bien sûr qu'il y a une inquiétude sur le terrain", rapporte le professionnel. Selon lui, il faut "savoir raison garder et espérer qu'il n'y ait pas d'autres régions de touchées". En revanche, il regrette que les mesures fonctionnent par région. "Je prends l'exemple de la Bourgogne Franche-Comté, les cas sont dans le Jura, mais les éleveurs de la Bourgogne sont concernés par les mesures restrictives. Si on en était resté aux limites des régions d'avant 2015, il y aurait eu moins d'éleveurs impactés."

 

La vaccination pour lutter

 

Cet été, c'est la vaccination des troupeaux qui avait permis d'endiguer l'épidémie. "Elle a été très efficace", précise le négociant. Les autorités sanitaires pratiquent ce qu'on appelle de la vaccination périphérique, c'est-à-dire vacciner les cheptels des exploitations du secteur. "Le seul souci, c'est que la maladie se propage rapidement et la vaccination ne protège les animaux qu'au bout de 3 semaines. Donc on peut avoir un cheptel vacciné, mais qui développe la maladie pendant ses trois semaines", admet Stéphane. 

"Il faut vraiment s'en préserver, ajoute le retraité. L'espoir, c'est qu'on arrive bientôt à l'époque où les températures vont baisser, les insectes vont moins circuler, moins piquer les animaux, mais on n'est pas encore en hiver et donc il y a toujours la crainte de voir cette maladie s'étendre, comme les autres maladies". D'ailleurs, ce mercredi 22 octobre, les autorités sanitaires ont relevé de "modéré" à "élevé" le risque lié à une maladie, la grippe aviaire, obligeant les éleveurs à confiner leurs volailles.