Angers. La colocation intergénérationnelle, un avantage financier pour les étudiants

Depuis 2020, l'association Ensemble 2 Générations permet aux étudiants d'Angers d'être en colocation avec des personnes âgées. Une démarche conviviale, mais aussi avantageuse financièrement.

3 octobre 2023 à 16h42 - Modifié : 3 octobre 2023 à 17h13 par Alexis Vellayoudom

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Depuis 2 ans, Anaïs vit chez Marie-Thérèse et Raymond
Crédit : Alexis Vellayoudom

Comme chaque année, la rentrée étudiante peut devenir très vite une source d'anxiété, notamment sur le logement. À Angers, le problème est récurrent, en cause, la capacité de la ville à absorber l'augmentation constante du nombre d'étudiants, comme l'expliquait Benjamin Kirschner, adjoint à la Jeunesse et la Vie étudiante. Alors que certains adoptent encore aujourd'hui le système D avec des sous-locations pour payer moins chères ou trouver simplement un toit, d'autres ont choisi de loger chez l'habitant. L'association Ensemble 2 Générations permet de loger à des tarifs très réduits chez des personnes âgées. Le principe est simple. L'étudiant dépose un dossier, il doit ensuite choisir entre trois formules. La première permet d'avoir le logement à un tarif très attractif, 100 €/mois, en échange d'une présence quotidienne. La seconde à 150 €/mois en échange de quelques services et la troisième formule, appelée convivialité, est à 250 €/mois.

 

"J'ai pas connu les galères pour le logement"

 

C'est un constat au départ qui a poussé deux infirmières à domicile et une professeur de mathématiques a lancé l'association en Maine-et-Loire. "Lorsqu'on partait de chez nos patients, souvent, ils restaient seuls, sans surveillance ou sans personne pour les aider", se rappelle Bénédicte Henry, présidente de l'association. Malgré un départ tronqué par la Covid-19 en 2020, l'idée de la collocation intergénérationnelle fait aujourd'hui son chemin dans les esprits. De quatre accueillants, Ensemble 2 Générations est passé à 18 pour la rentrée scolaire 2023. "Le besoin est croissant, on a 60 dossiers de candidatures chez les jeunes, mais ça reste difficile de trouver des personnes âgées prêtes à accueillir. Ce sont souvent les enfants qui influencent leurs parents pour sauter le pas", avoue la présidente. "On a des étudiants entre 17 et 26 ans. Et des personnes âgées entre 61 et 100 ans. La plupart des étudiants choisissent la formule 3, mais on a quand même deux personnes avec la formule 1 qui aident au quotidien des personnes de 99 et 100 ans", précise Bénédicte Henry. 

 

Un avantage sur le plan financier
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Anaïs a choisi la formule convivialité. Depuis deux ans, cette Bretonne, en BTS Commerce International, loge chez Marie-Thérèse et Raymond. Le couple d'octogénaires vit au rez-de-chaussée. Pour 250 €/mois, Anaïs profite de l'étage, salle de bain, toilettes et bien sûr sa chambre. "Je suis assez chanceuse parce que j'ai une bonne cuisine. La plupart des cas, c'est souvent une chambre et des parties communes partagées avec les grands-parents. Je suis chez moi, chez les gens. Ils m'ont ramené un congélateur et un ventilo pour cet été quand il fait chaud", sourit Anaïs. L'étudiante de 20 ans est bien conscience d'avoir de la chance : "la plupart de mes potes, ils sont autour de 400 ou 500 €, voire plus parfois. Moi, c'est moitié moins [...] je voyais tout le monde qui avait du mal à trouver des logements. Même cette année, j'ai une copine qu'était en colocation avec une fille de ma classe parce qu'elle trouvait pas de logement donc du coup, j'ai pas du tout connu les galères de logement".

 

"Il y a de l'entraide

 

Une formule qui plaît aussi à ses hôtes. "On aime la jeunesse. Ça nous apporte de la gaieté, ça met de la vie", s'amuse Marie-Thérèse. Avec son mari, Raymond, ils en sont à leur quatrième année d'accueil. Ils connaissent bien la galère du logement pour les étudiants, car ils l'ont vécu avec leur fille : "les études, c'est compliqué, c'est cher. Et après quand il faut payer le logement, c'est du 500-600 €. Je pense que beaucoup de personnes pourraient mettre à disposition une chambre et s'arranger avec des jeunes pour qu'ils aient moins de poids sur les épaules". Confirmation avec Anaïs qui peut répartir son argent sur autre chose : "j'ai un petit boulot étudiant le week-end, ce qui me permet de payer mes affaires, mes loisirs et aussi mon prêt étudiant".

 

Reportage dans la maison d'accueil d'Anaïs
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Pour la jeune Bretonne et le couple angevin, ça a matché tout de suite. Un contrat régit leur collocation, "je dois laisser propre les parties communes. Je peux leur demander d'inviter des potes pour dormir. La plupart du temps, ils acceptent. Ils ne posent pas de question", précise Anaïs. C'est aussi l'humain qui a convaincu l'étudiante. "Les personnes âgées sont super mignonnes. Je peux discuter avec eux une ou deux heures en revenant des cours du soir. Parfois, ils m'apportent des desserts, c'est trop mignon. Si je vais à la pharmacie ou faire des petites courses, je leur demande s'ils ont besoin de quelque chose. Il y a de l'entraide finalement. Après, je rentre chez moi avec le sourire, c'est cool". 

L'association, présente un peu partout en France, a ouvert une branche à Laval. La présidente de l'association recherche des personnes âgées voulant accueillir chez eux.