Anjou Bleu. Ils ont tout plaqué pour produire des champignons

À Vergonnes, Fabien Perrault s'est lancé dans une production de shiitakés et pleurotes. Le myciculteur reçoit aussi l'aide de l'association Haut-Anjou Agri Novation pour produire des morilles.

18 octobre 2023 à 8h48 par Alexis Vellayoudom

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Emmanuelle et Fabien cultivent des pleurotes et des shiitakés dans une cave de schiste
Crédit : DR

Vous pourrez bientôt manger des champignons de l'Anjou Bleu. Habituellement produit dans le Saumurois, Fabien Perrault a décidé de lancer sa production à Vergonnes. L'ancien restaurateur de la presqu'île Guérandaise et sa femme, Emmanuelle, sont venus s'installer, chez lui, dans le Segréen. Ils ont racheté une exploitation de 4,5 hectares pour y lancer la Ferme de Cédric, une champignonnière et un élevage de poules pondeuses, "j'avais un frère handicapé qui s'appelait Cédric et je devais l'avoir sous curatelle. De l'autre côté, on voulait aussi retrouver du sens dans notre travail et revenir dans le coin. Donc on a repris cette ferme pour que mon frère puisse s'épanouir et que nous, on puisse se lancer de la production de champignons et de poules pondeuses. Malheureusement, mon frère est décédé... On a décidé de lui rendre hommage en donnant son prénom à la ferme", confie Fabien. 

 

Une poëlée de shiitakés et de pleurotes

 

Et pour découvrir sa champignonnière, il faut descendre une petite allée, direction une cave de 80 m², "elle a été creusée dans les années 1890 par un vignoble du Bordelais qui est venu s'installer dans la région. Il voulait avoir sa cave personnelle donc il a creusé sa cave dans le schiste. C'est pour cela qu'on voit un gros mur de schiste", raconte Fabien. À l'intérieur, des blocs de terres où poussent plusieurs champignons. Fabien s'est concentré sur les shiitakés, un champignon originaire d'Asie, et les pleurotes, qu'on trouve aussi dans nos forêts, "je pars à partir de bloc pré-ensemencé qu'on me fournit à l'heure actuelle. Je les mets en culture. Sur chaque bloc, je peux faire trois volets et ça sur un delta 6-8 semaines".

 

Visite de la cave à champignons avec Fabien
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Le tout, dans des conditions plutôt fraîches. En temps de chaleur, un brumisateur se charge de refroidir la pièce. "Le champignon a besoin d'une température entre 14 et 18 °, un taux d'humidité plus ou moins constant et différent en fonction du stade de développement du champignon. Très humide quand il est très petit. Ce qu'on mange dans le champignon, c'est le carpophore, c'est le sexe du champignon. Son but, c'est de laisser partir toutes ses spores pour pouvoir se reproduire donc comme on l'a stressé, il se dit faut que je me reproduise. Et après, on va réduire l'humidité progressivement pour obtenir des beaux champignons, bien gros et très bons", explique le myciculteur.

Chaque année, 1,5 tonne de champignons sortira de sa cave. À l'avenir, Fabien veut investir dans la création d'une zone de transformation avec une étuve pour devenir autonome sur la production de blocs pour Shiitaké et Pleurotes.

 

Bientôt des morilles

 

Mais le myciculteur ne veut pas s'arrêter là. Il souhaite désormais développer la culture de morilles. Un champignon pourtant très difficile à produire dans nos régions. "La morille dans nos sols, c'est très rare d'en trouver parce que nos sols sont naturellement acides du fait de la présence du schiste. Lui en se décomposant, il dégage un peu d'acidité. Du coup, on est obligé de recréer une atmosphère et un sol adaptés", explique Fabien. Le champignonniste a donc présenté son projet à l'association Haut-Anjou Agri Novation qui n'a pas manqué de récompenser son projet en lui octroyant un prêt de 5 000 € à 0 % sur 5 ans, "j'ai besoin de géotextiles qui sont sur la serre pour avoir moins de luminosité, car on essaye de recréer la condition de sous-bois. Et j'ai aussi investi dans une station météo, une sonde qui va pouvoir me calculer l'humidité du sol et qui est connecté avec un technicien qui va me suivre jour après jour pour me dire ce que je dois faire et assurer le succès de ma production". 

 

Bientôt une production de morilles dans l'Anjou Bleu
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Coup de pouce non-négligeable surtout dans cette période difficile pour les prêts avec l'envolée des taux d'intérêt. "Ça peut-être un remboursement mensuel ou annuel en fonction de la production et de la trésorerie de l'exploitation. On accompagne tous les projets innovants et c'est très intéressant parce que souvent, ça permet de reprendre des exploitations et aussi d'attirer d'autres productions sur notre territoire. Ici, c'est le champignon, qu'on ne connaît pas dans le Segréen et demain, il y aura peut-être un marché local. Et ça stimule toute la région", confie Vincent Raymond, trésorier de l'association. 

Fabien espère lancer cette production fin octobre pour en récolter 100 kg en avril. En attendant, les champignons de la Ferme de Cédric sont à retrouver sur les marchés de Grez-Neuville, le Lion d'Angers, Château-Gontier, Châteaubriant, et Grégoire Bordillon à Angers, mais aussi au Panier Candéen, le mercredi soir, l'AMAP de Saint-Michel-et-Chanveaux, le jeudi soir et à Nyoiseau, le vendredis soir, chez le maraîcher Alexis, le Pré-de-chez-Vous.