Aviré. Dans les vergers, des pommes moins grosses à cause de la sécheresse

Aux vergers de la Hanère, la récolte a débuté plus tôt en raison du manque d'eau, Renan Maurice et Sabine Rouart constatent des rendements sont en baisse et s'inquiètent pour les prochaines années.

14 septembre 2022 à 12h37 par Alexis Vellayoudom

Les Vergers de la Hanère_07 09 22_AVC
Renan et Sabine fêtent leur 10 ans d'exploitation ce 18 septembre
Crédit : Alexis Vellayoudom

La différence est flagrante lorsque Renan Maurice, gérant des vergers de la Hanère, nous présente deux pommes. L'une est de la bonne taille, l'autre, non, est beaucoup plus petite. Et cette image, l'arboriculteur d'Aviré, installé en 100 % bio avec sa femme Sabine Rouart, l'observe tous les jours sur ses 20 hectares de vergers. Sa production de pommes subit de plein fouet les conséquences de la sécheresse débutée au mois de juin. 

 

Des arbres en souffrance 

 

C'est avec 10 à 15 jours d'avance que le couple a entamé la récolte de leurs pommes. Sur les vergers, la majorité des variétés sont impactées par le manque d'eau, seulement 55 mm depuis le 1er juillet, "c'est à peine un  tiers de ce qu'il tombe généralement", précise Renan. 

 

Les arbres souffrent de la sécheresse
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Première victime, les arbres, "on voit des feuilles qui commencent à sécher, qui flétrissent déjà. Ce qu'il se passe, c'est que les pommes tombent trop tôt par rapport à d'habitude. L'arbre réagit à un stress climatique en larguant les pommes parce que la photosynthèse dans l'arbre est bloquée", raconte Renan. Ce qui inquiète l'arboriculteur, ce sont les années à venir, d'autant qu'il a déjà subit les dégâts du gel au printemps dernier : "pour cette année, c'est perdu, mais on peut imaginer que pour les années suivants, au moins l'année prochaine, ça va conduire probablement à une mauvaise fleuraison et impacter les rendements des années suivantes".

 

Des pommes plus petites...

 

Pour ses 3,5 hectares de pommes à couteaux ou à croquer, l'arboriculteur a pu limiter les dégâts grâce à une réserve d'eau de 6 000 m3 qui se remplit l'hiver grâce à l'eau des fossées, "on a complètement consommer cette réserve d'eau. Ça fait une semaine qu'on ne peut plus pomper d'eau parce que l'eau est trop bas. On a arrosé 5 jours par semaine avec des quantités très modérées pour économiser l'eau et essayer de tenir tout l'été", rappelle Renan. 

 

Vergers Hanère Aviré_07 09 22_AVC
25 % des pommes de la première récolte sont trop petites
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Mais ça n'a parfois pas été suffisant. Sur l'un des pommiers, les pommes ont un diamètre inférieur à 50 mm alors qu'à cette période de l'année elles devraient avoir un diamètre de 70mm, "ça représente 25 % des pommes du pommier. On va être obligé de les enlever et malgré le fait qu'elle soit magnifique cette pomme, elle n'a pas une tâche, pas un trou d'insecte et bien on sera obligé de la déclasser en jus de pommes. Elles ne sont pas perdues, mais elles sont transformées en jus de pommes alors qu'elles devraient être valorisées en pomme à croquer. Ça fait une perte parce qu'on les valorise moins bien, on a mis toute notre intention pour avoir un bel entretien, un éclaicissage manuel et au final pour les broyer", confie Renan. 

 

...et avec moins de jus 

 

Mais c'est sur les 16,5 hectares de pommes à jus et à cidre que la situation est plus compliquée. En plus d'avoir des pommes moins grosses qu'à la normale, "et c'est très long à trier pour nous", précise Renan, ces pommes ont aussi moins de jus.

 

Dans les vergers avec Renan Maurice
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

C'est la double perte pour le verger, "on a commencé à presser ces pommes et par rapport à une année classique, quand on broye les pommes et qu'on les presse, on va perdre sur une cuvée, environ une 20 % de rendement en jus, ce qui est très important. Le travail est le même pour récolter les pommes, passer la machine, secouer les arbres et au final dans la cuve, il y a moins de jus donc c'est une perte sèche pour nous", confie l'exploitant. Sur une cuvée de 2 000 L, seulement 1 600 L de prélevés car les pommes manquent d'eau, "les arbres sont patinés et alimentent mal les pommes", ajoute l'arboriculteur. 

 

Une invasion de mulots

 

Et quand on parle de sécheresse et de réchauffement climatique, c'est enfaîtes tout un cercle vicieux qui se met en place. La chaleur et le manque d'eau fait souffrir les arbres puis les pommes, mais impact aussi la faune. Par exemple, le mulot, espèce invasive, pulule en ce moment dans les vergers, "la sécheresse et le manque d'eau font qu'ils ne sont pas dérangés. Les nids n'ont pas du tout été noyés de tout l'été", suppose Renan.

 

Les mulots pullulent et détruisent les vergers
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

"On a un véritable gruyère dans le verger, dans les allées et au pied des arbres, si bien qu'ils sont tellement nombreux qu'ils se nourrisent des racines des arbres. Sur de jeunes vergers, ça fait mourir des arbres, ils sèchent. On prend l'arbre et enfaite on a juste une carotte, il n'y a plus de racine, l'arbre est mort. Ce seront des arbres qu'il faudra remplacer. Ça veut dire qu'ils vont se décaler par rapport aux autres arbres du vergers et puis ils vont remettre à produire donc ça fait trois années de perdues pour ces arbres, en terme de production", poursuit l'arboriculteur.  

Alors le gérant de l'exploitation ne perd pas espoir, d'autant qu'il fête ce 18 septembre ses 10 ans d'installation. Une porte ouverte des vergers est d'ailleurs prévue de 10h à 18h.