En Anjou, la langue des signes s'invite chez les assistantes maternelles

Ce samedi 23 septembre, c'est la journée internationale des langues des signes. Rencontre Karine Bethery, assistante maternelle à Montreuil-Juigné, qui signe avec les enfants qu'elle garde. Interview.

22 septembre 2023 à 17h10 - Modifié : 22 septembre 2023 à 17h32 par Alexis Vellayoudom

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Depuis 2017, Karine utilise la langue des signes pour communiquer avec les enfants
Crédit : Alexis Vellayoudom

Ce samedi 23 septembre, c'est la journée internationale des langue des signes (LSF). Une langue créée en 1760, mais qui, aujourd'hui, n'est pas réservée qu'aux sourds et muets. Par exemple, les assistantes maternelles se sont mises à l'utiliser, c'est le cas de Karine Bethery qui s'en sert avec les enfants qu'elle garde à Montreuil-Juigné. Rencontre. 

Qu'est-ce que la langue des signes apporte aux enfants ?
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Il y a plusieurs années, vous avez décidé de vous former à la langue des signes, pourquoi ? 

 

"Lorsque j'étais en Maison d'assistantes maternelles, le Relais Petite Enfance, nous a proposé une formation de 40h. J'y ai participé, un peu par curiosité et aussi pour transmettre aux enfants un autre moyen de communiquer et puis pour découvrir ce que ça pouvait apporter aux enfants".

 

Justement, depuis que vous la pratiquez, qu'est-ce que ça a apporté aux enfants ?

 

"Beaucoup de développement aux petits, notamment sur la motricité avec les mains, les gestes. Par rapport aussi à son corps et l'espace autour de lui. Ça également apporté un développement des émotions, par exemple, savoir dire, j'ai peur, je suis triste, je suis en colère. J'ai mal également. J'ai une petite fille qui avait fait le signe des deux pouces qui se croisent et on comprenait qu'elle avait une douleur quelque part. Ça permet aussi de développer le langage parce qu'on signe beaucoup de mots, on les répète souvent, sans forcément attendre un retour des enfants, mais la répétition permet de leur apporter beaucoup de choses. Et puis socialement aussi quand ils ont confiance en eux parce qu'ils ont compris le message. Ça peut les aider à se sentir mieux". 

 

Vous avez senti que les enfants étaient réceptifs ?

 

"Certains oui, ils enregistrent beaucoup les gestes que je faisais. Ils les ont refait, par exemple, une petite fille qui voulait qu'on lui change la couche. Elle a fait le geste des deux poings que l'on tourne l'un sur l'autre et on a compris qu'elle voulait qu'on la change".

 

C'est une alternative au langage pour les enfants ?

 

"Oui en effet. Après, il y a des enfants qui n'en ont pas forcément besoin, car à 2 ans, ils communiquent déjà très bien. Mais pour d'autres qui n'y arrivent vraiment pas, ils sentent que ces gestes sont associés à un mot et ils arrivent à l'utiliser s'ils en ont besoin".

 

Dans le quotidien, ça se traduit comment ? 

 

"Ça fait naturellement dans tout ce qui est lié à notre métier. Par exemple, dans les émotions, quand papa et maman quittent la maison et quand ils vont revenir, on leur explique s'ils sont tristes ou pas. Si papa ou maman vont bien bientôt revenir te chercher ou sont au travail. Dans les repas également, t'as soif, tu as faim, bon appétit. Dans la politesse aussi, le merci, le s'il te plaît. S'ils n'arrivent pas à le dire, parfois, ils le signent, c'est rigolo. Et puis dans tout ce qui est le change, le câlin, le bisou. Je le fais aussi avec les comptines parce que je fais de la guitare. Et quand j'ai pas la guitare, je signe. Tout ce qui est animaux, ils aiment beaucoup. Les fruits, les légumes, ça se fait assez facilement".

 

Vous avez des retours de parents ? 

 

"Certains m'ont expliqué qu'il y avait des gestes qu'ils ne comprennaient pas donc on essayait de traduire et de comprendre, suivant la situation, ce que l'enfant voulait dire". 

 

Pour vous, c'est une alternative pour communiquer ?

 

"Je le prends comme un jeu que je mets en place, sans forcément atteindre un retour". 

 

Des formations existent pour les assistantes maternelles, mais aussi pour les parents qui aimeraient communiquer autrement avec leurs enfants.