Rugby. Des Géorgiens, Argentins, Wallisiens et un Sud-Africain, le RC du Haut-Anjou vit intensément cette Coupe du Monde

Depuis plusieurs années, le RCHA est une terre d'accueil pour plusieurs étrangers, tous aficionados du rugby. Rencontre avec l'un des cinq géorgiens de l'équipe.

29 septembre 2023 à 12h48 par Alexis Vellayoudom

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Sulkhan fait partie de la vingtaine de joueurs d'origines étrangères du club
Crédit : Alexis Vellayoudom

Sept Argentins, cinq Géorgiens et Wallisiens, deux franco-polonais, un Sud-Africain, un Tunisien et un Turc. Le Rugby Club du Haut-Anjou est un club à l'international, alors quand c'est une année Coupe du Monde, qui plus est en France, les rivalités, toujours amicales, se font ressentir à l'intérieur du club, "on se charrie un petit peu. On a regardé le match de l'Afrique du Sud contre l'Irlande, notre joueur Sud-Africain n'était pas content", sourit Sulkhan Buziashvili, l'un des 3/4 des Horsemans (sdlr : surnom du RCHA). Lui, vient de Géorgie, petit pays du Caucase, au Sud de la Russie où vivent 3 millions d'habitants. Il revient sur la manière dont il vit cette coupe du monde. 

 

Le plafond de verre pour la Géorgie

 

Quelques jours après le match nul face au Portugal, 18-18, Sulkhan Buziashvili ne cache pas sa grande déception : "en Géorgie, c'est comme si on avait perdu". "Notre situation est dure, on n'a pas gagné un match. On a perdu le premier match contre l'Australie". Alors tout n'est pas perdu pour les Lelos, du nom d'un sport traditionnel du pays, cousin du rugby, puisqu'ils ont encore deux matchs. Mais la partie risque d'être compliquée puisque le premier est face aux Fidji, 2ème du groupe, (30 septembre), l'autre contre le Pays de Galles, 1er du groupe, (7 octobre). "Les Fidji, c'est une très bonne équipe cette année", confie le Géorgien de 30 ans. Mais il garde espoir : "on a déjà fait match nul contre les Fidji. On a gagné contre l'Italie cette année et contre le Pays de Galles, à Cardiff en plus donc tout est possible". 

 

Sulkhan donne son avis sur cette Coupe du monde de rugby
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Qualifiés à toutes les Coupe du monde depuis 2003, les blancs et rouges, avec aucune victoire, pour le moment, pourraient galérer pour aller à l'édition 2027 (sdlr : en Coupe du monde, les Nations qui remportent deux victoires se qualifient directement pour la prochaine édition). Mais la nation du Caucase n'est tout de même pas à prendre à la légère. Dans le passé, le XV Géorgien a été capable de plusieurs exploits, motivé par un état d'esprit souvent irréprochable pour défendre les couleurs du pays, mais pour Sulkhan, l'équipe ne pourra pas progresser tant qu'elle évoluera dans le Tournoi des Six nations B, qu'elle domine outrageusement : "on n'a pas de chance. On a gagné contre l'Italie, le Pays de Galles, mais rien ne change. Toujours, on joue le Portugal, les Pays-Bas, l'Espagne et la Roumanie, mais on peut pas évoluer. Si on joue régulièrement les tops équipes comme la France, l'Angleterre, on progressera".

Justement, ces équipes font partie des favoris de Sulkhan. "La France, en plus vous êtes à domicile, c'est beaucoup de motivation. L'Irlande, c'est une très bonne équipe, mais je pense que l'Angleterre ira en finale. J'espère que la France ira aussi, parce que je supporte la France", analyse le joueur du RCHA. 

 

Le rugby, sport national en Géorgie 

 

C'est vrai que lorsqu'on le regarde le tableau de cette coupe du monde, la présence de la Géorgie peut interroger. Pourtant, au pays du Khachapuri (sdlr : une sorte de pizza géorgienne avec beaucoup de fromage et un oeuf), l'ovalie soulève les foules. "Le rugby en Géorgie, c'est un sport de tradition, c'est une grande histoire. On a le Lelo qui y ressemble. Quand l'équipe de Géorgie joue, tout le monde regarde ça. C'est comme le judo", confie Sulkhan. Lui a commencé sur le tard. D'abord mordu de football, après une grave blessure, c'est le rugby qui lui a permis de retrouver goût au sport. Très vite, le joueur, originaire de Gori, à l'Ouest Tbilissi, la capitale géorgienne, a grimpé les échelons pour jouer 4 ans au niveau professionnel dans le Top 10 de la Ligue géorgienne, "quand on avait match, les tribunes étaient toujours pleines. Il y a beaucoup de supporters, ça fait plaisir", se souvient celui qui est désormais responsable de bar à Angers.  

 

Le rugby en Géorgie, un sport national
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

En France depuis 5 ans, le responsable des catégories U12-U14 du RCHA, note quelques différences avec la France : "on avait beaucoup d'écoles de rugby en Géorgie. Les jeunes jouent tous au rugby. Mais en France, vous avez des infrastructures de meilleures qualités. Ici, les amateurs jouent comme des professionnels. Vous avez beaucoup de championnats. Nous, on est un petit pays, on peut pas faire ça. Je pense que le rugby est plus important en France, il y a beaucoup d'écoles". 

Reconnaissant envers la France, mais le coeur de Sulkhan reste blanc et rouge. Et quoiqu'il arrive ce week-end, à l'issue de la rencontre avec les Fidji, il ira voir Les Lelos contre le Pays de Galles, le 7 octobre à Nantes.