Segré. Accusé de transphobie, le McDo réfute toute discrimination, mais admet "une maladresse"

Ce lundi 15 avril, devant le Conseil des Prud'hommes, une salariée transgenre attaquait la franchise McDonald's de Segré pour "discrimination liée à l'identité de genre" et "harcèlement moral". Elle demande 50 000 € de dommages et intérêts.

16 avril 2024 à 16h09 - Modifié : 16 avril 2024 à 16h18 par Alexis Vellayoudom

Le procès des balcons se déroule au tribunal d'Angers

Crédit : Coralie Juret

Il y a-t-il eu discrimination ? C'est ce qu'ont cherché à comprendre les juges du Conseil des Prud'hommes hier à Angers. Syntia, salariée transgenre de la franchise McDonald's à Segré, accuse l'entreprise Les Arches de Segré, gestionnaire de l'établissement, de discrimination liée à l'identité de genre et harcèlement moral. L'employée demande 50 000 € de dommages et intérêts. L'entreprise réfute ces accusations.


 


Un changement d'identité


 


L'histoire bascule en janvier 2023. Depuis cinq mois, Syntia, née homme, travaille dans le restaurant McDonald's à Segré sous son identité masculine. Le 6 janvier, la jeune femme fait son coming-out et entame les démarches pour changer d'identité de genre. Au travail, elle se présente sous son nouveau prénom, Syntia. Changement vestimentaire et physique, ses collègues acceptent, selon elle, la situation sans la juger. 


En revanche, c'est plus compliqué du côté de la direction. À plusieurs reprises, elle sera recadrée pour un maquillage jugé "trop voyant". Un soir, l'un des managers, interdit aux autres salariés de l'appeler par son nouveau prénom. Mais c'est les 13 et 14 février 2023 que Syntia va se sentir le plus humilié, lorsqu'un responsable exige qu'elle aille acheter du démaquillant avant de prendre son poste. Synthia claque la porte.


 


L'entreprise réfute toutes discriminations


 


Devant l'inspection du travail, la direction justifiera sa position en invoquant une loi du 23 août 1794, qui a fait l'objet d'un assouplissement. "Une maladresse", a évoqué hier l'avocat de l'entreprise qui réfute toute discrimination. L'avocate de Syntia, Gwenola Vaubois, dénonce : "je ne vois pas de maladresse, c'est plutôt une stratégie d'éviction. "Syntia estime avoir été écoutée, mais elle a parfois été ulcérée par les propos qu'elle a entendus. Pour elle, l'entreprise nie l'évidence", explique l'avocate au micro d'Oxygène Radio. 


De son côté, l'avocat de l'entreprise, Pascal Landais pointe "un manque de preuves de la plaignante". Il explique que la franchise au nom du "principe général de neutralité" n'aurait jamais discriminé la salariée transgenre. Il invoque aussi une politique d'inclusion de l'entreprise avec l'accompagnement d'une femme dans sa transition et une directrice lesbienne. "J'ai le sentiment qu'ils veulent se justifier sur le fait que c'est un phénomène nouveau alors qu'ils ont plaidé justement qu'ils avaient déjà accompagné quelqu'un dans sa transition. Il se défendait beaucoup pour quelqu'un qui n'a rien à se reprocher", commente l'avocate de Syntia.   


 


Résiliation judiciaire du CDI


 


Hier, l'avocate de Syntia a réclamé une résiliation judiciaire de son CDI, 30 000 € de dommages et intérêts au préjudice de "discrimination liée à l'identité de genre" et "harcèlement moral et 20 000 €, soit huit mois de salaire, car la jeune femme, en arrêt-maladie depuis le 3 mars 2023, n'est plus couverte depuis septembre par l'assurance maladie. "Aujourd'hui, Syntia est dans une situation financière très compliquée", explique l'avocate. Des demandes jugées irrecevable par la partie adverse.


La décision est mise en délibéré au 24 juin. L'affaire se poursuit aussi sur le plan pénal puisque Syntia a porté plainte contre son employeur et cinq supérieurs pour harcèlement moral en raison de son identité de genre. Selon nos confrères du Courrier de l'Ouest, une enquête judiciaire est en cours.