En Maine-et-Loire. Des syndicats s'organisent pour mieux lutter contre la montée de l'extrême-droite
La CGT, la Confédération paysanne, FSU, SUD-Solidaires, l'UNE et l'UNEF lancent l'antenne angevine de Visa pour Vigilance et Initiatives Syndicales Antifasciste afin de lutter par les idées et les actions contre la montée de l'extrême-droite.
Publié : 30 avril 2025 à 8h20 - Modifié : 30 avril 2025 à 8h23 Alexis Vellayoudom
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Ils sont travailleurs, paysans, étudiants, enseignants ou professionnels de santé. Leur point commun, tous appartiennent à des syndicats de gauche du paysage angevin et tous veulent stopper la progression de l'extrême-droite en Maine-et-Loire qui a doublé ses scores sur les dernières élections. La semaine dernière, la CGT, la Confédération paysanne, la FSU, SUD-Solidaires, l'UNE et l'UNEF ont acté le lancement de la branche locale de Visa, pour Vigilance et Initiatives Syndicales Antifasciste. Une association nationale créée en 1996 qui dispose de plusieurs antennes notamment une en Loire-Atlantique. Objectifs affichés, veiller pour combattre la montée de l'extrême-droite, lutter sur le terrain par les idées et les actions coups de poing, mais aussi implicitement préparer les prochaines échéances électorales, municipales en 2026 et présidentielle en 2027.
Leur constat
"Aujourd'hui, beaucoup de secteurs sont gangrénés par l'extrême-droite. Elle est favorisée par les médias détenus par les milliardaires. On est confronté à la violence. Il ne faut pas être indifférent", prévient Xavier Dupeyroux, secrétaire général de l'Union Départementale CGT du Maine-et-Loire. En ligne de mire, les projets professionnels portés par d'ex-membres du bar identitaire L'Alvarium : Les Blancs de l'Ouest dans les halles Biltoki et à Chalonnes-sur-Loire, la reprise du café des sports au Lion d'Angers, le Bazar à Angers, La Flamme Angevine ou encore l'association SOS Calvaires. "Aujourd'hui, l'extrême-droite est partout. Elle surfe sur des valeurs de gauche. Ils réutilisent le féminisme, l'inclusion. Quand on voit le Café Joyeux à Angers. C'est soi-disant l'inclusion, mais quand on regarde derrière, il y a des groupes d'extrême-droite contre l'avortement", s'inquiète la secrétaire du Snesup-FSU. "Il n'y a pas de compromission avec l'extrême-droite. Dans la santé, ils nous amènent à penser que l'immigré est le problème. Ils le font de manière imperceptible", ajoute Odile, représentante de SUD-Solidaires.
L'un des secteurs qui préoccupent le plus le Collectif, c'est l'université. "On voit bien qu'ils essayent aussi de s'immiscer dans l'éducation des jeunes. Leur objectif, c'est de réécrire l'histoire", explique la secrétaire Snesup-FSU. "L'Alvarium se dénomine le RED, le Rassemblement des Étudiants de Droite. Ils veulent s'attaquer frontalement à l'université, lieu d'émancipation, d'échange, de débat et de la pensée critique, en vandalisant l'ensemble des lieux culturels, des locaux de syndicats. Plusieurs plaintes ont été déposées", alerte Benjamin Briand-Boucher, représentant national à l'UNEF. "L'extrême-droite, c'est l'ennemi de la culture et de l'éducation. C'est un danger pour les femmes", s'exclame une autre membre de la FSU.
Et les élus dans tout ça ? "Pas tous pourris, mais presque", assume l'étudiant. Son compère de l'Union Étudiante va même plus loin : "Il y a une complaisance de l'élite macroniste qui veut augmenter les frais de scolarité pour créer une bourgeoisie à l'université." Tous les deux énumèrent les grieffes, dont cette histoire où deux étudiants ont été forcés par des militants d'extrême-droite de faire des saluts nazis sous peine d'être agressés. "On a attend toujours une vraie réaction de la mairie d'Angers. Tout comme sur le sujet du bar Le Bazar, occupé par des membres de l'ex-Alvarium ou encore les marches comme celle du 22 mars rue Saint-Laud avec des fumigènes et des mots d'ordre clairement haineux. Là, on entend par la mairie d'Angers parler de tranquillité public. Elle ne fait pas son travail", ajoute Benjamin. "On a l'impression qu'il y a deux poids deux mesures, une certaine complicité de la majorité municipale, mais on sait très bien qu'au bout de l'histoire, on gagnera", se galvanise un membre de la CGT.
Leur lutte
"Le but, ce n'est pas d'être violent, mais d'informer sur le danger", rappelle promptement Xavier Dupeyroux, secrétaire général de l'Union Départementale CGT du Maine-et-Loire. En priorité, le Collectif souhaite dispenser des formations antifascistes. "On veut créer du savoir et travailler à prévenir de ces mentalités", note un représentant de l'Union Étudiantes. "Je suis convaincue qu'il faut former, par exemple, les étudiants à comprendre les biais cachés et les stéréotypes utilisés par l'extrême droite. Il faut qu'on soit vigilant là-dessus. Pour moi, c'est primordial de former les étudiants. Ça peut être pendant la première année, et même chaque année, sinon les stéréotypes se réactivent de manière automatique", ajoute la secrétaire du Snesup-FSU. L'organisation de moments culturels est aussi d'actualité, "où on affirme notre volonté de lutter contre le racisme, contre les discriminations et donc de lutter contre l'extrême-droite et l'ensemble de ces groupes-là", précise Benjamin Briand-Boucher de l'UNEF.
Mais les étudiants ne sont pas le seul public visé, le Collectif Visa veut aussi convaincre les populations en milieu rural comme l'explique la CGT : "Elles ne sont pas forcément confrontées à la population étrangère, mais sont influencées par cette propagande qu'est faîte. Il faut qu'on arrive à leur expliquer pourquoi déjà il y a des étrangers en France, que c'est un héritage de notre colonisation, et aussi que ce n'est pas un coût, mais une richesse". Dans le monde de l'entreprise, la CGT prévoit aussi des boycotts de CSE ou CSA dans les entreprises, dont les relations seront jugées incompatibles avec l'antifasciste. "Et tout ça, on doit le faire sans stigmatiser les idées d'extrême-droite." Conscient qu'au sein même de la CGT, près de 15 % des sympathisants votent à l'extrême-droite.
Le projet reste à définir, mais d'autres actions comme du tractage, des marches et des pique-niques pourraient être organisés. "On cible les lieux où ils ont pignon sur rue comme au Lion d'Angers ou à Chalonnes-sur-Loire. Il faut qu'on les mette en difficulté". Première action, un soutien, plus ou moins assumé, à la manifestation organisée le week-end dernier par le groupe antifasciste Angers Luttes Infos pour protester contre la tenue du meeting du président de Reconquête ! Eric Zemmour à Chemillé-en-Anjou. "Il faut qu'on soit visible pour éviter la légitimité de ces partis à aller partout où ils veulent sans que ça ne gêne personne. Si on ne fait rien, Eric Zemmour peut passer et beaucoup de personnes s'en fichent, il fera son meeting tranquillement. Mais si on est là, ça va intriguer et montrer que des gens se battent contre l'extrême-droite. Sinon on légitime tout et on dit : "C'est un parti comme les autres". Nous, ce n'est pas notre vision", justifie la CGT. La prochaine échéance, c'est désormais sur l'organisation de la manifestation du 1er mai. En Mayenne, une branche locale pourrait voir le jour.