Halloween. Au Refuge de l'Arche, une visite sur les mythes et légendes des animaux

Pour Halloween, le Refuge de l'Arche de Château-Gontier propose des visites nocturnes sur les mythes et légendes qui entourent certains animaux. Origine religieuse, culturelle ou simple légende urbaine, Robin conte ces histoires à travers une balade au milieu des pensionnaires.

31 octobre 2023 à 15h36 - Modifié : 31 octobre 2023 à 15h41 par Alexis Vellayoudom

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Robin Bostroen vous conte les légendes et les mythes des animaux du Refuge de l'Arche
Crédit : Alexis Vellayoudom

Le corbeau de la grande faucheuse, le cerf à l'origine de la représentation du diable ou encore la sournoiserie des serpents. Ils sont plusieurs animaux à pâtir de ces histoires autour d'Halloween. Certains sont d'ailleurs pensionnaires du Refuge de l'Arche. Pour fêter dignement cette soirée de la peur, le sanctuaire animalier se pare d'orange et de noir et propose plusieurs activités. Jeu de piste, décoration de citrouilles pour ensuite donner en enrichissement aux animaux et maquillage entre autres, mais aussi une visite guidée sur les mythes et légendes qui entourent les pensionnaires du parc.

 

La diabolisation par la religion

 

C'est Robin Bostoen, animateur, qui conte ces histoires dans les allées du Refuge. "On veut déconstruire les peurs, expliquer d'où elles viennent d'un point de vue culturel. Généralement, beaucoup de peurs, pas toutes, il y a des peurs qui sont vraiment innées et propres à l'espèce humaine, mais d'autres sont liées à un rapport avec la culture. Disons qu'il y a des animaux qui ont des connotations aujourd'hui qui n'étaient pas du tout les mêmes, il y a plusieurs siècles", prévient l'animateur de 24 ans. 

 

 

Des visites sur les mythes et légendes des pensionnaires du Refuge
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Ces peurs viennent parfois de la religion comme les corneilles et les corbeaux. Animaux solaires, autrefois vénérés dans les cultures scandinaves et celtes, leur réputation a rapidement été balayée au Moyen-âge, "étant donné qu'il était associé à plusieurs religions et cultures dites païennes, le Christianisme a jugé bon de le rendre plus effrayant", raconte Robin. Ces oiseaux noirs ailés, pourtant extrêmement intelligents, sont désormais associés aux sorcières et amis de la faucheuse, "certains disent qu'ils pouvaient sonder votre âme d'un regard, enfaîtes, il sont extrêmement curieux et intelligents donc c'est pas rare d'observer un corbeau qui prend le temps de vous observer avec attention. Ils surpassent les chiens et les loups dans certains domaines".

Pour le perroquet, ses qualités sont aussi devenues un défaut au yeux des hommes, "c'était le représentant du démon parce qu'un animal qu'est capable de reproduire la voix humaine, c'est forcément démoniaque", précise Robin. Tout comme le cerf, associé à une divinité païenne avec des oreilles et des bois de cerf, "il est à l'origine de la représentation du diable, de Satan. Dans l'idée de diaboliser les symboles des cultures païennes qui faisaient peur à l'Église". 

 

Les terreurs des nuits

 

Le sort de la chouette effraie des clochers va aussi se jouer au Moyen-âge. À l'époque, tous les rapaces nocturnes sont vus d'un mauvais oeil, "un animal qui vit la nuit, on en faisait plus facilement, un animal du diable ", commente l'animateur de 24 ans. C'est donc naturellement que le petit rapace, au poitrail blanc, est mal considéré. "On l'appelait la dame blanche, le fantôme par excellence qu'était annonciatrice de mort. Ce qu'on disait, c'est que si une chouette effraie se posait sur le toit de votre maison, ça veut dire que quelqu'un allait mourir dans la semaine. La nuit, quand vous sortez de chez vous, vous voyez cette forme blanche qui vous scrute, qui pousse un cri extrêmement aigu, extrêmement désagréable. Parfois même qui ressemble au cri d'une femme en détresse, ça m'est arrivé une fois et j'ai douté ". 

 

Reportage dans allées hantées du Refuge de l'Arche
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Les rapaces ont ensuite retrouvé leurs lettres de noblesses puis un apogée grâce à la saga Harry Potter où elles sont omniprésentes comme animaux de compagnie des sorciers. Certaines espèces ont même vu leur cote de popularité grimper en flèche. Comme le Harfang des Neiges, qui a bien failli être victime de son succès. "Le harfang, après la sortie de la saga, était massivement récupéré dans la nature, notamment en Chine pour pouvoir les avoir dans les maisons parce qu'on trouvait ça jolie. Le problème, c'est que les effectifs ont drastiquement diminué". 

 

Les légendes urbaines et peurs naturelles

 

Difficile à croire, mais les lémuriens feront partie de la visite. Cet animal qui vit uniquement à Madagascar, est à l'origine de plusieurs légendes urbaines. "Une légende de l'île dit que si un humain venait à se perdre dans la forêt, il se changerait en lémurien. Ils ont des cris particuliers qui peuvent faire penser à des fantômes. D'ailleurs, lémurien, ça vient de lemures qui en Latin signifie fantôme", s'amuse Robin. L'occasion pour lui de rebondir sur un objectif important de la visite : "c'est de pouvoir apporter des éléments sur les menaces qui pèsent sur ces espèces. On a eu potentiellement de certains animaux, mais quasiment tous les animaux ont plus peur de nous que nous d'eux. C'est valable pour les lémuriens. Aujourd'hui, ils souffrent de la déforestation massive". 

Et puis, il y a ceux dont le capital sympathie ne trouve pas de remède. "Pour les araignées, il y a ce côté dégoutant, huit pattes, velu. Beaucoup se disent arachnophobes, la phobie, on est vraiment sur quelque chose de maladif. En réalité, ce terme est utilisé de manière abusive. Cette peur réside dans la méconnaissance de l'espèce", estime Robin.

 

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Le harfang des neiges a été victime de son succès après la saga Harry Potter
Crédit : Refuge de l'Arche

 

Sur les serpents, le passionné de 24 ans parle d'une fascination ancestrale. Le Moyen-âge a aussi contribué aux légendes de cet animal, sournois, maléfique, mais pour Robin, ce manque d'amour vient aussi de la science, "une étude montre que certains primates et notamment les nourrissons ont une peur instinctive de tout ce qui est en forme de triangle. Beaucoup de serpents et notamment les vipères ont à la fois sur leur corps des motifs triangulaires ou en zigzag et ils vont avoir cette tête en forme de triangle. On a une peur instinctive de ça". L'espèce est aussi victime de beaucoup d'apriori, "on parle souvent d'animaux à sang-froid, enfaîtes, ils ne sont pas. C'est juste qu'ils ne produisent pas leur chaleur interne. Nous, on est toujours à 37°, eux ont besoin d'une source de chaleur pour se réchauffer. Enfaîte globalement, les espèces qui nous ressemblent le moins, c'est celles dont on se méfie de plus", conclu Robin.