Laval. La Ferme urbaine se précise dans le quartier de Saint-Nicolas

D'ici 2024, les habitants du quartier de Saint-Nicolas à Laval pourront observer les premiers signes visibles de la Ferme urbaine. L'ambition est de nourrir 1 000 habitants par an, créer une vingtaine d'emplois et en faire un poumon social du secteur.

15 novembre 2023 à 17h27 - Modifié : 15 novembre 2023 à 17h41 par Alexis Vellayoudom

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Crédit : Sangiao_photography

Les habitants du quartier de Saint-Nicolas pourront bientôt faire leur marché en bas de leur immeuble. D'ici 2024, les premiers signes visibles de la ferme urbaine sortiront de terre sur la Plaine d'Aventure. Une ferme nourricière ouverte à tous et qui a vocation à devenir un poumon social du quartier. Au départ, la Ville de Laval et l'Agglo se sont s'attaquées à la problématique du logement sur le Grand Saint-Nicolas où sont logées 8 000 personnes. Objectif, d'ici 2030, rénover plus de 1 700 logements, soit l'ensemble du secteur. "On ne voulait pas se limiter à la rénovation du confort de vie", confie Patrice Morin, adjoint au maire de Laval, en charge du logement et de la mixité sociale. Il y a 2 ans, la ville répond à l'appel à projets "Quartier fertile", lancé par l'Agence national de renouvellement urbain et accompagné par le ministère de l'Agriculture. Point sur l'avancement du projet. 

 

Nourrir 1 000 habitants par an

 

C'est la Plaine d'aventure de Saint-Nicolas qui a été choisie pour accueillir cette ferme urbaine. Sur les 22 hectares, 12 étaient encore disponibles. Pour définir les contours du projet, Patrice Morin est allé visiter plusieurs projets, "ça va de la micro-ferme de pousses bio sur Paris, au potager de Colombelles. Nous, on a pris exemple sur la ferme de Thiers". À Laval, les habitants du quartier de Saint-Nicolas retrouveront des légumes bio, des fruits, des oeufs, du miel, mais aussi un peu de viande de chair, "soit 250 tonnes de production en qualité biologique", ambitionne l'élu. Objectif, nourrir 1 000 habitant par an. "Ça répond à une nécessité d'amener une nourriture plus saine et de qualité à des ménages qui sont en difficulté pour se nourrir. Je parle pas de bien se nourrir, c'est tout simplement se nourrir. On sait que dans les quartiers prioritaires, 30 % des ménages déclarent sauter régulièrement des repas", rappelle Patrice Morin. 

 

Nourrir 1 000 habitants par an
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Dans son fonctionnement, la ferme sera ouverte à tous avec l'ambition d'ouvrir le quartier sur la ville et inversement. "La ferme va venir nourrir directement les habitants du quartier, soit en cueillette directe. On veut aussi privilégier des paniers avec une tarification sociale très forte qui puissent profiter et privilégier les habitants du quartier. Ça ne va pas dire pour autant qu'on va fermer la production aux Lavallois lambda qui souhaiterait venir", détaille l'élu en charge du logement et de la mixité sociale. 

 

Une vingtaine d'emplois

 

Au-delà, de l'aspect nourricier, les collectivités se tournent vers l'emploi. Le quartier est labellisé Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée avec la volonté d'y imposer une politique forte sur l'emploi. "On a un ménage sur deux qui vit sous le seuil de pauvreté. On a une forte prédominance de femmes seules qui sont très éloignées des structures de l'emploi et puis on a un taux de chômage qui, à contrario du reste de la Mayenne, est au-dessus de 10 %", décrit Patrice Morin. Les collectivités reçoivent l'habilitation pour la création d'une entreprise à but d'emploi et proposer des CDI aux habitants du quartier.

 

Créer une vingtaine d'emplois
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

C'est là que la ferme urbain joue son rôle avec l'objectif de créer 20 emplois directs et cinq emplois d'accompagnement avec des personnes très éloignées de l'emploi. "On s'est aperçu que beaucoup d'habitants du quartier avaient des envies de travailler autour de la terre. Alors entre l'envie et le savoir-faire, il y a un gap. Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus parce que le travail de maraîchage est quelque chose de très particulier. Mais en tout cas, on a beaucoup de personnes prêtes à s'engager sur cette formation".

 

Une vocation pédagogique

 

Les élus souhaitent faire graviter plusieurs projets autour de cette ferme. Les écoles Jules Verne et Badinter pourront profiter du lieu. "On veut créer une chaîne vertueuse autour des notions de transition écologique. On va aller sur toutes les notions des écogestes, la gestion des biodéchets. Quand on parle de transition, il faut qu'on ait les moyens pédagogiques d'inculquer des choses très simples, d'abord aux enfants, et puis qu'ils les transmettent aux parents et là, on rentre dans un cercle vertueux. Et les premiers gestes doivent venir des enfants". Derrière, il y a aussi l'idée de l'éducation au goût et d'éveiller les connaissances culinaires, "pendant les ateliers d'Halloween, on a eu la moitié des enfants qui n'avaient jamais touché une citrouille. Toucher un légume, un fruit, et se rendre compte que c'est le fruit d'un travail et d'une production", ajoute Patrice Morin. 

 

Le projet pédagogique
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

La ferme urbaine se tournera aussi vers de la cuisine du monde. "On part d'une feuille vierge. Il y a un 62 nationalités sur le secteur, comment on va faire pour que la production soit adaptée aux habitudes alimentaires des uns et des autres. On va pas systématiquement cultiver des choses traditionnelles, aller vers des productions originales". Le restaurant du Belvédère va rouvrir avec la création de plusieurs emplois. "C'est aussi se donner les moyens d'emmener sur le bien manger, la santé. On veut développer un lien social, favorable à la mixité en impliquant un maximum d'habitants du quartier. On recrée du lien social et de la cohésion parce que ce sont des choses avec la Covid qui se sont délitées. C'est ramener de manière pédagogique, les habitants sur l'assiette", ajoute l'élu. 

Les ingénieurs viennent de valider les sols. Les premières plantations sont prévues en 2024.