"On a des conditions de travail abominables", explique une accompagnante d'élèves en situation de handicap

La semaine dernière, l'intersyndicale mayennaise a mis en lumière les conditions de travail des AESH. Ils réclament un vrai statut et un salaire digne.

26 février 2021 à 10h25 - Modifié : 26 février 2021 à 10h30 par Alexis Vellayoudom

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Crédit : Envato Elements

Elles demandent à être reconnues ! La Mayenne compte 850 AESH (92 % de femmes), des accompagnants d'élèves en situation de handicap, qui demandent un vrai statut de la fonction publique et un salaire digne, car la situation est catastrophique selon une AESH.

Sous couvert d'anonymat, cette AESH explique que depuis la création des PIAL, les pôles inclusifs d'accompagnement localisés, qui mettent à disposition les AESH pour plusieurs établissements, la situation est pire, "ils nous bougent quand ils veulent, où ils veulent. J'ai une notification pour une enfant qui est notifié 24h par semaine avec une AESH individuel et on nous demande maintenant de nous occuper d'autres enfants qui peuvent être dans la classe ou hors de la classe". 

"des conditions de travail abominables"

Un manque d'effectif

Selon les syndicats, des enfants notifiés par la Maison Départementale de l'Autonomie se retrouvent même sans AESH. Même si l'académie vient de recruter 8 AESH pour la Mayenne, selon les syndicats 200 enfants seraient sans AESH, 130 d'après les chiffres de la direction académique de la Mayenne.

"des élèves qui sont malheureusement mis de côté"

D'après les syndicats, le budget de l'Éducation nationale et du ministère de l'Agriculture (pour les lycées agricoles) ne suit pas pour financer ces AESH, "si il n'y a pas de budget, les établissements ne peuvent pas embaucher donc ce sont des élèves qui sont malheureusement mis de côté. On a des parents qui sont obligés de démissionner de leur travail pour s'occuper de leurs enfants, car ils ne peuvent pas être scolarisés sans AESH", précise Mélanie Girard, AESH au lycée agricole de Château-Gontier et du syndicat FSU.

Certaines AESH en seraient même arrivées à réaliser des tâches hors contrat, "on fait l'accueil aux toilettes, on fait de l'administrative, on en est même à remplacer des professeurs. Des collègues, on leur demande même de nettoyer les locaux", témoigne une AESH. 

Un métier précaire 

Le recrutement, quand il est possible, devient difficile. Le métier est précaire. En moyenne, une AESH gagne 750 euros par mois pour des contrats de 24h à la semaine, ce qui équivaut au temps scolaire. Certaines AESH doivent parfois cumuler deux emplois. Une AESH explique faire aussi de la surveillance à l'école grâce à un contrat mairie, mais ça n'améliore pas sa situation, "mon fils va être étudiant. Pour la recherche d'un logement, même si je vais être en CDI, on me demande un deuxième garant parce que mon contrat n'est pas suffisant". 

Des difficultés qui remettent aussi en cause la pratique du métier, "financièrement, c'est un petit peu compliqué. Je me pose des questions sur l'avenir alors que j'aime ce que je fais. S'il y a une reconnaissance, je pense que ça peut inciter beaucoup de personnes à rester et peut-être à postuler aussi", conclue Mélanie Girard. 

Une rencontre avec le directeur académique de la Mayenne est prévue le 18 mars.