Rentrée universitaire : "des étudiants n'auront pas les moyens de se loger ou renoncent aux études", alerte la Fé2A

La Fé2A évalue le coût de cette rentrée à 2 254 €, soit 2 % de plus que l'année dernière. Logement, transport, alimentation, la Fé2A craint que le portefeuille des étudiants ne suivent pas l'augmentation des prix.

5 septembre 2022 à 10h49 par Alexis Vellayoudom

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À Laval, le marché solidaire risque d'enregistrer davantage de venues
Crédit : Alexis Vellayoudom

À l'aube de la rentrée universitaire, les associations craignent que des étudiants n'aient pas les moyens financiers de poursuivre leurs études. En cause, l'inflation qui continue d'augmenter, mais les portefueille des étudiants ne suivent pas alertent les organisations syndicales. Entretien avec Juliette Hamelin, vice-présidente de la Fé2A, la Fédération étudiante des associations de l'Anjou, en charge de l'innovation sociale.

 

Juliette, on approche de la rentrée universitaire dans un contexte d'inflation. Est-ce que les étudiants sont aussi touchés ? 

 

"Alors oui, les étudiants sont touchés par l'inflation et en parallèle, le coût de la rentrée augmente de 2% par rapport à l'année dernière. Sur Angers, en 2022, le coût de la rentrée s'élève à 2 254 € en moyenne. Les principaux postes de dépenses ça va être le logement qui augmente de 4,38 % ou alors le matériel pédagogique qui augmente de plus de 15 % cette année. L'alimentation, elle augmente aussi de près de 2 %, les transports ont augmenté de 7 %. Et il ne faut pas oublier qu'il y a ensuite les dépenses mensuelles, le loyer, le restaurant universitaire, téléphonie, internet, transport, loisirs, alimentation, équipements et hygiène. Pour la ville d'Angers, on a calculé une moyenne de 1 080 € donc c'est énorme et ce n'est pas du tout compensé par les bourses."

Les dépenses mensuelles d'un étudiant s'élèveraient à 1 080 €
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Quelles sont les conséquences pour les étudiants qui vont arriver à Angers ou redémarrer une nouvelle année ? 

 

"Déjà, certains n'auront pas le budget pour se loger et étant donné le peu de places en logements Crous, ça va être compliqué pour tout le monde de trouver une place. Les logements privés sont de plus en plus chers donc tout le monde ne pourra pas se le permettre. Certains étudiants vont être obligés de commencer l'année sans logement fixe ou dans des campings. Il y aussi des étudiants qui renoncent à faire des études. Et puis il y a des conséquences en termes de santé mentale. Il y a énormément d'étudiants dont la santé mentale est bouleversée par ces événements."

 

Davantage d'étudiants vont devoir travailler en parallèle de leurs études ? 

 

"Je n'ai pas de chiffres sur ça. Après à la Fé2A, on lutte pour que le salariat ne soit pas subi pour les étudiants et que tous les étudiants qui travaillent, puissent travailler pour leurs besoins à côté, mais pas pour vivre, pas pour faire leurs études ou pour leurs besoins de premières nécessités. Avec la crise sanitaire, ça a été compliqué pour les jeunes de trouver du travail et là en sortie de crise, je pense qu'il va y avoir une augmentation des étudiants qui vont se remettre à travailler pour payer leurs études".

 

Selon la Fé2A, il n'y a pas assez de logements du Crous sur Angers
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

La ville d'Angers est déjà concernée par une crise du logement, elle va s'accroître ? 

 

"Oui ça va continuer. Enfaîte l'attractivité de la ville en termes d'établissements d'enseignement supérieur et de recherche ne cessent d'accroître et ce n'est pas du tout compenser par construction de logements en parallèle". 

 

Vous avez des étudiants qui commencent à vous contacter pour trouver un logement ? 

 

"On a des étudiants qui nous contactent et justement pour ça, on a créé un dispositif d'urgence en 2020 qui s'appelle "Un lit pour la nuit" et qui permet de mettre en relation des étudiants qui veulent bien être hébergeur avec des étudiants en situation de précarité et qui n'ont pas de logement, c'est sur une courte période. L'année dernière, il y a eu plus de 170 étudiants qui ont été hébergés et cette année une application va être développée pour qu'un maximum d'étudiants en situation précaire puissent en bénéficier."

 

Aujourd'hui, quelles sont les revendications de la Fé2A et du réseau de la FAGE auquel vous appartenez ? 

 

"Il y a plusieurs revendications. La principale, c'est une réforme structurelle des bourses qui seraient indexées sur l'inflation. Par exemple en 2022, les bourses ont augmenté de 4 %, mais à côté l'inflation en moyenne depuis début 2022 est de 5,5 %. Dans cette réforme, on souhaiterait que la bourse soit versée sur 12 mois notamment pour les étudiants qui maintiennent une activité pédagogique l'été que ce soit un stage ou une alternance. La Fé2A voudrait aussi la construction et la rénovation de logements sur la ville d'Angers. La revalorisation des aides au logement et des actions sur la santé mentale, sur les stigmatisations et le remboursement des consultations chez le psychologue. Les chiffres se sont empirés, il y a de plus en plus d'étudiants qui disent avoir eu des pensées suicidaires depuis le début de la crise. C'est une étude qui date de cette année et menée par la FAGE."

 

 

La Fé2A demande l'indexation des bourses sur l'inflation
Crédit : Alexis Vellayoudom