Segré. Les pompiers ont besoin de renforts professionnels, réclament leurs syndicats

Le centre de secours renforcé de Segré peine parfois à faire partir des véhicules en journée, faute sapeurs-pompiers volontaires disponibles et de professionnels en nombre suffisant. La CGT et l’UNSA tapent du poing sur la table après 5 ans d’alerte, alors que les renforts n’arrivent pas.

23 novembre 2022 à 13h54 - Modifié : 24 novembre 2022 à 10h34 par Coralie Juret

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Les deux syndicats CGT et UNSA s'unissent pour demander un renfort de 5 pompiers pro à Segré.
Crédit : Coralie Juret

Un engin d’incendie qui ne part pas, pour un appel à 500 m du centre de secours. C’est l’illustration du manque de moyens humains dénoncé par deux syndicats de sapeurs-pompiers à Segré, la CGT et l’UNSA. Il faut 6 pompiers pour faire partir un fourgon pompe-tonne, camion équipé d’une réserve d’eau et de masques respiratoires. « Nous n’étions que 3 de garde en journée », relate Denis Niobé, pompier professionnel et délégué CGT, « c’est un fourgon à 30-40 mn de Segré qui a été déclenché. On a été engagé avec un véhicule mais pas avec les moyens nécessaires pour un sinistre de cette ampleur. Il s’avère que ça s’est réglé en peu de temps, mais ça aurait pu être plus sérieux ».

 

« La situation va s’aggraver »

 

Segré est un centre de secours mixte depuis 2014. 9 sapeurs-pompiers professionnels (plus un chef de centre) assurent les gardes de 7h à 18h du lundi au vendredi, en complément d’une cinquantaine de volontaires. Et c’est là où le bât blesse : sans le renfort des volontaires qui travaillent en journée, les professionnels ne sont que 4 ou 5 à un moment où les appels sont les plus nombreux. Loin des 8 pompiers disponibles imposés par le Code général des collectivités, selon les syndicats. « La situation va s’aggraver avec le départ déjà de deux volontaires retraités très investis et de plusieurs étudiants qui vont déménager », s’inquiètent la CGT et l’UNSA, unis pour l’occasion. Depuis 2017, ils pointent du doigt la couverture opérationnelle en journée : de 800 et quelques interventions il y a 5 ans, le centre de secours segréen est passé à 1400 sorties par an, sans effectifs professionnels supplémentaires.

En juillet pourtant, une rencontre avec le directeur du SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) laissait espérer l’arrivée des 5 professionnels demandés pour passer à 14 sur le centre, dont 6 présents chaque jour. Mais depuis « silence radio. Voir même, nous avons appris par autrui qu’on nous octroierait 5 pompiers professionnels par jour + 1 pompier volontaire. Sauf que dans les faits, aujourd’hui, on est incapable d’avoir 1 sapeur-pompier volontaire disponible chaque jour », martèle Laurent Lelièvre, délégué CGT.

 

« On ne peut pas jouer avec la vie des Segréens »

 

Coup de colère du syndicaliste : « Les Segréens paient des impôts, ils doivent avoir la même couverture opérationnelle que les autres ». Depuis la fermeture des urgences de Segré, les temps de transport à l’hôpital sont allongés, ajoute Sébastien Albert, co-président de l’UNSA-SDIS 49. Sans compter les interventions ponctuelles sur le sud-Mayenne ou les transports pour pallier à des carences d’ambulance. Sans renforts supplémentaires, « les professionnels peuvent être des mois sans faire de manœuvres, il faut être 6 minimum » rappelle l’adjudant Albert, pompier volontaire à Segré et professionnel à Saumur. « Les formations FNPA ne sont pas assurées, avec l’évolution du métier, ça peut mettre en danger les sapeurs-pompiers pro ». Les syndicats demandent aussi à passer les professionnels en garde de 12h au lieu de 11h, pour faire le lien avec les volontaires : « il y a moins de compétences entre 18h et 19h, et personne entre 6h et 7h du matin ».

Selon la CGT, le blocage est politique : « s’ils ne veulent pas, qu’ils le disent aux gens, que ça ne se reporte pas sur nous. C’est un investissement : quand vous sauvez quelqu’un, un cadre ou un ouvrier, il y a une rentabilité, vous sauvez une entreprise ». Les SDIS sont financés par les Conseils départementaux. En Maine-et-Loire, le coût représente 67€ par an et par habitant pour une moyenne nationale de 76€ dans sa catégorie, selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur en 2017.