"Seul 1 déchet sur 4 est recyclé", dénonce le député d'Angers-Segré Philippe Bolo

Alors que le volume de déchets plastiques est en hausse constante au niveau mondial, le député d'Angers-Segré Philippe Bolo a déposé une note sur leur recyclage, au Sénat, en juin dernier. Accompagné de la sénatrice Angèle Préville, ils ont esquissé plusieurs pistes pour limiter cette pollution. A commencer par une réduction générale de la production de plastiques.

14 septembre 2023 à 23h54 par Marie Chevillard

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Selon l'OCDE, il pourrait y avoir 3 fois plus de déchets plastiques dans le monde d'ici 2060.
Crédit : Pixabay / RitaE

Comment faire pour limiter le 7e continent de plastique ? Vaste question, sur laquelle planchent Philippe Bolo, le député d'Angers-Segré, et la sénatrice Angèle Préville depuis quelques années. Ils ont déposé un rapport sur la pollution plastique en décembre 2020, intitulé "Pollution plastique : une bombe à retardement ?", qu'ils ont complété par une note sur le recyclage plastique déposée au Sénat fin juin 2023

L'un des chiffres mis en exergue : 3 déchets sur 4 ne sont pas recyclés en France, pour des raisons économiques. "Parfois, on a des plastiques qui sont trop complexes, qui associent différents polymères donc qui ne peuvent pas être recyclés facilement, ou qui sont de taille trop petite pour qu'il y ait un intérêt économique à le faire. Aujourd'hui, il y a des plastiques dont on ne peut rien faire, par exemple les barquettes de tranche de jambon."

Philippe Bolo "Aujourd'hui, il y a des plastiques dont on ne peut rien faire"
Crédit : Marie Chevillard

Mais la priorité, d'après les élus, c'est bien la réduction globale de la production de plastique, avant même le réemploi ou l'optimisation du recyclage, soit les 3R piliers de l'économie circulaire. 

 

Des "fausses" consignes sur les bouteilles 

 

Dans la note sénatoriale, sont répertoriées également plusieurs fausses bonnes idées, comme la consigne proposée sur les parkings de certains supermarchés, grâce à des automates qui déchiquettent la bouteille pour réemployer la matière plastique ensuite.

"Aujourd'hui, quand on paye nos impôts locaux, on le paye à une collectivité qui s'occupe de la gestion des déchets. Le retour sur investissement pour elles se fait notamment sur ce qui a le plus de valeur : les bouteilles d'eau, de Coca... Demain, si ces bouteilles sont rapportées dans des autonomates, on ne les met plus dans notre poubelle et donc ce n'est plus la collectivité qui en a le bénéfice." Après trois ans de report, une décision sera prise au mois d'octobre, sur une possible généralisation de la consigne des bouteilles plastiques à tout le territoire.

Philippe Bolo "Si les bouteilles ne sont plus collectées, la collectivité n'en bénéficie plus"
Crédit : Marie Chevillard

En revanche, le document préconise une extension de l'obligation d'incorporation de plastiques recyclés à tous les domaines, éviter le plastique à usage unique au maximum, faire ses courses en vrac et cuisiner régulièrement. Objectif : éviter qu'il y ait 3 fois plus de déchets plastiques dans le monde d'ici 2060, comme le projette l'OCDE, avec des conséquences sur la biodiversité et le réchauffement climatique.

 

Le recyclage chimique, "pas magique"

 

Parmi les options évoquées par les industriels, le recyclage chimique n'a rien d'une solution miracle, selon Philippe Bolo. "Pour simplifier, on jette les plastiques dans un bain, tout y serait dissous, ce qui permettrait de revenir aux molécules de base pour refaire du plastique : ça marche en théorie, mais dans la pratique, on est loin d'y arriver. On est encore au stade de la recherche, pas tellement des unités opérationnelles."

 

Philippe Bolo "Le recyclage chimique, on est loin d'y arriver en pratique"
Crédit : Marie Chevillard

Même si les axes de progression sont nombreux en France, "le pays est plutôt vertueux par rapport à certains, estime l'élu angevin. Si on améliore la gestion des déchets en France, on peut être ambassadeurs de meilleures pratiques dans le monde". L'occasion est toute trouvée, puisque les travaux préparatoires pour le traité international sur la pollution plastique devraient être terminés d'ici un an et demi.