Justice. Un sexagénaire condamné à Angers, après deux agressions sexuelles sur mineur
Après un malaise du prévenu il y a trois semaines, sa peine a finalement été prononcée ce vendredi 14 novembre. Pour deux agressions sexuelles sur mineur commises en 1996 et 2001, il a été condamné à cinq ans de suivi socio-judiciaire, et a interdiction d'entrer en contact avec les victimes.
Publié : 14 novembre 2025 à 17h30 - Modifié : 17 novembre 2025 à 10h18 Alexis Vellayoudom et Marie Chevillard
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L'audience avait été interrompue au tribunal correctionnel d'Angers il y a trois semaines, après un malaise de l'accusé. Ce vendredi 14 novembre, la peine a été prononcée, dans cette affaire où cet homme de 61 ans est accusé de deux agressions sexuelles sur mineur, dont une incestueuse, commises dans un cadre familial en 1996 et en 2001. Une seule victime s'était portée partie civile. Le suspect a donc été condamné à cinq ans de suivi socio-judiciaire, avec interdiction d’entrer en contact avec les victimes et interdiction définitive d’exercer une activité en contact avec des mineurs. En cas de non-respect de ces conditions, il pourrait écoper d’une peine de trois ans de prison. Il a également été contraint à indemniser les victimes, à hauteur de 6000 euros pour celle qui s’est portée partie civile et 3000 euros pour sa nièce.
Une cassette pornographique à des enfants
Retour sur les faits : en 2001, la victime qui s'est portée partie civile déclare avoir été victime d'attouchements de la part d'un adulte. Cette personne n'est autre que l'oncle de l'une de ses amies. Il faut remonter à la nuit du 24 au 25 mai 2001. Trois petites filles dorment chez la grand-mère de l'une d'elles. Se joint à la soirée, l'oncle, le dernier d'une fratrie de 14 enfants. Il décide de dormir dans la même chambre que sa nièce et ses deux copines. Avant de se coucher, il leur fait visionner, selon les témoignages, une cassette d'un dessin animé pornographique. VHS qui sera retrouvée lors de la perquisition la même année. Un acte qu'il reconnaîtra. "Je n'ai pas réfléchi", expliquera-t-il dans sa déposition.
Mais le sexagénaire ne se serait pas arrêté là. Selon l'une des amies de sa nièce, il aurait, le lendemain, glissé sa main sous le pyjama de la jeune fille, puis inséré un doigt dans son vagin avant qu'elle ne le repousse. La petite est partie en pleurs. Accusations qu'il réfutera affirmant avoir "juste touché" les fesses de la jeune fille lors d'une partie de football. Des propos sur lesquels il reviendra en 2020. Pour la cassette, "je n'ai jamais montré cette cassette. Je leur ai montré le film American Pie", explique t-il à la barre.
"Dans mon rêve, c'était trop beau"
L'affaire prendra une autre tournure en 2021, lorsque la nièce est de nouveau auditionnée. Elle révèle avoir subi des agressions sexuelles, chez elle, à Grez-Neuville, en 1996. Une fois aux toilettes, elle le surprend nu, en montrant son sexe, son oncle lui dit : "Tu veux toucher ?". Une version qu'il confirmera. Le sexagénaire, déjà condamné en 2017 à 2 ans d'emprisonnement avec une mise à l'épreuve pour agression sexuelle sur une autre de ses nièces et détention d'images pédopornographiques, se perd dans ses affabulations. Sur un attouchement, il se défend : "Je pensais que je faisais un rêve en touchant sa jambe et en remontant vers sa poitrine. Dans mon rêve, c'était trop beau". "Vous trouvez ça normal de rêver de jeunes filles nues ? Pourquoi les petites filles dorment dans votre chambre ?", l'interroge l'une des juges. Le prévenu "aux capacités intellectuelles en dessous de la moyenne" selon l'analyse psychiatrique, ne comprend pas la gravité des faits.
S'il reconnaît les faits pour sa nièce, il dément catégoriquement pour l'amie. "Elle fait ça pour de l'argent", argumente-t-il. "De l'argent, à 7 ans ?", reprend la juge. Agacé, Me Orhan, avocat des parties civiles, lui demande : "Vous dîtes que c'est une menteuse, dites-lui en face". L'homme s'exécute. Plus tard, la victime confiera en pleurs : "Je revois sa main, et après, je suis partie. Il a fallu que j'en parle". D'après l'expertise psychiatrique, ce traumatisme a influé sur sa personnalité avec un problème de dissociation. "Je fais ça pour mes enfants. Aujourd'hui, je ne veux pas laisser partir ma fille avec un homme âgé."
Suivi socio-judiciaire
Dans sa plaidoirie, Me Orhan, avocat de la partie civile, défend : "c'est objectivement un prédateur. C'est un pervers avec une vie consacrée à des comportements déviants". Il réclame 15 000 € de préjudices au titre des dommages et intérêts. Dans une lettre adressée à la cour, la nièce de l'accusée, qui ne s'est pas portée partie civile, demande aussi 15 000 € pour le "traumatisme" qu'elle a subi. Dans la foulée, la procureure Manon Servant appuie la thèse du prédateur : "Il se met en capacité à pouvoir toucher des enfants. Il avait nécessairement conscience de ce qu'il faisait". Elle réclame un suivi socio-judiciaire pendant 5 ans avec une interdiction de paraître devant les établissements scolaires, toute activité avec mineur et il est inscrit au FIJAS, le fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes. En cas de non-respect, il encourt 3 ans de prison. Une réquisition qui a donc été suivie par les juges.
L'avocat de la défense Me Richou rappelle le parcours cabossé de son client. Un homme battu par son père. Élevé dans un contexte familial sans pudeur et une relation plus que fusionnelle avec sa mère. L'homme cumule les traumatismes comme cette fellation forcée, subie lors de son service militaire. "Il est ensuite devenu le bon oncle, toujours là pour aider et amuser les enfants", retrace l'avocat. "Je ne voulais pas qu'ils soient malheureux comme j'ai été", dira l'accusé. "Il n'est pas capable d'être prédateur, il n'a pas les capacités intellectuelles et émotionnelles. C'est un gamin", conclu Me Richou. Il réclame une confusion de peine avec la condamnation de 2017, ainsi qu'une réduction des préjudices demandés au titre de "l'absence d'expertise". Pour l'interdiction de paraître devant un établissement scolaire, il s'insurge : "De là, à dire que c'est un danger, ce n'est pas tolérable". Mais les juges ont finalement suivi ce vendredi les réquisitions de la procureure de la République.
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