Laval. Le collectif Orpair en concert pour "déstigmatiser les troubles psychiques"

Ils remontent sur la scène du 6par4 à Laval, cette fois-ci avec une batterie, une basse et des claviers. Le collectif Orpair est en concert ce jeudi soir 17 avril, avec "uniquement des compositions, pas de reprises", assure Tess,  accompagnateur de musiques actuelles au conservatoire à Laval qui a aidé à l'arrangement des morceaux rock, pop, funk ou rap.

Né il y a trois ans au sein de l'association Pouvoir d'agir 53, le collectif réunit des personnes qui ont (ou ont eu) des troubles psychiques. "On a commencé il y a trois ans avec des ateliers d'écriture, rembobine Jérôme Bruneau, facilitateur à l'association Pouvoir d'agir 53. Pour ceux qui ont un peu plus de difficultés à écrire, on donne des textes ou des mots, puis j'ai des entretiens avec eux pour essayer de voir si c'est vraiment ce qu'ils ont envie de dire. Et on fait la même chose pour la musique."

"C'est du vécu, c'est rempli d'émotions"

Un processus qui peut prendre du temps, puisqu'il faut "que la personne retrouve la confiance, qu'elle se rende compte que ses écrits sont vachement intéressants. C'est rempli d'émotions, c'est une histoire, c'est du vécu. Avec la force du collectif, les autres personnes montrent aussi ce qu'elles font. Quand la personne s'en sent capable, on lui offre l'opportunité de pouvoir faire un concert dans différents endroits."

Avant de monter sur scène ce jeudi soir au 6par4, les membres du collectif Orpair ont déjà enregistré un album avec le Mayennais Thomas Ricou, et se sont produits sur scène lors des SISM (Semaines d'information sur la santé mentale), à La Loupiote à Houssay... Et au 6par4 à Laval, l'année dernière, en première partie d'Astéréotypie. Une aventure musicale libératrice pour Charles (Clap it de son nom de scène), travailleur pair en santé mentale à Pouvoir d'agir 53. "Ce sont des textes vraiment très profonds, très inspirants, qui traitent de santé mentale, mais qui sont avant tout vecteurs d'espoir. Ça m'a permis de me libérer de quelque chose que je gardais pour moi. C'est un exutoire avant tout, c'est vraiment se détacher de son propre vécu et ça, c'est extrêmement thérapeutique."

Déstigmatiser la maladie 

Il évoque aussi la force du collectif, lié sans doute au principe même de pair aidance. "Ça s'inspire des alcooliques anonymes, où il y avait dans des groupes des personnes sevrées de l'alcoolisme qui inspiraient des personnes qui étaient en difficulté avec leur addiction. Nous, c'est la même chose, sauf que ça concerne les troubles psy : des personnes rétablies accompagnent des personnes qui le sont un peu moins".

Parmi les neuf personnes sur scène, Céline Ricquebourg est elle aussi travailleuse pair en santé mentale à l'association Pouvoir d'agir 53, après y avoir été bénévole à partir de 2019. "J'ai rejoint le projet il y a deux ans en écrivant un premier texte, "Un grand merci" : j'y remercie toutes les personnes qui m'ont soutenue et accompagnée dans mon parcours de rétablissement, mes proches, mes amis, mes pairs aussi, que j'ai rencontrés à l'association, qui m'ont vraiment fait avancer, mes psys..."

La chanteuse considère les concerts comme "un aboutissement, mais surtout un moyen de transmettre nos textes, de donner de l'espoir et de déstigmatiser aussi la maladie. C'est libérateur d'avoir écrit les textes et de les chanter. Et en même temps, c'est beaucoup de joie aussi de partager ça avec mes pairs et avec le public."

Si vous avez déjà vu le collectif Orpair l'an dernier, il faut s'attendre à un concert encore bien différent ce jeudi soir, grâce aux arrangements faits par Tess. "J'ai flashé dès qu'on m'a présenté le collectif Orpair, parce que j'ai eu moi-même deux ans pas cool du tout, mais j'en suis sorti. Ils m'ont touché et je suis tombé amoureux de toute cette petite équipe-là. L'idée, c'était de les amener là avec une orchestration, des arrangements, faire ça un petit peu plus costaud. Et tout le monde a suivi le jeu, s'est investit et ça déboîte !"

Un 2e album envisagé

Et le collectif Orpair ne compte pas s'arrêter là, avec "un projet de deuxième album éventuellement, avec d'autres compos... On s'investit tous à 4000 %, et ils ont des projets persos en parallèle aussi, précise Tess. C'est magique parce qu'ils transmettent leur passion de la musique à travers leur souffrance, qu'ils expliquent en fin de compte et les gens le captent." L'occasion de s'en rendre compte ce jeudi à 20h30 au 6par4 : ils partageront la scène avec deux autres groupes régionaux, Midsummer Lane et Bloom. L’entrée est gratuite.