Prix de l’énergie : pourquoi les boulangers de la région manifestent à Segré

Ce samedi 4 mars, 4 professionnels de l’Anjou Bleu réunissent leurs confrères sur le rond-point de l’Europe pour partager leurs difficultés et faire remonter des idées. Les aides gouvernementales ne sont pas suffisantes, ou pas adaptées regrettent Mickaël François et ses collègues.

3 mars 2023 à 12h30 par Coralie Juret

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Mickael François a ouvert la Fournée de Pépé à Segré en 2019.
Crédit : Coralie Juret

Les boulangers, et commerçants impactés par la hausse des prix de l’énergie sont appelés à manifester ce samedi à Segré (49). Le Segréen Mickaël François (la Fournée de Pépé), ses collègues de Pouancé (49) François et Sandrine Da Costa (Douceurs et Compagnie), Judicaël et Vanessa Houdu (la Passion du Pain), et Roselyne et Stéphane Heurtier de la Chapelle Glain (44) seront sur le rond-point de l’Europe de 11h à 17h.

 

« Les aides sont des pansements qui vont nous panser jusqu’en 2023 peut être, en 2024 la plaie va être un peu plus grande, je pense »

 

Pour eux, les aides ne suffisent pas à stopper l’hémorragie. Les matières premières avaient déjà commencé à augmenter en septembre 2021 avec le beurre, et ce n’est pas fini, prédit Mickaël François. « J’ai un collègue pour qui au mois de juin, sa facture énergétique va prendre 60 000 € d’augmentation électrique, remise incluse du gouvernement. Le problème c’est qu’il fait que 50 000 € de bénéfices. Donc rien que pour payer la facture énergétique il va lui manquer 10 000 € ! Il ne faut pas qu’il lui arrive d’autres soucis, une inflation d’autres produits parce que je ne sais pas comment il va faire ».

A la Fournée de Pépé, Mickaël François a demandé à son fournisseur d’électricité de recalculer sa facture au réel et d’appliquer la remise du gouvernement. Pas encore signée, lui a répondu Engie. Le boulanger a reçu un premier courrier de rappel, puis un recommandé lui intimant de régler sa facture sous peine de coupure sous dix jours (écouter le Sujet de la rédaction ci-dessous).

 

Un soutien à la transition écologique, et à l’artisanat en zone rurale

 

Le boulanger de la Fournée de pépé appelle donc ses collègues de l’Anjou, de la Mayenne et de la région à le rejoindre pendant une demi-heure ou une heure samedi à Segré pour une manifestation pacifique. « Ainsi que tous les artisans, commerçants, TPE-PME qui souffrent, pour discuter des problèmes d’énergie, des aides du gouvernement et ce qu’on a comme idées qu’on peut apporter. J’en ai quelques-unes », confie Mickaël François. « Moi j’ai un four au fioul. Je serais un particulier, je voudrais changer ma chaudière au fioul qui est le même système qu’un four au fioul, j’aurais des aides de l’État à 80% pour la transition écologique ».

Et pour le boulanger segréen, il faut faire vite, « des boulangers vont fermer plus vite qu’on croit ». Il en va de la survie de l’artisanat, vital en milieu rural.  « Si on laisse les énergies monter à des prix... bien sûr que l’artisanat va mourir ! Il y a des petits villages où il y a rien à 15 km alentours, le boulanger fait épicier, journal, la Poste... si celui-là il arrive pas à payer ses factures il va baisser le rideau. On va vers la mort du petit artisan si on ne fait rien ».

 

« Je veux qu’on mette nos égos de côté, il y a juste des collègues qui souffrent »

 

Ce samedi 4 mars, des boulangers de Segré, Pouancé, Château-Gontier, Renazé, du Lion d’Angers investiront le rond-point de l’Europe avec des tracts, des chouquettes et des viennoiseries de 11h à 17h. Des clients viendront aussi les soutenir. « Est-ce que c’est normal pour nous les artisans de pouvoir vivre avec des aides ? » interroge l’instigateur de la mobilisation, « on ne peut pas juste vivre de notre travail ? Depuis que je suis patron, j’arrive plus à en vivre ».

La boulangerie de Mickaël François sera de nouveau fermée mardi 7 mars, pour la grande journée de grève reconductible contre la réforme des retraites. « Ma retraite, elle est invendable. C'est mon fonds de commerce ».

Interview – Les boulangers n’ont plus l’énergie pour travailler
Le Sujet de la rédac du 03/02/23
Crédit : Coralie Juret