Maine et Loire

Montreuil-Juigné. Elle brode les noms des victimes à Gaza pour "leur redonner une existence"

Retraitée à Montreuil-Juigné, Pascale Frantelle fait partie des 300 brodeuses qui ont répondu à l'appel de l'Irlandaise Mary Evers. Elle a participé à broder 50.000 noms de personnes disparues à Gaza. Objectif : leur donner une identité et ne pas les oublier.

Publié : 29 août 2025 à 16h08 - Modifié : 4 septembre 2025 à 20h11 Marie Chevillard

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Pascale Frantelle a mis deux mois pour broder le panneau avec 182 noms de victimes à Gaza.
Crédit : Marie Chevillard

Chaque ligne est brodée avec le prénom de la victime, celui de son père, de son grand-père, et son âge. Cette opération, Pascale Frantelle l'a répétée 182 fois sur son panneau, en brodant en vert pour les enfants, rouge pour les femmes, et noir pour les hommes. Habitante de Montreuil-Juigné, elle a rejoint il y a deux mois le projet 'Stitch their names together' lancé par l'Irlandaise Mary Evers à travers le monde. Le principe : broder les noms de 50 000 victimes du conflit à Gaza, pour les regrouper sur des grands panneaux mémoriels.

 

"Remettre l'humain au coeur d'un projet de broderie"

 

Un outil non-violent pour sensibiliser et ne pas oublier chacune de ces personnes, dont Pascale a entendu parler par une amie, sur les réseaux sociaux. Elle n'a pas hésité bien longtemps avant de rejoindre le groupes de brodeuses autour de Mary Evers. "C'est un projet à dimension humaine et ça me touchait particulièrement, explique la Montreuillaise. Remettre l'humain au cœur d'un projet de broderie, ça a beaucoup d'importance pour moi. D'autant plus que j'aime beaucoup broder, donc consacrer mon été à ce projet pour transmettre quelque chose me semblait essentiel. Sans oublier le lien avec la sororité, parce que nous sommes 300 brodeuses dans le monde rassemblées autour de ce projet."

Pascale Frantelle "Consacrer mon été à ce projet me semblait essentiel"
Crédit : Marie Chevillard

Sitôt reçus le panneau à broder, la liste des noms et le normographe, Pascale Frantelle s'est mis à border entre trois et cinq noms par jour, pour réussir à tenir les délais (elle devait renvoyer son panneau le 21 août). Mais au fil du temps, ça n'a pas été plus facile, bien au contraire. "Ce projet a pris de la place dans ma vie, surtout les deux-trois dernières semaines, où j’ai senti vraiment cet impact de broder des noms de personnes décédées de manière si tragique, et si terrible. C’était un peu plus difficile de broder les derniers noms, ceux des enfants particulièrement… Je suis maman et mamie, donc effectivement ça a une importance encore plus grande."

 

Une exposition en Italie

 

Au total, la brodeuse a passé près d'une centaine d'heures sur son ouvrage, régulièrement à la librairie Le Mot de la faim à Montreuil-Juigné. L'occasion de partager ses motivations et ce projet, pour lequel elle a reçu beaucoup de soutien de passants et de ses proches. 

Déjà sensibilisée à cette cause, la retraitée l'est encore plus aujourd'hui. "Je me suis détachée progressivement de toutes les images qu'on peut voir à la télévision ou sur les réseaux sociaux, qui ne font finalement que banaliser le sujet, estime-t-elle. Toutes ces personnes apparaissent anonymes au travers de toutes ces images de violence, alors qu'en les brodant sur la toile, on leur redonne une unicité, une individualité. Progressivement, nous les 300 brodeuses, on est aussi touchées progressivement par ce deuil, qui vient vraiment s'imprimer en nous."

Pascale Frantelle "En brodant les noms sur la toile, on redonne aux personnes une individualité"
Crédit : Marie Chevillard

Dans le monde, 275 panneaux ont été brodés pour rendre hommage aux 50 000 victimes à Gaza. 60 d'entre eux seront exposés ce week-end en Italie, à Manarola. Pascale Frantelle, Mary Evers et les autres brodeuses espèrent ensuite pouvoir trouver un lieu d’exposition en France, pour continuer à alerter sur la situation à Gaza et les victimes de ce conflit.

 

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Pascale Frantelle a mis 30 minutes environ pour broder le nom de chaque victime.
Crédit : Marie Chevillard