Vols de matériel agricole : "Un jour, il y aura un mort", s'agace un entrepreneur mayennais

Hier, une centaine d'agriculteurs et d'entrepreneurs agricoles étaient à Noëllet pour venir chercher, eux-mêmes, du matériel volé. Parmi eux, l'entreprise mayennaise Coulon, victime d'un cambriolage samedi dernier.

20 juin 2023 à 17h02 - Modifié : 21 juin 2023 à 5h34 par Alexis Vellayoudom

Les gendarmes étaient nombreux sur place.
Les gendarmes étaient nombreux sur place.
Crédit : DR

Ils ne veulent pas en rester là. Hier soir, une centaine d'agriculteurs et entrepreneurs agricoles, des Pays de la Loire, mais aussi de la Normandie et de la Bretagne se sont rassemblés dans le Nord du Maine-et-Loire, à Noëllet (Ombrée d'Anjou). Après des vols à répétition de fioul, de matériel et de GPS, ces professionnels souhaitaient venir récupérer, par la force ou non, leur matériel. Selon eux, une partie des biens dérobés se trouveraient dans un ancien établissement scolaire de Noëllet, aujourd’hui mis en location.

 

Un préjudice de 110 000 € pour un entrepreneur mayennais

 

Parmi les personnes en colère, Jérôme Coulon, entrepreneur de travaux agricoles à Bouère et à l'origine du rassemblement. C'est le quatrième cambriolage en 5 ans que subit l'entreprise. Cette fois-ci, le préjudice s'élève à plus de 110 000 €. "Dans la nuit de samedi à dimanche, on les voit casser des systèmes d'alerte. On a été cambriolé vers 2h10 du matin par 4 personnes qui sont venues par des champs et qui avaient donc bien repéré avant les lieux, soit par Google Earth, soit par renseignements, je ne sais pas. Ils nous ont défoncé, la porte d'atelier et celle du bureau pour aller chercher les fameux GPS qu'on range dans des placards, dans un bureau", raconte le Mayennais. C'est aussi un préjudice sur son activité avec des engins arrêtés.  

 

L'entreprise Coulon a été cambriolée dans la nuit de samedi à dimanche
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Selon lui, ces GPS démontables, qui permettent de faire fonctionner les machines, sont "très recherchés par d'autres pays. On a des bandes organisées, telles qu'il y a des bandes dans la drogue, on a des bandes pour les vols de GPS qui viennent voler dans différentes entreprises de travaux agricoles", explique Jérôme. D'après l'entrepreneur, la semaine dernière, la gendarmerie a dénombré 7 cambriolages en Mayenne, chez des entrepreneurs agricoles, mais aussi du fioul chez des agriculteurs ou des concessionnaires automobiles.

 

Un ras-le-bol chez les victimes

 

L'un de ses confrères, dans le Morbihan, lui aussi présent hier soir à Noëllet, a subi plusieurs vols, "il y a trois mois, il a subi un préjudice important. Il les a tracés à l'endroit où on s'est arrêté hier. Il a demandé à la gendarmerie d'intervenir, elle n'a jamais voulu. Ils ont pris l'initiative de venir tout seul, quitte à être armé s'il le faut. Le procureur a dû avoir peur, ils ont fait une ordonnance pour que la gendarmerie vienne avec eux [...] J'ai demandé à aller dans ce camp aussi parce que j'avais un traceur qui n'indiquait pas le camp, mais un lieu juste avant, parce qu'ils savent qu'ils sont tracés, mais la gendarmerie nous a interdit d'y aller", poursuit Jérôme Coulon.

 

"Tout le monde va faire sa propre loi"
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

L'entrepreneur de Bouère en a marre : "on nous dit toujours, il y aura des suites, mais en fait ça change de personne et ils repartent. Ils ne sont pas plus inquiétés que ça. Les rassemblements, c'est une chose, les convocations, c'est une autre chose. Il y a encore une convocation par le colonel de gendarmerie à Laval parce qu'il y a une poussée de tout le monde, mais bon voilà, c'est pour entendre. Je veux bien, mais il n'y a pas d'actions derrière. Aujourd'hui, tous nos collègues, tout le monde va faire sa propre loi. Il y en a déjà qui ont tiré sur certains. Un jour, il y aura un mort, deux, on verra, puisque tout le monde s'en fiche, ça finira comme ça". 

Une enquête est ouverte. Contacté, le procureur de la République d'Angers n'a pas encore répondu à nos sollicitations.