Angers. Au procès du triple meurtre, la colère et la détresse des familles "qui se sont arrêtées de vivre depuis trois ans"
Le troisième jour du procès du meurtre d'Atama, Ismaël et Manuolito sur l'esplanade Coeur de Maine à Angers en juillet 2022 a été consacré à l'audition des témoins. Des récits poignants, tout comme les témoignages des familles des victimes, qui ont "mis leur vie sur pause" depuis trois ans.
Publié : 8 octobre 2025 à 12h39 par Marie Chevillard
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Au troisième jour du procès du triple meurtre sur l’esplanade Coeur de Maine à Angers, l’audience des témoins de la tragique nuit et des parties civiles s'est poursuivie ce mardi. Steeve, âgé aujourd’hui de 25 ans, était l’un des amis proches d’Atama, mortellement poignardé tout comme Ismaël et Atama dans la nuit du 15 au 16 juillet 2022. "Je le considérais comme mon frère", assure-t-il à la barre. Lui qui était aussi rugbyman dit avoir voulu avec deux autres personnes désarmer l’accusé, qui "était déterminé à me tuer", selon lui. Son avocate rappelle sa déposition peu après les faits, où il disait se sentir coupable auprès de la famille de son ami, de ne pas avoir pu sauver leur fils, et lui demande : "Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?" Il murmure un "oui", en s’essuyant les yeux.
Même émoi ressenti par Taïlan, un ami proche d’Ismaël, qui s’est retrouvé face à l’accusé juste avant que celui-ci n’assène les coups de couteau mortels. Après une première rixe où il se serait battu à 5 contre 5 face à l’accusé, le suspect serait selon lui "revenu pour en découdre", en s’adressant directement à lui : "je n’en ai pas fini avec toi". Le jeune homme dit avoir réalisé la gravité des faits en voyant ses amis au sol, et son témoignage déclenche les pleurs de la mère d’Ismaël, contrainte de sortir de la salle d’audience.
Des témoins qui se sentent coupables "de n'avoir rien pu faire"
Un autre ami d’Atama, André, partage lui aussi sa culpabilité de n’avoir pas pu empêcher le drame. Assez avare de mots, pris par l’émotion, il indique "avoir perdu ses amis, et perdu une partie de lui-même". Sans suivi psychologique particulier, il avoue avoir toujours "les mêmes scènes à l’esprit, avec mes amis à terre". Quand le président de la Cour lui demande si ce drame a modifié son quotidien, il approuve : "j’ai peur que ça se reproduise".
Un autre de leurs amis explique ne s’être rendu compte de rien, jusqu’à ce que Steeve et André se mettent à courir derrière l’accusé, et qu’il les imite pour les aider. Face à face avec l’agresseur, ce dernier essaie de le poignarder, mais le jeune homme âgé de 20 ans à l’époque trébuche. "À ce moment-là, j’ai cru qu’il allait me sauter dessus", mais il réussit à éviter le coup de couteau de l’accusé, qui poursuit sa course. Et c’est seulement à son retour sur l’esplanade qu’il aperçoit les trois victimes au sol. Très digne, il ravale quelques larmes, et évoque un Manuolito "souriant, qui aidait beaucoup les gens. Atama, lui il me fascinait, il se donnait à 100 % sur ce qu’il faisait, on avait l’impression que tout était possible à ses côtés."
"L'accusé a tué la vie des familles"
Après le drame, l'actuel conducteur de car ne "voulait plus travailler, plus rien faire"… des mots que l’on retrouve dans la bouche de Fanny, l’ex petite amie de Manuolito. La voix claire, la jeune femme de 21 ans se souvient de la fin de soirée, où son compagnon et elle-même commencent à dire au revoir à leurs amis respectifs, lorsqu'elle voit un gros attroupement. "Lorsqu’il s'est retourné, il m'a regardé, du sang sortait de tous les orifices de son visage et il s’est écroulé d'un coup, sans comprendre ce qui lui arrivait." Dans un état de sidération, la jeune femme dit "avoir mis ensuite ma vie sur pause : j'ai arrêté mes études à la fac d'éco-droit, je faisais des grosses insomnies, j'ai coupé les ponts avec beaucoup de gens et je me suis recroquevillée sur moi-même. Pour moi, l'accusé n'a pas tué que trois personnes, il a tué la vie des familles derrière." Entre ses sanglots contenus, elle dit "tenir à être là pendant tout le procès, en soutien à sa famille et pour comprendre ce qui s'est passé".
Petelo, le père de Manuolito, lui aussi, livre un témoignage très digne. Il se dit "partagé entre la souffrance et la colère : notre famille est détruite à jamais." Et s'est adressé à l'accusé : "ses excuses, moi je n’en veux pas. Cet individu n’a aucune valeur." Elle aussi se tourne vers l'accusé dans son box : Maloup, la mère d'Ismaël, confie avoir "de la peine pour son parcours, pour les choses ignobles qu’il a subies, même si je n'en ai pas envie. J'ai de la compassion pour ce Monsieur, alors qu'il a gâché ma vie." Au-delà de sa tristesse insurmontable, elle se dit persuadée "de ne pas avoir de réponses à toutes mes questions lors de ce procès, c'est une torture". Et adresse une dernière demande au suspect : "qu’il fasse l’effort de s’exprimer en français".
L’audience est justement consacrée ce mercredi à son interrogatoire, et aux expertises psychiatriques et psychologiques. Le verdict est attendu vendredi.
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