Angers. Face à la fast-fashion et Shein, ce festival conseille pour prolonger la durée de vie de vos vêtements

Alors que Shein doit bientôt s'installer dans les désormais ex-galeries Lafayette à Angers, les acteurs de la mode responsable sont, eux, mobilisés cette semaine. Le festival En mode responsable a débuté mercredi au tiers-lieu de l'Esvière pour parler d'une autre façon de consommer du textile. Au programme, des ateliers autour du textile, le réemploi pour éviter de jeter avec une collecte de vêtements ou une mercerie collaborative, une exposition, mais aussi des conférences sur la filière fast-fashion et la chaîne de recyclage. Ces acteurs locaux prônent une mode raisonnée. 

(Re)populariser des techniques d'entretiens du textile

Premier conseil pris sur place, acheter de la qualité. Mieux vaut payer un peu plus cher un vêtement et le garder plus longtemps que de jeter ou changer sans cesse, soufflent les participantes. Après, tout est question d'entretien. "C'est une lessive à la cendre, avec des produits naturels, quelque chose qui ne va pas venir vraiment abîmer le vêtement sur du long terme. Il y a aussi des choses toutes simples, quand on a un pull qui bouloche, il existe des petits outils qu'on peut utiliser pour enlever les bouloches. Au lieu de se dire, "il est trop vieux, j'en veux plus"", conseille Aurélie Pigeon, salariée à l'association L'Etablie, un espace d'échanges de savoir-faire manuels qui dispense aussi des ateliers pour transmettre aux enfants des techniques de réparation sur les textiles et les objets.

Et justement lorsque vous avez un trou, pas de panique, il suffit juste de vous armer d'aiguilles. Anaëlle est couturière sur mesure chez Mademoiselle Saint-Yves : "Il y a beaucoup de gens qui ne savent plus réparer, que ce soit un trou, ça peut être un peu technique, mais même un bouton qui est tombé. Il y a beaucoup de gens qui jettent ou rachètent du neuf. Alors qu'il y a des techniques clairement de reprisage, de stoppage. Par exemple, un pull qui aurait un trou, un pull qui est tricoté, on ne sait plus le stopper. L'idée, c'est de pouvoir repopulariser ça un peu". 

« On réparait quand le tissu était de bonne qualité »

Des techniques que nos anciens pratiquaient. Catherine est retraitée et distille quelques conseils aux festivaliers présents : "On réparait quand le tissu était de bonne qualité. Quand par exemple, vous avez un trou au genou de votre jean, vous pouvez appliquer du tissu dessus. Quand on était enfant à l'école, on apprenait la couture. En famille, tout le monde cousait." Et si votre vêtement est vraiment usagé, vous pouvez encore faire preuve d'imagination."Là, c'est de montrer qu'avec un t-shirt, on peut faire un sac fantaisie et deux petites pochettes avec les manches. On trouvait ça plutôt sympa. Et que ce soit accessible à tout le monde, aussi bien à des enfants qu'à des adultes", décrit Luce Risler de l'association Les Filles Récup. 

Différentes méthodes qui peuvent éviter de surcharger le secteur du recyclage textile. "Si on parle de Shein, des vêtements de mauvaise qualité, ça va être compliqué de leur donner une seconde vie. En revanche, si on part sur un textile de qualité avec une production responsable, ça va être plus simple de prolonger sa vie. Le souci avec la mauvaise qualité, c'est qu'on va envoyer dans les bandes de tri qui sont déjà surchargées, explique Lucile Bourguignon, présidente de l'association l'Âme du fil qui organise le Festival en Mode responsable. L'idée du festival, c'est aussi de dire, sans faire culpabiliser, qu'on peut déjà avoir une espèce d'éthique au moment de l'achat. C'est de ne pas rejetter la faute sur le consommateur ou l'industrie, mais de dire que d'un côté et de l'autre, mais aussi les décideurs politiques, on peut tous faire quelque chose."

Ce soir le festival se poursuit avec un défilé de mode qui fait la part belle aux créateurs locaux, les boutiques engagées et de seconde-main.