Angers Loire Métropole. Que devient l'eau de l'IceParc après un match des Ducs d'Angers ?

C'est un bal auquel les supporters des Ducs d'Angers se sont habitués. Chaque temps mort, chaque tiers temps, les surfaceuses sortent de leur hangar pour refaire et lisser la glace de l'IceParc. Au même moment, elles grattent et récupèrent dans leurs bennes la neige formée à la surface de la patinoire. Une opération qui se répète toutes les deux heures lorsque les hockeyeurs ne jouent pas, de quoi enmaganiser beaucoup de neige et donc beaucoup d'eau, près de 3 m³ à chaque passage. Mais que devient ensuite cette eau ? Depuis cet été, la ville d'Angers a installé un dispositif qui permet de la récupérer pour la réemployer dans l'arrosage de ces espaces verts et à la propreté publique. Explications. 

De l'eau non-potable, mais réemployable

"Jusqu'à maintenant, cette eau n'était pas réutilisée pour une seconde vie", souffle Aurélien Million, le directeur d'Angers IceParc. Mais c'est en la faisant analyser que les services de la ville d'Angers comprennent qu'il y a peut-être des économies à faire. "Ce n'est plus de l'eau considérée comme potable, mais par contre, c'est une eau qu'on a fait tester, analysée par l'Agence régionale de santé. Pour l'arrosage des plantes et le nettoyage des rues, il n'y avait aucune contre-indication à ce que cette eau soit réintroduite dans le circuit et qu'elle puisse avoir une deuxième utilité, plutôt que de venir chercher de l'eau potable qui répond à des critères et des exigences beaucoup plus élevés", explique Sébastien Guilbaud, responsable technique piscine et patinoire pour la Ville d'Angers. 

Concrètement, après son passage sur la patinoire, la neige contenue dans la benne de la surfaceuse est vidée dans une cuve de 10 m³. "Ça permet à la neige de fondre et grâce à une pompe de relevage, les agents peuvent venir récupérer l'eau à l'extérieur en actionnant une commande", précise Aurélien Million. Un voyant à l'extérieur du bâtiment permet aux agents de la ville de savoir s'il y a de l'eau disponible ou non. Si oui, ils se branchent et peuvent remplir leur cuve. En tout et pour tout, l'installation a coûté 10 000 € à la collectivité pour ajuster la tuyauterie et la pompe de relevage. "Ce n'est pas un gros investissement par rapport au volume eau qu'on récupère. L'IceParc est la seule patinoire de France à utiliser ce système", se félicite Hélène Cruypenninck, adjointe à l'Environnement, à la Nature et aux Jardins partagés et familiaux. 

Près de 605 m³ réemployés depuis mai

Cette eau, les agents s'en servent ensuite pour nettoyer les rues d'Angers ou l'arrosage de sauvegarde des jeunes plantations. "Depuis la mise en place de cette récupération d'eau, donc mi-juin, on a réussi à récupérer, réutiliser, réemployer 128 m³ venant de l'IceParc. Ça permet d'arroser 2 à 3 000 hectares", souligne Marc Houdon, chef de service gestion du patrimoine paysager à la Direction Jardins et patrimoine de la ville d'Angers. Un volume important qui vient s'ajouter à ceux récupérer sur les autres équipements de la ville équipés de ce système, la piscine Aquavita, la station de la Beaumette et depuis peu la piscine de Belle-Beille où le système de récupération d'eau de filtration permet de préserver entre 8 et 10 m³ d'eau par jour. Au total, entre mai et août, ce sont 605 m³ d'eau qui ont été réemployés sur ces quatre équipements. D'ailleurs, depuis juillet, la Direction Jardins et patrimoine fonctionne à 100 % en eau de réemploi. 

Des économies pour la Loire et le portefeuille de la collectivité 

Aujourd'hui, Angers Loire Métropole ponctionne à l'année 22 millions de m³ d'eau dans la Loire, mais le plan d'eau ambitionne de réduire ce chiffre de 10 % dans les prochaines années. "Avec ce dispositif, le gain, c'est de moins prélever l'eau potable dans la Loire. Avant, la plupart des arrosages se faisaient avec de l'eau potable. Il faut qu'on diversifie nos ressources, car depuis quelques années, on a un petit peu moins d'eau dans la Loire", confie Jean-Paul Pavillon, maire des Ponts-de-Cé et en charge du cycle de l'eau sur Angers Loire Métropole. "C'est aussi avant tout être exemplaire et pouvoir disposer de l'eau quand on veut, sans contrainte des arrêtés préfectoraux. Puisque quand vous êtes en niveau alerte ou alerte renforcée, il y a des choses que vous ne pouvez plus faire, et avec l'eau de réemploi, on peut continuer à arroser correctement les arbres" ajoute Marc Houdon. 

L'eau récoltée jusqu'ici reste peut-être marginale par rapport à la consommation actuelle, mais la ville d'Angers veut aussi convaincre ses voisins. "C'est peut-être une goutte d'eau, mais à l'échelle, si tout le monde d'Angers Loire Métropole arrive à le faire pour les piscines municipales ou d'autres équipements, ça peut faire beaucoup", répond le maire des Ponts-de-Cé. C'était d'ailleurs l'objet de cette visite où se sont déplacés des élus de plusieurs communes partenaires. 

Au-delà de la préservation de la ressource en eau, l'enjeu est aussi économique. "Là, on n'a pas à traiter. Le coût de l'eau à traiter est un coût important. C'est aussi moins de produits. C'est-à-dire qu'on gagne d'un point de vue transition écologique sur la pression. On n'a pas à traiter cette eau-là. On n'a pas à la prélever. On n'a pas d'énergie pour la traiter. C'est aussi gagnant sur ce niveau-là." Entre 10 à 15 % de moins en termes de coût, avance la collectivité. Une méthode de réemploi de l'eau qui pourrait aussi à terme se faire ressentir sur la facture des administrés ?