Maine et Loire

Angers. Nouveau Chabada : "ça nous permettra d'accueillir des têtes d'affiche qu'actuellement on peut avoir des difficultés à faire venir"

D'ici 3 ans, le nouveau Chabada sortira de terre dans le quartier Saint-Serge. Moderne et ouvert sur la ville, le bâtiment de 4 000 m² permettra d'augmenter la jauge public à 1 200 places et d'accueillir de nouveaux artistes.

Publié : 24 juin 2025 à 14h24 - Modifié : 24 juin 2025 à 14h42 Alexis Vellayoudom

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À l'intérieur, deux salles, huit studios, une salle de médiation culturelle et un rooftop
Crédit : © Hérault Arnod Architectures

Une salle de musique à Angers, ça n'était pas arrivé depuis 1871. La dernière en date, la salle du Cirque et de Théâtre sur la place Molière a d'ailleurs été déconstruite et le Chabada a été créé sur l'existant, un ancien abattoir. Il aura donc fallu attendre près de 150 ans pour voir la Ville d'Angers lancé officiellement un nouveau projet, celui de la nouvelle SMAC, scène de musiques actuelles. En plein cœur du quartier Saint-Serge, elle remplacera le Chabada à partir de 2028. "Lumineuse" ; "tourné vers la ville" ; "un petit bijou", les adjectifs employés pour parler de l'édifice contrastent avec le Chabada. L'actuelle scène musicale angevine dans son jus, plaît aux Angevins, en témoigne le million de visiteurs dépassé récemment, mais l'infrastructure n'est plus adaptée au développement du projet artistique, trop excentrée, trop petite. À Saint-Serge, la nouvelle scène s'invite sur 2 500 m² d'une esplanade qui a repris des couleurs, reboisée, à proximité d'équipements neufs comme le skatepark, la patinoire et l'impressionnant bâtiment Métamorphose.

 

Un outil "indispensable" économiquement

 

À l'intérieur de ce bâtiment moderne de 4 000 m², la capacité est augmentée, deux salles, l'une de 1 200 places. "Ça sera plus grand que le Chabada actuel, ça nous permettra d'accueillir des têtes d'affiche qu'actuellement, on peut avoir des difficultés à faire venir pour des questions de jauge. Là, on est sur une jauge à l'image d'une SMAC et de la taille de la ville", soutient Mélanie Alaitru, directrice en charge du projet artistique et culturel. L'autre pourra contenir jusqu'à 350 personnes dans une ambiance "club à l'anglaise". "Ce que les Angevins ne savent pas forcément, c'est qu'aujourd'hui le Chabada est en surcapacité. Il y a beaucoup d'Angevins qui peuvent être frustrés, car les concerts sont rapidement complets", ajoute Jean-Baptiste Goxe, directeur adjoint du Chabada.

 

Les avantages de la nouvelle salle
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

L'autre cheval de bataille des professionnels, c'est exploiter au mieux toutes les possibilités de la salle. Aujourd'hui, le Chabada a un taux d'occupation très fort. "C'est-à-dire qu'on ne peut pas faire de coactivité entre nos salles. Aujourd'hui, on ne peut pas avoir une résidence d'artiste dans le club et un concert en même temps. La configuration ne le permet pas alors que c'est quelque chose d'indispensable économiquement", précise Jean-Baptiste. Demain, la nouvelle SMAC permettra d'accueillir, en même temps, un concert dans la grande salle, un séminaire d'entreprise sur le rooftop, une résidence d'artiste ou un jeune public dans l'espace de médiation culturelle de 70 m². "On a la possibilité de démultiplier les usages [...] Ce lieu permettra d'être sur des propositions plus simples en afterwork ou de soirées en after tout court. On a une forte demande des soirées électro qui pourront être accueillies ici. Il y a plein de possibilités qu'on ne pouvait pas couvrir au Chabada", s'amuse la directrice. 

 

Un effet positif sur la pratique amateure ? 

 

Si la scène angevine n'a pas à se plaindre en termes de propositions musicales, notamment sur le rock et la pop, la scène indé peine, c'est ce que confiait l'artiste angevin Chahu lors d'une interview en mars dernier. "Il y a moins d'endroits ou d'associations avec des choses qui se passent. Tout ce qui est classe moyenne de la musique, j'ai l'impression que c'est en train de mourir, dans mon coin d'Angers en tout cas. Il y a moins de propositions qu'à une époque de cette musique indé qui n'est pas forcément vouée à devenir professionnelle, mais juste faire des concerts et voir des gens." Le nouveau Chabada et ses 8 studios, allant de 20 à 40 m², pourraient avoir un effet positif sur la pratique amateure : "La difficulté qu'on a actuellement sur les studios, c'est que pour venir, il faut prendre un bus ou une voiture. Là, on pourra venir à pied, à vélo ou en tram avec son instrument. Après, ils seront davantage visibles parce qu'ils seront directement dans l'entrée. Aujourd'hui, nos studios sont en extérieur et derrière donc difficile à identifier. On en aura plus donc plus d'accueil. Et le quatrième point positif, c'est que les studios seront communs à la salle, le bar et l'espace de vie, les gens vont pouvoir se croiser davantage et potentiellement lancer des coopérations", espère Mélanie. 

 

Développer la scène locale
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Mais il faudra encore attendre un petit peu, en raison de retards liés à la crise sanitaire, le début des travaux a été déplacé au début de l'année 2026. Le projet a coûté 20 millions d'euros TTC à la municipalité, soutenu par une aide FEDER de la Région Pays de la Loire à hauteur de 1,5 million. Les élus espèrent bénéficier d'autres aides pour boucler le budget de cette SMAC.