Maine et Loire

Musique. Chahu, l'artiste angevin qui s'est fait en local

Depuis 2023, l'Angevin Charles Arnaud, dit Chahu fait partie de l'Equipe Espoir du Chabada, un dispositif qui lui a permis de passer les étapes pour sortir son premier album à l'automne dernier.

Publié : 5 mars 2025 à 9h25 - Modifié : 6 mars 2025 à 10h37 Alexis Vellayoudom

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À 27 ans, Chahu a sorti son premier album Triste Bambino à l'automne dernier
Crédit : Carmen Lambert

Il s'est fait en local. Depuis une dizaine d'années, l'Angevin Chahu, 27 ans, a construit minutieusement sa carrière. En 2023, il a intégré l'Equipe Espoir de la salle de concerts Le Chabada, un dispositif qui a permis à l'ancien étudiant en musicologie de passer une nouvelle étape dans sa vie d'artiste et de sortir son premier album à l'automne dernier dans un style mélancolique et sentimentale. Rencontre. 

 

Chahu, depuis 2023, tu fais partie de l'équipe espoir du Chabada, avant d'intégrer le dispositif, Chahu, c'était qui ?

 

"J'ai commencé la musique assez tôt, vraiment en 5ème parce que j'avais des potes qu'avaient un groupe de rock, mais qui n'avaient plus de place. Je voulais avoir un groupe aussi et je me suis mis à la basse, puis la guitare, le chant et l'ordinateur. Et là tout était possible. J'ai fait un groupe Ducks for Friends avec lequel on a déjà fait partie de l'équipe espoir. C'était les années Fac. Chahu lui est né en 2020 pendant le confinement et une rupture amoureuse. J'ai pris mon ukulélé, de la musique électronique et j'ai commencé à écrire mes textes. Ça a fait son bonhomme de chemin avec ma manageuse Clémence sous le nom de Tigre Noir. On a fait les premiers concerts et les premiers EP."

 

Il y avait déjà cette envie de se professionnaliser ? 

 

"Oui, d'une certaine manière, c'était la profession que je cherchais, mais dans l'idée que c'était ça que je voulais faire de mes jours et de ne pas faire autre chose. J'avais l'impression que c'était cool et je voulais tout faire pour le réaliser."

 

Artistiquement, tu as évolué entre ton groupe et ton projet solo ? 

 

"Pour ce projet, oui. Après, je le considérais pas comme une évolution. C'était un autre projet. Le fait que le groupe se soit arrêté n'est pas lié au projet solo. C'est différents trajets de vie. Après, c'est sûr qu'être tout seul, c'est plus facile à gérer."

 

Avant l'équipe Espoir, c'était plutôt la débrouille dans ton management ? 

 

"Pas vraiment. J'ai très vite eu la chance d'avoir Clémence en manageuse donc j'ai très rapidement eu quelqu'un qui s'occupait des aspects techniques et des problématiques artistiques. J'ai une chance de fou parce que pour avoir côtoyé des gens qui n'ont pas cette chance, je vois bien comment ça peut être galère quand t'es artiste, compositeur, interprète, mais que tu n'as pas d'équipe. Enfaîte, il y a un million de taff qui sont à prendre en compte pour réussir à faire le tien. T'es obligé d'avoir plein de casquettes. Être deux, c'était clairement une grande force. Et ça l'est encore aujourd'hui. Si je n'avais pas eu Clémence, je n'en serais pas là. Elle gère tout ce qui est administration, contrat. Dès qu'on signe des choses, qu'il y a de l'argent, faut faire attention. Elle est costaude là-dessus."

 

Les apports d'un accompagnement de l'équipe Espoir
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

En 2023, tu intègres l'équipe Espoir du Chabada, qu'est-ce qui a changé ? 

 

"Ça a été une opportunité. J'ai eu accès à un monde que je connaissais déjà un peu, mais ça m'a permis d'entrer dans le catalogue du Chabada. En termes de visibilité, de soutien, soutien financier et aussi artistique d'être référencé à certains endroits, pouvoir être mis sur des plateaux comme le MaMA Festival à Paris. Et s'il y a des questions pouvoir avoir des réponses plus facilement aussi. Et puis avec les conseils du dispositif, on a créé une association, une sorte de label qui s'appelle Moyen Fort pour pouvoir faciliter le projet de manière juridique et à moitié en autoproduction. Mais je ne m'interdis pas de bosser avec des directeurs artistiques, des réalisateurs ou des producteurs différents. C'est grâce à ça qu'on a pu produire ou aller chercher des sources de financement pour créer l'album notamment avec Wiseband notre distributeur. En gros, l'équipe Espoir, ça a permis de réaffirmer les compétences et les connaissances qu'on avait du milieu. Et puis cette année, j'ai intégré un programme de développement de carrière 360 Chanson de Trempo à Nantes."

 

Après plusieurs EP, t'as sorti ton premier album Triste Bambino à l'automne 2024. C'est un accomplissement ? 

 

"C'est la suite logique ! Mais je ne pensais pas que l'après sortie allait être aussi compliquée. Effectivement, c'est un accomplissement et une fierté personnelle, je suis content de l'avoir fait, ça a du sens. Après, je pense qu'aujourd'hui ça a plus de sens pour les artistes que le public parce que la consommation a beaucoup évolué. C'est surtout l'après qui me pose question. Là, je suis dans la phase où je commence à avoir des idées pour la suite. On se fout naturellement la pression avec le 1er album surtout que je me suis mis dans des réseaux où j'ai fait pas mal de concerts devant des professionnels de la musique. Du coup, je me suis un peu surexposé à plein d'avis qui vont dans tous les sens donc ça peut être assez éprouvant de tout recevoir, surtout qu'on m'a déjà dit tout et son contraire. Après, il faut trouver un équilibre entre, dans quelle mesure, il faut rester ouvert et dans quelle mesure, il faut se faire confiance. Il y a eu un peu plus de sollicitations parce que sortir un album, ça fait un peu plus auprès des médias, mais dans les faits, ce n'est pas si différent que de sortir un EP. C'est assez paradoxal."

 

Je ne pensais pas que l'après sortie allait être aussi compliquée
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Pour continuer sur l'idée qu'on se fait d'une vie d'artiste, pendant longtemps, ça impliquait de monter sur Paris pour faire une carrière. Est-ce que c'est encore vrai avec ces dispositifs qui se multiplient en local à Angers ou Nantes ? 

 

"Non, parce que déjà Internet a cassé les codes. Et puis je pense que ce n'est pas la scène parisienne qu'on va chercher, c'est plutôt d'aller jouer à Paris parce qu'il y a tous les professionnels. Je connais beaucoup d'artistes à Paris, mais qui galèrent à sortir de la région parisienne. Je pense qu'on peut aujourd'hui réussir là où on vit. Après Paris reste une étape pour se faire voir au milieu professionnel, mais en termes de finance, c'est désastreux. C'est toujours à perte. Tu peux très bien aller quatre fois à Paris, mais ne ramener aucun professionnel. Il y a tellement de trucs en même temps."

 

La scène angevine vue par Chahu
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Justement en local, quel regard tu portes sur la scène angevine ? 

 

"On est plutôt bien loti en terme d'artistes. On a le Joker's Pub. Je n'ai pas vu beaucoup d'équivalent en France de cette richesse de programmation et de qualité de live, surtout en plein centre avec une petite jauge. Après, en musique électronique, il y a des choses qui se passent, mais ce n'est pas au niveau de Nantes. Angers, ça reste le rock, le rock indé, la pop à chanson et le rap. Après ce qui est dommage, c'est qu'il y a des bars qui ouvrent, mais qui ferment aussi. Dans le MaMA Festival ou les iNOUÏS du Printemps de Bourges il y a toujours au moins deux ou trois groupes angevins. Et même dans les milieux indés, mais si je sens que ça dépérit un peu. Il y a moins d'endroits ou d'associations avec des choses qui se passent. Tout ce qui est classe moyenne de la musique, j'ai l'impression que c'est en train de mourir, dans mon coin d'Angers en tout cas. Il y avait le Garage, mais qui va fermer à la fin du mois. Il y a moins de propositions qu'à une époque de cette musique indé qui n'est pas forcément vouée de devenir professionnelle, mais juste faire des concerts et voir des gens."

 

Rencontrer les gens, c'est justement ce que Chahu va faire le premier semestre 2025. L'artiste angevin est programmé en Vendée pour le Chant'appart les 1er, 14 et 21 mars. Il ira ensuite dans la Collégiale Saint-Martin le vendredi 4 avril dans le cadre des Z'éclectiques. Au total, sept artistes sont accompagnés par Le Chabada pour 2025.