Angers. Nouveaux magistrats, délai d'audience,hausse des dossiers liés aux enfants... Le point sur la rentrée du tribunal judicaire d'Angers

"La période exige courage et dignité !" Les mots du président du tribunal judiciaire d'Angers sont de nouveau forts pour lancer cette nouvelle année. Alors que "l'institution est régulièrement prise à partie. Les craintes viennent de là où on ne les attend pas", expliquait en préambule Benoît Giraud, président du tribunal judiciaire d'Angers. Référence à la Cour pénale internationale souvent malmenée, mais, dernièrement, par des pays inattendus comme les Etats-Unis et le Brésil. Une manière d'affirmer que la justice "doit tenir bon et rester forte". C'est le cas aussi en France, mais pour d'autres raisons comme le manque de moyens. L'audience de rentrée a permis de présenter les nouveaux magistrats. 

Deux postes créés

Ils sont 9 à rejoindre le corps de la magistrature d'Angers. Sept sont nommées vice-président au Siège, les deux autres intègrent le Parquet comme substituts du procureur de la République, portant le total de magistrats à 36 pour le tribunal judicaire d'Angers. "Pour beaucoup, ce sont des comblements de vacances de postes. Pour le Siège, il y a quand même deux créations de postes. C'est toujours ça de pris", précise Benoît Giraud.

S'ajoutent aussi 9 fonctionnaires, dont 3 ou 4 nouveaux postes. Au total, 146 fonctionnaires travailleront cette année au tribunal d'Angers. "Tout ça ce sont les conséquences positives des efforts impulsés par l'ancien garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti à la suite des Etats généraux de la Justice. Les ressources s'améliorent progressivement", se félicite le président. 

Avec ses deux nouveaux magistrats, le tribunal judiciaire d'Angers espère pour pouvoir réduire les délais des audiences. Les magistrats angevins en reçoivent 8 000 à 9 000 nouveaux par an, "depuis plusieurs années, dans certaines matières en tout cas, nous n'avions pas forcément des très bons délais de traitement et donc l'objectif d'ici 2-3 ans, c'est de baisser nos délais d'audiencement. Le civil, on est autour de 12-13 mois de délai d'audiencement, là où au niveau national, la moyenne est un peu en dessous d'une année. C'est pas des gros écarts, mais ça demande quand même un travail parce que c'est sur des masses assez importantes", souffle Benoît Giraud. Selon lui, il manquerait aujourd'hui 3 juges, entourés d'attaché de justice pour pouvoir bien fonctionner.

Les affaires liées aux enfants en hausse

Parmi les dossiers importants figurent ceux de l'assistance éducative suivis par les juges des enfants. "Ce sont les dossiers dans lesquels des mineurs peuvent être en danger pour tout un tas de raisons. Et effectivement, on constate une hausse régulière depuis quelques années et donc cela fait que les juges des enfants au tribunal d'Angers sont assez chargés, même un petit peu plus chargés que la moyenne nationale des juges des enfants", constate le président du tribunal.

5 à 6 % de plus par an selon ses chiffres. Aujourd'hui, 3 000 dossiers sont sur la table, répartis entre six juges des enfants. Parmi eux, Bérengère Nauleau, nouvelle magistrate fraîchement nommée. Cette ancienne journaliste sera Coordinatrice du tribunal pour enfants et vient renforcer une équipe impactée par trois congés maternité au cours de l'année et qui avait conduit à la prise de décisions sans audience. 

Le profil des magistrats change

Monde associatif, journaliste... De plus en plus de magistrats arrivent avec des parcours atypiques. "Beaucoup ont eu un métier avant, souvent avocat, parfois d'autres métiers juridiques, voire des métiers assez éloignés, c'est un phénomène de plus en plus fréquent. D'ailleurs la plupart des magistrats qu'on a installés aujourd'hui, plus de la moitié, avaient un autre métier avant, c'est intéressant, estime Benoît Giraud. Je trouve que c'est un plus, alors c'est difficile parce qu'à un âge plus avancé, il faut s'habituer à un nouveau milieu professionnel, il faut s'acclimater à de nouvelles méthodes de travail, mais je trouve que c'est un enrichissement. Je suis très très partisan de ce mode de recrutement."