Angers. « Sans harceler directement, leur attitude peut avoir un impact », des collégiens sensibilisés au harcèlement scolaire

En France, 1 famille sur 3 déclare qu’un enfant ou petit-enfant a déjà été victime de harcèlement. Résultat d'une enquête Odoxa menée auprès de 1 000 parents et grands-parents d'enfants âgés de 6 à 15 ans. À Angers, dans le cadre de son Yalla Tour, l'Association Sœur Emmanuelle (Asmae), une ONG laïque, est intervenue auprès d'élèves de 5e du collège Saint-Augustin, à travers des ateliers pour sensibiliser les très jeunes au harcèlement scolaire. Objectif, faire parler les enfants, écouter et mettre des mots. 

Des élèves témoignent

"Qui saurait me donner une définition du harcèlement ? Une menace, exactement", pendant près de deux heures, après une introduction aux Droits de l'enfant, Clothilde du Rostu, chargée de mission sensibilisation pour ASMAE va interpeller les élèves. C'est ça, les trois éléments pour parler de harcèlement, c'est une violence, verbale ou physique, qui est répétée, et on n'arrive pas à faire en sorte que ça s'arrête." Sur l'écran, des images, des vidéos, mais aussi des mises en situation pour définir et questionner les différents types de harcèlement. À la question, pourquoi il y a des gens qui harcèlent ? "Pour être populaire", répond l'un des élèves. "Pour faire peur aux autres, parce qu'il n'avait pas d'estime de soi, et du coup, pour avoir une estime, il harcèle", ajoute un autre. 

Ici, on ne parle pas que des victimes et des harceleurs. "On a ajouté deux rôles qui sont les renforçateurs ou renforçatrices et les assistants et les assistantes pour leur faire prendre conscience que parfois, sans harceler directement, leur attitude peut avoir un impact sur une situation de harcèlement", précise l'animatrice d'Asmae. Un plus pour cette enseignante d'Anglais : "Ce qui peut vraiment faire réagir, c'est la réflexion sur, mais en fait, sans m'en rendre compte, sans le vouloir, j'ai participé, j'ai renforcé ou j'ai été témoin, et je n'ai pas eu le courage de dire quelque chose."

Une écoute sans jugement qui, au fil des minutes, permet de libérer la parole. L'une des élèves pense avoir été renforçateur. "J'ai été témoin", réagit un autre élève. "T'as fait quoi ?", réponse Clothilde du Rostu. "Je suis allée voir le proviseur." Au fond de la classe, une fille raconte avoir été victime : "Ça s'est arrêté, mais ça a duré un an et mon harceleur a été sanctionné." 

 « Il y a une véritable nécessité de s'éduquer »

Ces ateliers ont parfois permis de mettre à jour certaines situations et de donner des suites. "Généralement, le personnel, quand il voit qu'il y a une situation qui est en train de se déclarer, tout de suite après, c'est pris en charge. Ils vont voir l'enfant, discuter avec lui pour savoir exactement ce qui se passe. Et si on sent que ce n'est pas pris en charge, et bien là, on insiste un peu plus en disant "on nous a dit ça, tel enfant". Parfois, on nous présente un trombinoscope pour repérer l'élève", souligne Clothilde du Rostu. 

Cette intervention vient compléter l'action des établissements et des familles, car d'après l'enquête Odoxa, 1/3 des familles avouent être démunis face au cyberharcèlement. C'est le cas aussi de cette enseignante : "Ce qui est difficile à déceler, c'est que le harcèlement prend diverses formes, et c'est d'autant plus difficile de s'en rendre compte en tant que professeur, qu'une partie importante du harcèlement a lieu sur les réseaux sociaux, et donc il y a une véritable nécessité de s'éduquer en tant que professionnel, mais également de sensibiliser, éduquer les élèves et les familles. Il faut être partout, et on a souvent l'impression d'être nulle part malheureusement."

Si votre enfant est victime de harcèlement, l'Éducation nationale recommande de prendre rendez-vous avec la direction de l'établissement. Si rien n'est fait, vous pouvez appeler le numéro national 3018.