Avrillé. Grâce à ses sièges d'avion "les plus légers du monde", Expliseat continue son ascension

Depuis son installation en février 2024 à Avrillé, l'entreprise Expliseat n'en finit pas de grandir : de quelques dizaines de salariés au départ, elle en compte 180 aujourd'hui, sans compter une cinquantaine d'intérimaires actuellement. Elle est spécialisée dans la fabrication de sièges d'avion "les plus légers du monde" selon son président Amaury Barberot : avec un poids réduit de 30 % par rapport à ses concurrents, les sièges pèsent entre 5,5 kg et 7,5 kg, contre plutôt 10 à 12 kg habituellement. Le tout grâce à la structure du siège, en titane et en fibre carbone (contre de l'aluminium pour les autres sièges), et aux accessoires optimisés, comme une tablette légère "en carbone, où on a jamais eu de retour de casse de la part de nos clients jusqu'à présent".

"Un rebond phénoménal depuis trois ans"

Créée en 2011, la PME visitée ce mardi 25 novembre par la présidente de la Région Pays de la Loire Christelle Morançais "a failli mourir pendant la crise Covid" d'après son président, mais connaît "un rebond phénoménal depuis trois ans". Une croissance express qui a obligé les dirigeants à trouver rapidement un site de production : parmi la dizaine de lieux présentés par l'agence de la Région Pays de la Loire Solutions&Co, Expliseat a vite jeté son dévolu en 2023 sur l'ancien site Hormann de 6 000 m2, à Avrillé.

"On cherchait à ne pas faire construire une usine pour éviter une nouvelle artificialisation des sols, mais aussi pouvoir aller très vite, explique Amaury Barberot. On cherchait aussi à s'installer dans une terre d'industrie : pour recruter 180 personnes, on souhaitait avoir accès à un bassin d 'emploi de gens très bien formés en industrie, ce qu'on a trouvé à Angers." La production est donc lancée en février 2024, avec une inauguration de l'usine en septembre suivant.

Au départ sans toutes les machines présentes actuellement, "on avait des tables partout, pour progresser et suivre cette rapidité, et petit à petit, on s'est équipés". La production s'accélère, grâce à un marché très dynamique. "L'entreprise cette année va quadrupler son chiffre d'affaires (plusieurs dizaines de millions d'euros) par rapport à l'année dernière. C'est une industrie qui a besoin d'avancer vite pour décarboner le secteur de l'aéronautique, réduire son empreinte environnementale, à cause de l'urgence climatique."

Une facture de carburant réduite de 5 %

Mais quel rôle peut jouer concrètement le poids des sièges dans cette décarbonation des vols ? "Dans un Airbus A320, l'avion le plus produit au monde, on parle d'allègement entre 600 et 1200 kilos, donc quasiment la masse d'une voiture qu'on enlève de l'avion. En sachant qu'il va décoller 2000 fois par an pendant 10 ans (en moyenne pour les compagnies régionales), c'est autant de masse qu'on va éviter de mettre dans le ciel, donc une grosse réduction de la consommation de carburant (la facture peut réduire de 5%), et des émissions de CO2 qu'il génère."

Ce qui a déjà séduit les compagnies aériennes Jazeera Airways, Air Canada ou Air France, via sa filiale régionale Hop. Depuis le 1er septembre dernier, on peut retrouver ces sièges notamment en classe éco sur les avions courts et moyens courriers d'Air France. La livraison sera terminée en février 2026. Si les produits d'Expliseat ne sont pas moins chers que leurs concurrents, "nos clients font des économies d'échelle, en consommant finalement moins de carburant, avec moins de maintenance et des produits qui durent plus longtemps".

L'usine d'Avrillé a une capacité de fabrication de 32 000 sièges par an. "On est capable d'accepter encore un certain nombre de commandes ici, puis on attend que la possibilité d'ouvrir une deuxième usine se présente." Aujourd'hui, la fabrication est 100 % adaptée à la demande des clients, mais Expliseat cherche à standardiser ses sièges, tout en proposant des options à côté. "On espère monter en cadence dans les prochains mois", après un prêt d'1,5 millions d'euros de la Région Pays de la Loire il y a deux ans et une levée de fonds en juin dernier.

Bientôt des sièges dans les trains ?

En misant sur de nouveaux clients internationaux, et en élargissant sa gamme de produits : "il y a deux ans, nous avons engagé un projet de diversification, pour adapter la technologie de siège d'avion au train. Les équipes de recherche et développement travaillent activement sur ce produit pour pouvoir le mettre en service le plus rapidement possible, en respectant les coûts qui sont plus contraints dans ce secteur-là." Avec ce même objectif : réduire de 30 % le poids des sièges, pour alléger les trains et réduire l'énergie nécessaire à leur circulation.