Maine et Loire

Châteauneuf-sur-Sarthe. La Maison de la rivière raconte de nouveau l'histoire de la batellerie sur la Sarthe

Après des années de fermeture, la Maison de la Rivière a rouvert cet été à Châteauneuf-sur-Sarthe. Après avoir réservé auprès l'Office de tourisme de l'Anjou, vous pourrez replonger dans l'histoire de la batellerie sur la Sarthe, grâce au passeur d'histoire André Grazélie.

Publié : 22 juillet 2025 à 11h23 - Modifié : 22 juillet 2025 à 11h23 Alexis Vellayoudom

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La Maison de la rivière raconte de nouveau l'histoire de la batellerie sur la Sarthe
Crédit : Alexis Vellayoudom

"Les gens adorent qu'on leur raconte des histoires, ce qu'on a parfois fait de manière insuffisante", pose tranquillement André Grazélie. Grâce à l'Office de tourisme de l'Anjou Bleu, ce passeur d'histoire a pu rouvrir un lieu unique pour se replonger dans l'histoire de la batellerie sur la Sarthe. Créée en 1995 par une association de culture populaire des bords de Loire, la Maison de la rivière, installée dans l'antenne de l'Office de tourisme à Châteauneuf-sur-Sarthe, était partiellement endormie depuis 2018, faute de finances. Aujourd'hui, ce musée ressort de son lit pour proposer des visites de groupe et leur permettre de comprendre l'organisation batelière sur la Sarthe.

 

La Sarthe, une voie commerciale codifiée entre marins et meuniers

 

300 km de long à travers les départements du Maine-et-Loire, la Sarthe, la Mayenne et l'Orne, la rivière la Sarthe qu'on appelait autrefois le détroit d'Angers a longtemps été l'une des artères marchandes de la région. Les bateliers y transportaient principalement des matières premières comme de la pierre et du bois. Une véritable voie commerciale qui se partage entre les marchandes et les meuniers, dont les moulins jonchaient les 135 km entre Angers et le Mans. Pour faciliter le passage, les marines mettent en place une navigation codifiée. "On est dans des intérêts divergents. Le meunier veut retenir de l'eau pour faire tourner la roue de son moulin donc ils voient mal la batellerie, mais ils doivent le passage. C'est pratiquement du domaine royal", rappelle André Grazélie.

 

Comment fonctionnaient les portes marinières, ancêtres des écluses ?
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Ce code spécifique détaille aussi la façon de naviguer ou le type de bateaux qui pouvaient emprunter la Sarthe, souvent trapue, peu de bateau de Loire, et capable de transporter 40 tonnes de marchandises et une dizaine de marins. "Tous les 3 ans, les marchands d'Angers et de Laval vont aller porter les nouvelles à Orléans en congrès et ils vont régir l'organisation des passages, contrôler les installations. Ils peuvent aussi régler des conflits." Au XIVe siècle, les litiges étaient d'ailleurs réglés au tribunal de la Cour Royale. "C'était une codification simple, abordable, cohérente et fonctionnelle", souligne l'habitant de Cheffes. 

 

"C'était une navigation de muscle"

 

Principal point sensible, le passage des portes marinières, propriétés des meuniers. Jusqu'en 1820, il n'y a pas d'écluses sur la Sarthe. Pour passer les retenues d'eau, les marchands s'amarrent à 100 mètres en amont de la porte puis doivent démonter ces grandes structures en bois de 4,50 mètres de large faites de planches et d'aiguilles en châtaigniers. "C'était une navigation de muscle, insiste le passeur d'histoire. C'était une sorte de puzzle qu'on peut démonter avec 60 pièces de bois que les mariniers vont ranger sur le côté. Ça va libérer un courant qui devra être franchi à force d'hommes avec un équipage qui sait se servir du gros treuille à l'arrière du bateau, le guindas. On appelait ça les moteurs à sang. Ils vont passer beaucoup de temps et beaucoup d'efforts à remonter dans le courant la charge de marchandises et le bateau". Une manœuvre qui se répétera tous les 4 kilomètres, à chaque passage de moulin. 

 

Navigation sur la Sarthe, une organisation bien pensée
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

En attendant, le meunier devait mettre son activité en pose. Le code lui permettait de tout même de profiter d'une sorte d'assurance. Les marins avaient 4 heures pour ouvrir la porte et passer. Si le temps est dépassé, ils devaient refermer et attendre 12h pour ensuite retenter le passage, afin de laisser le meunier travailler. "Ils se faisaient aussi mal voir par les meuniers s'ils perdaient des pièces de la porte lors du démontage. Il y a des meuniers ", sourit André. Une histoire qu'André Grazélie peut raconter et illustrer grâce à une maquette de 12 mètres, construite lors d'une exposition pour le département de la Sarthe en 2007.

Pour profiter de cette visite, il faut au préalable contacter l'Office de tourisme de l'Anjou Bleu pour réserver un créneau. La Maison de la Rivière a aussi engagé un partenariat avec le bateau La Gogane pour permettre aux touristes de faire une croisière sur la rivière.