CHU Angers. Une soixantaine de soignants rassemblés pour dire "non" au pass sanitaire

Ce jeudi 19 août, les syndicats FO, SUD et CFTC ont appelé à un rassemblement pour dénoncer le caractère "obligatoire" du pass sanitaire. Une soixantaine de soignants ont répondu à l'appel. Parmi eux, des soignants non-vaccinés, menacés de suspension le 15 septembre.

20 août 2021 à 11h02 par Alexis Vellayoudom

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Une soixantaine de soignants se sont rassemblés pour dire "non" au pass sanitaire
Crédit : Alexis Vellayoudom

Ils veulent encore avoir le choix ! Hier, une soixantaine de manifestants se sont rassemblés devant le CHU d'Angers pour dire "non" au pass sanitaire. Agents du CHU, d'EHPAD, d'Instituts médicaux sociaux ou ophtamologue vaccinés ou non. Le 15 septembre, ceux qui ne le sont pas, seront suspendus avec une perte de salaire. Au CHU d'Angers, 500 personnes sur les 6 000 agents ne seraient pas vaccinées.

Reportage - Des soignants contre l'obligation du pass sanitaire
Crédit : Alexis Vellayoudom

Nous en avons rencontré sous anonymat, car ils craignent d'être pointés du doigt. Ils sont en blouses blanches, en civils ou venus sur leur temps de vacances. Tous ne sont pas anti-vaccin. Certains n'ont pas confiance dans le Gouvernement et d'autres sont en colère contre le caractère obligatoire du vaccin comme cette soignante : "Monsieur Macron, nous a dit (aux soignants) qu'on est des égoïstes. Je suis très en colère par rapport à ça. Je pense que la vaccination, c'est pour me protéger moi et non protéger les autres. Je soigne des gens depuis 30 ans donc l'égoïsme, je ne connais pas".

 

 

 

À côté, une collègue, stressée et anxieuse à l'approche du 15 septembre, date à laquelle elle sera suspendue : "je ne dors pas très, j'attends. Se dire qu'on va choisir des patients et choisir du personnel, alors qu'actuellement, il n'y a plus de personnel, on ferme des lits. Et on va être encore moins dans les services. Je trouve ça très triste". Pour elle, la vaccination ne résout pas le problème à l'hôpital : "Dans les services, il y a beaucoup de gens vaccinés et on entend encore qu'ils ferment des lits parce qu'il y a des clusters. Des patients vaccinés arrivent positifs". 

 

Une autre agent, réfractaire au gouvernement, n'a aucune confiance dans le vaccin. Elle estime que le Gouvernement en fait trop par rapport à la Covid. Et se sent aujourd'hui comme une pestiférée, des débats sans fin avec ses collègues, sa famille : "tous les matins, je me dis que je suis une hors-la-loi. J'attends d'être arrêtée avec menottes aux poignets. Soit je prends une dispo, un congé sans solde, soit je fais un arrêt maladie. Après 35 ans de boîte, s'ils veulent me mettre à la porte, ça va être compliqué". 

 

Une suspension de plusieurs agents qui inquiète les syndicats

 

Le nombre d'agents suspendus n'est pas encore connu, mais les syndicats sont inquiets. Ils craignent un impact sur le fonctionnement des services, "le CHU d'Angers ne peut pas fonctionner, même si c'est que 500, il ne peut pas fonctionner de manière pérenne notamment dans les services de soin. On est déjà en sous-effectif. Donc cette loi ne peut pas être mise en oeuvre de manière concrète [...] "non" à cette loi qui s'attaque frontalement à ceux qu'on applaudissait hier, qu'on stigmatise aujourd'hui et demain, il faudra les dégager", explique Emmanuel Dubourg-Davy.

Emmanuel Dubourg-Davy, secrétaire Force Ouvière au CHU d'Angers
Crédit : Alexis Vellayoudom

Tous les agents non-vaccinés seront avertis par une lettre dans les prochains jours. Ils devront alors faire un choix, être suspendu ou continuer de travailler.