Covid-19. Le nouveau protocole sanitaire, "une désorganisation totale du travail scolaire"

Après un changement de protocole pour les écoles le 2 janvier, ajusté ce lundi soir, les enseignants voient leurs classes se vider sans pour autant fermer, dénonce une enseignante du Snuipp-FSU.

11 janvier 2022 à 20h03 par Coralie Juret

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L'école primaire Françoise Dolto-Robert Fontaine à Segré
Crédit : CJ

La cinquième vague est bel et bien là. Dans les écoles, les cas de Covid-19 se multiplient. À Segré par exemple, l'école maternelle Françoise Dolto en compte déjà deux quand il n'y avait que des cas contacts familiaux avant les vacances de Noël. 

Et avec le protocole sanitaire qui exige désormais trois tests négatifs à J0, J +2 et J +4 pour les élèves cas contacts d'un camarade, les classes se vident témoignait hier Claudie Laurent, la directrice. "Ce matin à 10h j'étais informée par une mère d'élève que son enfant est absent parce qu’il avait été testé positif. Dans ces conditions-là c'est le branle-bas de combat : on a les élèves à gérer et en même temps, quatre photocopies à tirer pour toutes les familles de façon à ce que les enfants ne reviennent pas à l'école avant d'avoir été testés négatifs. Concrètement ce midi, on a quatre familles à qui on a annoncé que cet après-midi, il fallait qu'ils se débrouillent pour garder leurs enfants. Ces quatre parents-là ont la possibilité de les garder, mais tous les enfants qui mangent à la cantine et qui vont avoir l'information ce soir dans les cahiers, ça va être compliqué pour eux de s'arranger pour demain…"

 

Des classes à trois ou quatre élèves

 

Un protocole toujours pas allégé à l'école, mais la possibilité désormais de faire un auto-test à J0 au lieu de présenter le résultat d'un test antigénique ou PCR, c'est la réponse du gouvernement à l'engorgement des laboratoires et pharmacies depuis la rentrée. Si le Ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer tient à maintenir les classes ouvertes, ce changement de protocole engendre "une désorganisation totale du travail scolaire et des apprentissages" selon Claudie Laurent, qui est aussi co-secrétaire du Snuipp-FSU en Maine-et-Loire.

"On a des enfants qui sont absents en attente de rendez-vous, des enfants qui sont absents en attente de résultats, des enfants qui reviennent, des enfants qui repartent… et donc on n'a jamais de classe complète, et au niveau des apprentissages ce n'est plus l'école quoi !", s'agace l'enseignante. "Nous nous demandons à revenir à la règle de 1 cas positif = 1 classe fermée. D'une part c'est beaucoup plus simple parce qu’on peut organiser le travail et organiser la distribution aux familles du travail en s'attachant à ce que tous les enfants aient la même chose sur le temps des 7 jours d'isolement. Ça permet aux familles de s'organiser, de prévoir et surtout ça n’oblige pas les enfants à faire des tests à répétition, qui sont quand même des tests assez traumatisants".

Une intersyndicale rejointe par les parents de la FCPE appelle à un mouvement de grève inédit dans l'Education jeudi "contre la mauvaise gestion de crise" de son Ministre Jean-Michel Blanquer. "Les collègues sont épuisés" conclut Claudie Laurent, "l'école va craquer. Ça fait 2 ans que les enseignants portent l'école à bout de bras et bricolent pour que ça tienne".