En Maine-et-Loire. Malfaçons, tromperies, ce collectif alerte sur le possible danger de certains poêles à bois et granulés
Des dizaines de témoignages mettent en cause des poêles posés par la société Soluchauff. Des malfaçons entraînant des dangers ont été identifiées et des soupçons de tromperies émergent. Un collectif s'est monté pour alerter et plus d'une soixantaine de plaintes ont été déposées.
Publié : 6 novembre 2025 à 23h20 - Modifié : 10 novembre 2025 à 16h30 Alexis Vellayoudom et Marie Chevillard
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Ils viennent de Châtelais, Segré, Pouancé, Le Lion d'Angers, mais aussi Angers ou Brain-sur-L'Authion. Tous ont une chose en commun, ils ont fait installer un poêle à bois ou granulés par Soluchauff, une société anciennement basée à Corné et qui disposait d'antennes au Lion d'Angers et à Saumur. Tous y ont cru : les prix attractifs, les offres pour le ramonage. Aujourd'hui, tous se sentent floués. Leurs poêles ont fait l'objet d'une mise en non-conformité après la découverte de malfaçons, parfois de tromperies sur la marchandise. Près de 27 personnes se sont rassemblées sous un collectif pour dénoncer et prévenir, car, selon plusieurs sources, des centaines de personnes pourraient être concernées.
"Dès la deuxième semaine, j'ai reçu un premier courrier recommandé"
Lorsqu'Alexandre Chesneau rachète l'entreprise au fondateur, en avril 2023, il était loin d'imaginer l'ampleur du désastre. À l'époque, l'ancien salarié de la grande distribution, souhaite se lancer dans une première expérience entrepreunariale, il y met toutes ses économies. "Je cherchais une entreprise structurée avec un pôle administratif, commercial et technique. Soluchauff avait tout ça en apparence", se souvient le Nantais. Il garde les salariés et la femme de l'ancien patron. "Je découvrais le métier, le cédant le savait."
Mais après un investissement de 900 000 €, "j'ai tout perdu. Je ne sais pas comment je vais payer certaines dettes." Il faut dire que le tableau s'est rapidement noirci. "Dès la deuxième semaine, j'ai reçu un premier courrier recommandé, puis de plus en plus chaque semaine, se souvient l'ancien dirigeant de Soluchauff. J'ai très vite senti que quelque chose n'allait pas." Les courriers se multiplient. L'été, il découvre que des poêles sont achetés plusieurs milliers d'euros, sans son accord et alors qu'il n'y a aucun chantier en cours. "La plupart des salariés étaient tous amis avec l'ancien gérant. C'était une sorte de petite famille qui avait un fonctionnement bien particulier, les choses m'étaient masquées", argumente t-il.
60 à 70 appels par jour
Pour remédier à ça, il décide, dès décembre 2023, de demander une procédure de sauvegarde, opère des licenciements économiques, puis change une partie de l'équipe l'année suivante. "C'est là que je découvre l'ampleur du désastre. C'était insurmontable", se désole encore Alexandre Chesneau. 60 à 70 appels par jour en février. "J'ai déclaré 74 installations non-conformes à l'assureur SMABTP." Sur place, la nouvelle équipe enchaîne les expertises sur les installations : non-respect des écarts de feu, mauvaise tuyauterie, bistre mal nettoyé ou pièces non-adaptées. L'un d'eux, que nous avons rencontré, mais qui préfère rester anonyme, raconte avoir réalisé une dizaine de rendez-vous sur ses deux premières semaines de travail. "C'était du travail d'amateur. C'est simple, à un moment, sur le parking de la boîte, deux voitures sur trois, c'était pour des réclamations."
"Du jour au lendemain, on nous a annoncé qu'on n'avait plus le droit d'utiliser notre poêle"
À Loire-Authion, un couple a fait installer son insert de cheminée à bois en février 2023, quelques mois avant la reprise de l'entreprise. "Le lendemain, on avait des émanations de fumée à chaque ouverture de portes. Ils nous ont d'abord dit que c'était à cause de la peinture. Le problème ne se réglait pas, ils avaient toujours une excuse, mais ce n'était jamais de leur faute, explique la femme. On avait demandé une note de calcul qui ne nous a jamais été fournie." Finalement, c'est l'expert de l'assurance qui donnera une réponse deux ans plus tard. Bilan : installation surdimensionnée, écarts de feu non-respectés. Le poêle est déclaré non-conforme. L'assurance va faire marcher la décennale.
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Sur la même commune, Mme et Mr Charron auront moins de chance. En novembre 2020, le même insert est posé dans une cheminée déjà existante. "Soluchauff venait tous les ans pour l'entretien et ne nous a jamais rien dit. En mai 2025, un expert de la nouvelle équipe est venu. Du jour au lendemain, on nous a annoncé qu'on n'avait plus le droit d'utiliser notre poêle." L'expert constate qu'une poutre en bois, proche de l'installation, n'est pas protégée et que le débistrage n'a pas été réalisé. Cette fois, ni la franchise, ni l'assurance ne prendront en charge. Coût des réparations : 2 500 €. Le couple a signalé les faits auprès de la DGCCRF, la répression des fraudes, déposé plainte et participe à un recours collectif avec une soixantaine d'autres personnes.
Le marquage CE arraché
Mais c'est une autre découverte qui finira d'achever le tableau. "On s'est rendu compte que les étiquettes CE avaient été arrachées sur plusieurs poêles", raconte l'ancien salarié qui témoigne anonymement. Selon des documents que nous avons pu consulter, des poêles de puissance standard étaient achetés, reprogrammés et vendus plus cher, au prix de poêles de puissance supérieure. Un procédé qui nécessite l'autorisation des constructeurs ou fournisseurs, appuyé par une justification technique. Autorisation qui n'aurait pas été donnée dans plusieurs des cas et dont les usagers n'auraient pas été informées.
C'est le cas pour l'une des plaignantes, dont nous avons pu consulter les documents. Sur sa facture, un poêle de 12 kW. Méfiante, elle décide de contacter le fabriquant du poêle en lui fournissant le numéro de série. C'était en fait un poêle de 9 kW. Différence de prix : 200 à 400 €. "Ces pratiques de reprogrammation existent effectivement, parfois utilisées pour écouler des stocks ou revendre plus cher des modèles modifiés non réalisé sous le contrôle direct du fabricant et sans mise à jour officielle de la plaque signalétique et de la documentation technique", nous confirme un professionnel du secteur.
"J'ai le sentiment d'avoir mis en péril la vie des enfants que j'accueillais"
Parfois, ce sont des entreprises extérieures qui découvrent ces problèmes. À Châtelais, Isabelle et Sébastien Martinet possèdent un poêle depuis 2021. Soluchauff réalise d'abord le ramonage. Aucun problème à priori. Mais le 11 septembre 2025, tout bascule. L'entreprise Ambiances Flammes, basée à Château-Gontier, vient faire le ramonage. Très vite, le technicien constate une non-conformité. "On avait des écarts de feu, un problème d'isolement. À tout moment, ça pouvait prendre feu." L'entreprise extérieure confirme aussi un risque d'intoxication au monoxyde de carbone. Chez les Martinet, le détecteur a sonné quatre fois. Sa femme est choquée : "Je suis assistante maternelle, j'ai le sentiment d'avoir mis en péril la vie des enfants que j'accueillais à mon domicile". Ils ont déposé plainte mercredi matin.
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Des cas comme celui-ci là, l'entreprise Côtés Poêles, installée à Chemazé en Mayenne, en reçoit plusieurs depuis la parution de l'article de nos confrères du Courrier de l'Ouest. "En une semaine, on a eu 6 cas avec de grosses remises en conformité", indique la société mandatée par un expert. Les factures sont estimées entre 2 000 à 8 000 € de réparation. L'une des gérantes est à peine étonnée : "On était vigilant sur les poses de Soluchauff parce qu'on avait déjà constaté une dizaine d'installations non-conformes avec des débistrages mal faits, le non-respect des écarts de feu." En témoigne, une intervention sur un poêle à granulé dont le conduit avait pris feu. "Nous avons fait nos notes de calcul et il est apparu que le dimensionnement du conduit n'était pas bon", poursuit l'entreprise. Chez d'autres aussi le mal est fait. C'est le cas d'une cliente qui demandait la réparation ou l’échange d’un poêle défectueux posé en 2022. Il a fini par imploser en février 2024. Dans une décision de février 2025, le tribunal a ordonné une mesure d’expertise au contradictoire dont le rapport doit être remis avant la fin de l'année.
Une plainte collective de 70 personnes
Épuisé, Alexandre Chesneau fait appel à la justice pour placer l'entreprise en liquidation judiciaire. "Demain, s'il y avait un mort ou un feu, j'étais responsable. Je ne pouvais pas gérer tous les litiges, je ne faisais plus que ça au détriment de mon entreprise." Elle est prononcée le 10 septembre 2025. De leurs côtés, les personnes lésées s'organisent. Le collectif de 27 personnes a créé un groupe sur la messagerie WhatsApps et une adresse mail collectif.litige.49@gmail.com pour recenser les cas. "Nous ce qu'on demande, c'est surtout de protéger les gens qui pourraient être victimes", insiste Sébastien. "Les mises en état sont, pour certains, à des sommes astronomiques. Des personnes ne peuvent pas assumer financièrement. Et puis comme l'entreprise est en liquidation judiciaire, les franchises peuvent être payées par le tiers lésé. On attend que la justice fasse son travail", souligne le couple Charron.
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À la gendarmerie de Brain-sur-l'Authion, une soixantaine de plaintes sont déposées, d'autres ont fait appel à Me Bertrand Salquain. "J'ai sans arrêt des appels. La gendarmerie a arrêté de prendre les plaintes, le dossier va être transféré sur le bureau du procureur de la République. Nous, on va déposer une plainte collective avec 70 personnes pour abus de confiance, tromperie et mise en danger de la vie d'autrui", indique l'avocat. Mais pour lui, ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. "J'ai l'impression qu'on a affaire à un vaste scandale. J'ai eu une dame hier qui avait fait installer un poêle par Soluchauff en 2018. Plusieurs fois, son détecteur de monoxyde carbone se déclenchait. Les branchements avaient été mal faits. Il y a aussi des cas d'étiquettes CE arrachées".
Contacté, le fondateur de l'entreprise, parti en 2023, déplore ce "lynchage médiatique". Il fait savoir, qu'il invoquera son droit de réponse "en temps voulu" pour "rétablir la vérité".
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