Entretien. "On est en train de sortir du quoiqu'il en coûte", explique Bertrand Schaupp, président du MEDEF Anjou

Sortie de crise, fin des aides, difficultés de recrutement ou nouvelles façon de travailler. Bertrand Schaupp revient sur les sujets de la rentrée des entreprises.

20 septembre 2021 à 17h11 par Alexis Vellayoudom

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Après un été où les contraintes sanitaires ont été soulagées, ce mois septembre est le moment pour les entreprises du Maine-et-Loire de faire leur rentrée. C'est à cette occasion que Bertrand Schaupp, président du MEDEF Anjou depuis 2016, est revenu sur la fin des aides de l'État, les problèmes de recrutement, de matières premières ou encore le télétravail... 

 

Bertrand Schaupp, ce mois de septembre sonne la rentée des entreprises. Une deuxième rentrée sous fond de Covid-19, comment se porte l'activité économique des entreprises du Maine-et-Loire ? 

 

"Aujourd'hui, on a un sentiment d'euphorie parce que l'activité nationale est revenue, pratiquement au niveau avant Covid. En Anjou, on tire bien notre épingle du jeu. Les chiffres de fin juillet sur les déclarations de TVA font état d'une progression de 3,77 % par rapport à septembre 2019 avant la crise sanitaire. L'investissement a repris +12 % par rapport à 2019. Le tribunal administratif traite moins de procédures collectives. On est à 130 procédures et ça concerne 180 salariés contre 660, il y a deux ans. L'activité est très forte. Il y a aussi un effet d'euphorie parce qu'on a le sentiment que la quatrième vague qui nous était programmée, ne va pas arriver. Mais au-delà de ça, il convient de ne pas s'emporter".

 

Le président du MEDEF Anjou relativise l'euphorie économique des entreprises angevines
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

Pourquoi ? 

 

"On est train de sortir du quoiqu'il en coûte. Les aides, comme le Fonds de solidarité, vont s'arrêter et on va commencer à faire du chirurgicale. Sur notre territoire, on a 24 % des Prêts garantis par l'État qui sont remboursés complètement ou partiellement. Donc ça veut dire qu'il y en a 76 % qui restent à payer. Il y a les charges sociales à rembourser aussi. Il ne faut pas se laisser griser parce que la vraie vie économique, sans assistanat de l'État, va redémarrer tout doucement. Et il y aura des secteurs qui vont souffrir. Les entreprises qui étaient en difficulté avant la crise Covid, vont se retrouver avec leurs difficultés à gérer maintenant". 

 

Parmi les secteurs en difficulté, il y a la restauration, qui connaît aussi des problématiques de recrutement ? 

 

"Avant la Covid, 40 % des chefs d'entreprise avaient des difficultés à embaucher. Il y avait 300 000 emplois à pourvoir, maintenant, il y en a 900 000. Aujourd'hui, sans exception, toutes les entreprises ont des difficultés à embaucher. Le secteur de la restauration est emblématique. À la réouverture après la Covid, il y a 100 000 emplois qu'ont disparu. Vous avez des salariés de la restauration qui soit on trouvé un job ailleurs, soit ne veulent plus aller dans la restauration parce qu'ils considèrent que commencer le matin à 11h, finir à 15h pour redémarrer à 19h et terminer à 23h30, ça ne fait plus partie de leur qualité de vie. La Covid a modifié la perception des salariés de leur travail. Il y a des salariés qui font des arbitrages, clairement, en faveur de la qualité de vie. Je pense que dans la restauration, il faut pouvoir trouver d'autres modes d'organisation, moins ouvrir ou ouvrir différemment". 

 

"Dans la restauration, 100 000 emplois se sont évaporés" explique Bertrand Schaupp
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

L'attractivité par l'augmentation des salaires peut être une solution ? Pour la restauration et d'autres secteurs ? 

 

"Les salariés de la restauration de ne partent pas à cause du salaire, mais plutôt pour une question de planning. Les 100 000 salariés qui ont décidé de ne pas redémarrer, je pense que majorer leur salaire de 10 % n'aurait rien résolu. Je pense que la réflexion part d'un équilibre entre la vie professionnelle et personnelle. Pour tous les secteurs, il faut avoir à l'esprit que les aides ne font pas les chiffres d'affaires. Les entreprises qui n'ont pas de fonds de roulement vont aller au tapis. C'est évident qu'il y aura des tensions sur les salaires. Mais regardez aujourd'hui, le Français n'a jamais autant épargné. Plus de 157 millions d'euros pendant la crise sanitaire". 

 

Dans les autres difficultés de la rentrée, il y a la pénurie de matières premières. C'est toujours le cas ? 

 

"L'alimentation en matières premières est compliquée. On a du mal à avoir du bois, du carton, des composants électroniques. Ces pénuries entraînent des surcoûts. On le voit avec SCANIA qui a dû stopper sa production. Le bois a doublé. La demande est là, mais pas l'offre et on a du mal à sécuriser notre filière nationale. C'est peut-être le rôle des régions". 

 

Enfin, vous parlez de réorganisation, des nouvelles problématiques qu'a fait émerger la crise sanitaire, notamment concilier vie professionnelle et personnelle. Le télétravail est entré dans la réflexion des entreprises ? 

 

"Au départ, on a été contraint d'être à 100 % en télétravail. Et aujourd'hui, les entreprises ont appris à gérer avec le télétravail et donc les arbitrages se feront au travers du dialogue social entre les employeurs et les salariés. Et je trouve que ça se fait très simplement. On est en train de trouver la bonne organisation entreprise par entreprise". 

 

Le MEDEF Anjou prépare aussi les prochaines élections à la Chambre de commerce et d'industrie qui se tiendront du 27 octobre au 9 novembre. Le syndicat patronal soutient le seul candidat déclaré Matthieu Billiard, dirigeant d'AppCelle et de Soqrate.