Fabrice Amedeo : « être au départ du prochain Vendée Globe sera une grande victoire après un naufrage »
Après avoir vu son bateau sombrer et échappé à la mort, le Segréen travaille d’arrache-pied pour réaliser son rêve : acheter un nouvel IMOCA et décrocher son troisième Vendée Globe. Pas le temps de se morfondre pour le skipper toujours aussi engagé pour la planète.
Publié : 15 décembre 2022 à 19h31 - Modifié : 20 décembre 2022 à 9h32 par Coralie Juret
La vie lui a offert une seconde chance. Et Fabrice Amedeo est déjà dans l’action. « Ça va bien », explique le skipper de Nexans - Art et Fenêtres au micro d’Oxygène, « c’est une expérience qui a été difficile mais pour l’instant je suis vraiment dans le rebond. J’ai beaucoup travaillé depuis que je suis rentré en Bretagne après le naufrage, notamment pour créer les conditions de la suite, donc je n’ai pas eu trop le temps de me poser pour me lamenter. Le passé est le passé malheureusement on le changera pas, donc maintenant il faut construire l’avenir ».
S’il n’y a pas de suivi psychologique pour les skippers après un naufrage, Fabrice Amedeo se dit « bien entouré, j’ai une coach mentale que j’ai vu plus que d’habitude depuis mon retour à terre. Skipper c’est un vrai projet entrepreneurial, on est plus indépendant donc on est habitué à débrouiller ».
Un nouveau bateau pour 2023 ?
Victime d’une avarie, puis d’un incendie sur son IMOCA qui a finalement sombré le 14 novembre dernier, le Segréen venait chercher une qualification à un troisième Vendée Globe sur la Route du Rhum. L’objectif n’a pas changé, mais le temps tourne pour trouver un nouveau bateau. « Parce qu’à deux ans le Vendée Globe est quasiment à guichet fermé, tous les bateaux quasiment ont trouvé preneur et donc là il y a un vrai défi. Aujourd’hui j’ai des milles au compteur pour me qualifier, j’ai des partenaires donc j’ai un budget, mais par contre j’ai pas de bateau. Toute notre énergie est concentrée vers cette recherche de bateau qui se passe bien, qui avance et j’espère après les fêtes être en mesure de faire une annonce ».
Sur 40 places au départ des Sables d’Olonne en 2024, 13 sont déjà réservées aux bateaux neufs comme le V and B – Monbana – Mayenne de Maxime Sorel. Premier ex-aequo avec trois autres skippers avant son naufrage, Fabrice Amedeo reste bien placé, 11ème grâce aux milles déjà engrangés. Mais il lui faut un bateau pour disputer les quatre courses transatlantiques restantes d’ici le départ du Vendée Globe.
« Have a good second life, sir » - un marin du cargo qui a repêché Fabrice Amedeo
Avoir frôlé la mort le 14 novembre dernier remet-il les choses en perspective pour le journaliste marin ? Pas vraiment, avoue ce dernier : « quand j’ai quitté le cargo qui m’a secouru un des membres d’équipage m’a dit « Have a good second life, sir », ayez une belle deuxième vie monsieur. Ça m’a beaucoup ému, et en y réfléchissant à ce stade ça a pas changé grand-chose en fait. Ce naufrage, ça va changer des choses dans mon approche de marin sans doute, dans le niveau de sécurité que je vais mettre dans mon bateau, ça va me renforcer bien sûr. Mais je suis pas sûr que ça change fondamentalement ma vie ».
Sa passion pour l’océan « reste intacte » assure le Segréen, qui va aussi continuer à s’engager pour la planète. Le bateau change, mais tout le projet extra-sportif est maintenu. « On va racheter des capteurs et continuer de naviguer pour la science, mesurer le taux de CO2, de salinité, la température, les niveaux de microplastiques et la biodiversité dans les océans. Il y a aussi le projet pédagogique qui me tient énormément à cœur, l’idée c’est de refaire un livret pour le départ du Vendée Globe 2024. Et puis un projet qui prend de l’ampleur, j’ai créé un fonds qui s’appelle Océan Calling, c’est d’organiser des ramassages de déchets sur les plages ».
Les fêtes seront l’occasion d’une petite pause en famille « parce que j’ai quand même un petit peu fait peur à tout le monde », avant de reprendre dès début janvier pour deux ans de grande ligne droite vers son objectif, ce troisième Vendée Globe. « Quelque soit le bateau, quelque soit l’ambition, être au départ du prochain Vendée Globe sera une grande victoire après un naufrage, le finir ce sera une victoire encore plus dingue », conclut Fabrice Amedeo.