Grève des médecins. « Ce gouvernement s’attaque à la santé et à la vie des Français », dénonce un généraliste mayennais

Cabinets fermés, grève de la permanence des soins, 12 organisations de la profession ont démarré un mouvement de grève vendredi 13 octobre, pour obtenir la réouverture de négociations sur le tarif des consultations. Un mouvement nécessaire pour la survie de la médecine de ville explique un généraliste libéral.

17 octobre 2023 à 12h11 - Modifié : 17 octobre 2023 à 14h35 par Coralie Juret

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Banderole lors d'une manifestation de médecins libéraux en février 2023 à Angers.
Crédit : Alexis Vellayoudom / Oxygène Radio

Après les manifestations de l’hiver dernier, les médecins généralistes durcissent le ton partout en France. Avec le soutien de 12 organisations de la profession, ils ont reconduit hier soir un mouvement de grève et de fermeture de leurs cabinets pour une quatrième journée, en Anjou et en Mayenne notamment, pour réclamer la réouverture des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie.

Ils ne veulent pas subir l’humiliation des consultations à 26,50€ au 1e novembre... il faut plus pour faire vivre les médecins de famille explique le Mayennais Luc Duquesnel, président du syndicat C.S.M.F des généralistes. « Toutes les consultations de 30 à 45 mn pour nos patients âgés, polypathologiques, on demande aux médecins traitants de les faire à 26,50 €, faut pas être surpris qu’on n’ait plus de médecins traitants ! En plus de ça le modèle économique n’est pas viable ».

 

« Un système de santé qui se délite en ambulatoire, en ville et à l’hôpital »

 

Le ministre de la Santé a annoncé publier une lettre d’intention aujourd’hui mardi 17 octobre. Les médecins grévistes attendent de connaître les conditions des négociations. Certains ont déjà commencé à facturer leurs consultations 30€... leur solution pour sauver une spécialité qui n’attire plus, alors qu’elle est la première porte d’accès aux soins avec les urgences.

« Les deux spécialités qui sont les plus en difficulté aujourd’hui ce sont les urgentistes, et la spécialité de médecine générale. Beaucoup de médecins à la retraite ne font pas de cumul emploi-retraite, d’autres déplaquent pour aller faire autre chose, et les jeunes font valoir leur droit au remord et abandonnent la spécialité... »

Luc Duquesnel : "les spécialités le plus en difficulté sont les urgentistes et la médecine générale"
Crédit : Coralie Juret

Alors certes, la fermeture temporaire de leurs cabinets pénalise les patients, reconnaît le Dr Duquesnel. « Mais quand des médecins arrêtent d’être médecins traitants, c’est aussi une autre façon de leurs pénaliser », temporise le médecin. « Nous ce qu’on veut c’est rendre le métier attractif pour ne pas les pénaliser demain ».

Cette grève reconductible des consultations entamée vendredi, est inédite depuis 2002. Elle touche aussi la permanence des soins, régulée et effectuée par les médecins de garde.

En Mayenne, 103 des 180 médecins libéraux réunis en collectif participent à ce mouvement. Ils dénoncent aussi le manque de financement de l'ARS pour la permanence des soins d'ici la fin de l'année. 95% des généralistes du Segréen avaient aussi fermé leur cabinet au premier jour de la grève menée par la Comeli 49 et l’intersyndicale. Les préfectures a dû réquisitionner des grévistes pour assurer les gardes du week-end et de nuit dans les deux départements.