Hôpital de Laval : deux syndicats saisissent le procureur de la République

Les élus CGT et Force Ouvrière du CHSCT de l’établissement ont déposé un signalement pour mise en danger des personnels hospitaliers par l’Etat.

18 août 2022 à 16h38 par Coralie Juret

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Le centre hospitalier de Laval
Crédit : Cyprien Legeay

Ils dénoncent “depuis de trop nombreux mois” la mise en danger des personnels hospitaliers. Les élus Force Ouvrière et CGT au CHSCT (Comité hygiène, sécurité et conditions de travail) de l'hôpital de Laval attaquent l'Etat Français via un signalement auprès du procureur de la République de Laval.

“Ce signalement c'est vraiment pour mettre l’Etat face à ses responsabilités, on ne veut pas incriminer l'hôpital de Laval”, explique Maxime Lebigot, secrétaire adjoint de Force ouvrière. “La direction ne fait qu’appliquer les consignes qu’on lui donne de là-haut et ils font avec les moyens qu’on leur donne pas ! C’est un signalement auprès du Procureur pour dénoncer l’inaction de l’Etat français et protéger ses soignants et donc la population”.

Maxime Lebigot "un signalement pour dénoncer l'inaction de l'Etat"
Crédit : Coralie Juret

 

“Retard de prise en charge avec conséquence sur la vie d’autrui”

 

Selon les deux syndicats, les fermetures successives de lits et de postes depuis des dizaines d'années mettent à mal la santé et la sécurité des soignants. “Les collègues sont fatigués physiquement donc il y a des risques de blessures, d’accidents de service, d’accidents de la circulation pour venir ou repartir de son boulot, qu’on fait des heures supplémentaires, qu’on n’a pas mangé, qu’on n’a pas eu le temps d’aller aux toilettes, de boire... Il y a une mise en danger physique, mais aussi psychologique parce qu’à chaque fois on risque de mettre en danger notre diplôme, on n’est pas à l’abri d’une erreur”, s'inquiète l’élu FO au CHSCT.

Autre conséquence du manque de moyens pour l'hôpital public, un retard de prise en charge voire une mise en danger des patients mayennais, estiment FO et la CGT. Comme ce trentenaire en attente après une chute de trottinette : “un patient qui s’est présenté aux urgences de Laval, qui a été installé dans un brancard dans le couloir comme de nombreux patients malheureusement parce qu’on manque de box, qui s’est aggravé soudainement et qui a été amené au déchocage”. Victime d’une hémorragie cérébrale, l’homme a toutefois été pris en charge à temps et tiré d'affaire. 

Tous les services de l'hôpital sont “en souffrance”, ajoute Maxime Lebigot, de Force Ouvrière. La CGT elle aussi ne peut que constater la souffrance des soignants face au manque de moyens : “On est en manque de personnel, on ferme beaucoup de lits. On a encore fermé 28 lits de SSR (soins de suite et réanimation) un peu à la hâte il y a 3 semaines, il nous reste plus que 5 lits sur 8 en pédopsy, 22 lits sur 88 qui ont été fermés en psychiatrie alors qu’on sait très bien que la vague Covid a fait beaucoup de dégâts sur ce public-là”, énumère Fanny Petitprez, élue CGT au CHSCT. “Et ça met à mal l’ensemble des agents, pas que les soignants”. Le Comité hygiène, sécurité et conditions de travail a d’ailleurs réclamé et obtenu une expertise auprès des agents, qui sont actuellement sondés jusqu’à la fin du mois. 

 

“Le début d’une nouvelle mobilisation”

 

Ce signalement auprès du Procureur de la République est “une base si un usager veut porter plainte contre l’Etat” et le début d’une nouvelle mobilisation des agents, promet FO. “L’Etat a le devoir d’assurer l’accès aux soins pour tous, ce n’est pas le cas quand on ferme les urgences (9 nuits ce mois-ci, une dizaine de nuits en septembre, NDLR). Oui il y a des problèmes de recrutement, mais il faut une reconnaissance” pour les soignants, analyse Fanny Petitprez, aide soignante en réanimation de nuit et élue CGT. “On nous endort à coup de prime ! Une aide soignante en fin de carrière, à la retraite si elle touche 1100 € c’est bien. C’est dommage parce qu’au CH Laval on a un SSR (soins de suite et réanimation) qui est pas mal, un plateau technique de rééducation qui est bien. Il faut fidéliser. Il faut que l’Etat se rende compte que l'hôpital public a besoin qu’on lui sorte la tête hors de l’eau”. Les usagers de l’hôpital sont d’ores et déjà appelés à rejoindre une éventuelle manifestation en septembre.