Hôpital de Pouancé. “Marre d’être la valeur d’ajustement”

Plus d’une centaine de soignants, d’habitants et d’élus d’Ombrée d’Anjou ont manifesté ce lundi 4 avril pour défendre leur hôpital. Le service de SSR et l’UCC sont fermés depuis vendredi soir, pour la deuxième fois en 6 mois.

5 avril 2022 à 13h49 par Coralie Juret

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Plus d'une centaine de soignants, élus et habitants se sont mobilisés pour l'hôpital de Pouancé.
Crédit : CJ

Il y avait plus d’une centaine de personnes pour défendre l'hôpital de Pouancé hier après-midi sur le site du Boulevard de la Prévalaye. Des soignants, des élus en écharpe et des habitants qui craignent de voir partir les 15 lits de Soins de suite et réadaptation (SSR), et l'Unité cognitivo-comportementale (UCC) et ses 12 places

Les deux services sont fermés pour au moins cinq mois, et une partie des 36 agents manifestait hier son inquiétude de ne pas les voir rouvrir. Depuis vendredi soir ils sont réaffectés sur les autres sites de l'hôpital Châteaubriant-Nozay-Pouancé, dans les deux EHPAD de Pouancé et à Châteaubriant notamment.

 

L’été dernier, les deux services SSR et UCC avaient déjà fermé pour 4 mois, faute de personnel pendant les congés annuels. Cette fois-ci c'est un très mauvais signal alors que l'été n'est pas encore là, selon la secrétaire CFDT du centre hospitalier Laurence Galisson. 

Le maire d'Ombrée d'Anjou Pierrick Esnault a sollicité un rdv avec la sous-préfète de Segré-en-Anjou Bleu Anny Piétri. “On a été labellisé Petite ville de demain, après avoir été lauréat de la revitalisation des centres bourgs. Et puis aujourd'hui les services publics -on en a déjà perdu certains sur le territoire puisqu’il y a eu le Trésor public qui nous a quittés il y quelques années… aujourd’hui on sent bien que c’est l'hôpital qui est en train de se démanteler. L’Etat ne peut pas d'un côté, nous aider à maintenir une vie sur nos centres bourgs, et de l'autre côté nous retirer des services qui vont nous faire mourir. C’est pour ça qu’on n’est pas satisfait du tout”.

 

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Le maire Pierrick Esnault a expliqué son impuissance auprès de la direction du centre hospitalier.
Crédit : CJ

 

Eloigner le service SSR, c'est séparer des patients en soins palliatifs, donc en fin de vie de leurs familles, rappelle de son côté le Dr Benjamin Losfeld, gériatre et chef des deux services pouancéens. Il rapporte l'inquiétude des associations de malades, des EHPAD et des confrères qui comptent sur l'UCC, un lieu de répit unique dans le département qui accueille sur trois semaines en moyenne des patients atteints d’Alzheimer ou apparentés.

 

Fusion “destructrice”

 

Pour la CFDT, c'est "une destruction de l'hôpital de Pouancé". Avant la fusion avec Châteaubriant-Nozay en 2014, l'hôpital local comptait 486 lits en médecine et EHPAD, dont 30 en Soins de suite. Huit ans après, le syndicat déplore la perte de 18 lits de médecine dont 15 en SSR, la fermeture du centre de soins infirmiers en janvier et bientôt du SSIAD, le service de soins infirmiers à domicile au 1e juin, des lits d’EHPAD “pas encore rouverts” depuis le Covid et "des soignants en burn-out". Vendredi, on dénombrait 15 arrêts sur le site pouancéen selon la CFDT. “Je venais travailler avec plaisir, mais on nous tire tellement dessus…”, soupire une soignante écoeurée. Une autre souligne la qualité des soins et “l’accompagnement personnalisé. Pour une fin de vie je confierais sans hésiter ma famille”.

 

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Des soignants des EHPAD sont venus soutenir leurs collègues de SSR et de l'UCC.
Crédit : CJ

 

Une fermeture aurait aussi un impact sur l'économie et le dynamisme de la commune, ajoute une habitante. Des entreprises locales font de la sous-traitance pour l’hôpital et d'après le maire d'Ombrée d’Anjou, l'infirmier voit déjà une part de son marché local disparaître avec le départ des Soins de suite à Châteaubriant.

 

Des fermetures “complètement provisoires”

 

Sollicité par Oxygène Radio, le directeur du centre hospitalier Châteaubriant-Nozay-Pouancé Eric Manoeuvrier explique rationaliser les besoins de santé sur le territoire en raison “d’un niveau d’arrêts maladie élevé lié en grande partie au COVID, et d’un état atone du marché de l’emploi paramédical”. Tout en assurant qu’en cas d’amélioration de la  situation, “nous ajusterions nos décisions en priorisant la réouverture des lits de Pouancé.

Peu optimiste à court terme, il se dit “beaucoup plus confiant à compter de septembre, avec notamment les sorties des écoles d'infirmières et d'aides-soignantes". A moyen terme, le centre hospitalier prévoit de regrouper le long séjour et de transférer l'Unité cognitivo-comportementale sur Châteaubriant. “Mais par compensation il y aura création de 15 places de soins de suite, pour avoir in fine une unité de 30 lits à l'horizon 2028/2030, annonce Eric Manoeuvrier.