Journée des personnes handicapées : « on veut que les gens sortent, fassent des choses », cette association angevine œuvre pour rompre l'isolement

Ce mercredi 3 décembre, c'est la journée internationale des personnes en situation de handicap. Des personnes, parfois seules, isolées, par souci de mobilité ou d'entourage. Pour rompre ça, l'association Rencontres Amitiés et Handicap 49 œuvre depuis maintenant 2 ans. À l'origine, Jérôme Jardin, handicapé suite à un AVC en 2020. Entretien. 

Hier, la ministre déléguée chargée de l'Autonomie et des Personnes handicapées, Charlotte Parmentier-Lecocq a annoncé que désormais les fauteuils roulants sont entièrement remboursés par la Sécurité sociale pour les personnes handicapées ou âgées en perte d'autonomie. Elle a évoqué la volonté de donner un coup de pouce pour rompre l'isolement. Ça va dans le bon sens pour vous ? 

« C'est une très bonne nouvelle. Le déplacement, c'est hyper important. Quand on est chez soi, entre le canapé et le lit, ce n'est  pas évident, donc il faut sortir, et pour sortir, le fauteuil roulant est nécessaire. Après, j'espère que ça sera vrai sur le terrain, on verra bien. En revanche, ce n'est pas suffisant. Il faut encore avancer sur l'accessibilité où c'est encore très très compliqué. Par exemple, vous êtes dans une brasserie ou un bar, et bien aller aux toilettes, ce n'est pas évident. Quand c'est dehors, sur le trottoir, des fois, il y a des vélos, des trottinettes, des motos, tout ça, c'est compliqué. Depuis quelques années, on est sur la bonne voie, mais il y a encore beaucoup de travail. Il y a très peu de places handicapées. Pour le tram aussi, mais il faut se battre pour pouvoir sortir de l'isolement. C'est tellement bien de sortir, et ça fait du bien de voir des gens. »

Vous avez été victime d'un AVC en 2020, ça vous a fait réfléchir sur l'isolement des personnes en situation de handicap ? 

« En fait, je me suis aperçu, il y a un an et demi, que je pensais qu'il n'y avait que des personnes âgées qui étaient seules, mais malheureusement, ce n'est pas le cas. Peu importe les âges, le handicap, il y a des gens qui sont seuls. Et le but, c'est de rompre cet isolement. »

Comment vous faîtes ? 

« Et bien par exemple, on va au cinéma. Aujourd'hui le cinéma, c'est 10 € la place, avec l'association, on arrive à avoir des places à 5 €. C'est sympa, ça permet de discuter un peu, d'aller prendre un verre. On va au théâtre, à la piscine, on va faire la cuisine. On va jouer au tarot pour le cerveau, c'est très bien. En juillet, on est en train de préparer une journée à la mer. En avril, on va aller manger au restaurant Sens, c'est un gastronomique. Il va baisser les prix pour nous permettre d'y aller parce qu'aujourd'hui, quand on est handicapé, on vit avec une allocation de 1 030 € donc ce n'est pas évident. Entre les fêtes, on va faire une soirée pull moche, car certaines personnes sont seules. En fait, on fait plein de choses pour rompre l'isolement, permettre aux gens de se rencontrer et montrer qu'on a une vie comme tout le monde. »

Vous sentez que l'effet du collectif rend plus facile les choses ?

« Oui, car seul, le regard des autres n'est pas toujours évident et on a peur de ne pas pouvoir le faire. L'association, ça permet de surmonter ça. À titre personnel, l'association me fait du bien, ça me permet de partager des choses. Et encore, j'ai la chance d'avoir mes enfants et mes parents qui me boostent, mais quand on a personne derrière, c'est très compliqué, surtout entre Noël et le premier de l'An... La finalité, c'est que les gens sortent, on voit des gens, on rigole et on pleure la vie. C'est ça qu'il faut, il faut rigoler. »

Aujourd'hui, l'association compte 88 membres. Si vous êtes en situation de handicap et concernés par l'isolement, vous pouvez contacter l'association via le site RAH49.com ou à l'adresse contact.rah49@gmail.com. L'association cherche aussi des partenaires pour pouvoir l'aider dans ses projets.