Laval. Suppression des ARS, salariat des médecins, fin des EHPAD lucratifs, la CGT PDL propose un débat ce jeudi

Ce jeudi 23 novembre, la CGT Pays de la Loire organise un débat public sur la santé. Elle a publié un cahier qui renferment des propositions dont la suppression des Agences régionales de Santé, le salariat des médecins ou la fin des EHPAD privés et lucratifs

21 novembre 2023 à 12h19 - Modifié : 21 novembre 2023 à 12h22 par Alexis Vellayoudom

Les manifestants ont emprunté le boulevard du 8 Mai 1945
Image d'illustration
Crédit : Alexis Vellayoudom

Les Agences régionales de santé, doivent-elles être supprimées ? C'est l'une des questions qui sera débattue ce jeudi 23 novembre à 18h dans la salle du Tertre à Laval. La CGT Pays de la Loire convie les maires, élus du département, députés, sénateurs, syndicats et professionnels de santé pour débattre des propositions faîtes par ses membres dans le Cahier d'acteur n°2 dédié à la santé. Retour sur quelques-unes de leurs propositions avec Pascal Bouvier, membre du Comité régional CGT Pays de la Loire.

 

La CGT PDL organise ce jeudi un débat public suite à votre Cahier d'acteur sur la Santé. Comment s'est construit ce cahier ? 

 

"Ca préoccupe beaucoup de gens, dans beaucoup de départements, il n'y a pas que la Mayenne. Ce document, il s'est construit, il y a moins qu'un an, mais c'est un travail de fond qu'on mène depuis 6 ans. Nos militants de l'Union départementale de la Mayenne sont allés à l'encontre de la population pour prendre en compte leurs attentes, leurs besoins et faire des propositions. On s'est appuyé aussi sur nos syndicats au CH de Laval, à la Polyclinique du Maine et le syndicat des ambulanciers. Ca a contribué, suite à une conférence régionale en 2021, à la création de ce cahier d'acteur n°2, spéciale santé. Je vais rappeler quelques chiffres de 2022 qui viennent de l'INSEE et l'ORS, l'Observatoire régional de la Santé. Il faut savoir qu'il y a 110 médecins généralistes pour 100 000 habitants en Mayenne, comparé aux 160 médecins en Loire-Atlantique. Et entre 2015 et en 2021, il y a une progression de la population beaucoup plus importante en Mayenne, de 15 % qu'en Maine-et-Loire par exemple où c'est 1 %. Alors qu'en Mayenne, il y a déjà des déserts médicaux. Ce qui creuse encore l'accessibilité de la population mayennaise aux différents soins. Et ça place la Mayenne à une triste troisième place des déserts médicaux. Il y a des tragédies qui se jouent, il y a quelques mois, un monsieur a perdu sa femme en Mayenne parce que les urgences ont mis du temps à se déplacer."

 

Ce cahier d'acteur consacre plusieurs pages à la médecine dite "lucrative", c'est un problème aujourd'hui dans le système sanitaire français ? 

 

"On est dans un système financier et nous, on dénonce ce système financier. Dans ce cahier d'acteur, on fait apparaître, comment voit le Conseil régional, dirigé par Christelle Morançais, d'obédience de droite, en termes de santé qui correspond pas du tout aux besoins de la population. Après, sur la question des structures, il y a le privé non-lucratif qui ne nous pose pas de problème, même si on préfère que ce soit dans le public. Le privé qui fait de l'argent pour de l'argent, notamment les EHPAD avec Orpéa et un deuxième où ce sont les actionnaires qui sont privilégiés. On considère que ces établissements privés qui sont là pour faire de l'argent, ne devraient même pas bénéficier de l'argent de la sécurité sociale qu'est l'argent de nos cotisations sociales. D'autant plus qu'il y a aucun regard par les organisations syndicales ou les pouvoirs publics sur les aides publiques qui sont apportées à ces établissements privés, ce qui pose un problème de suivi et de fléchage de ces moyens financiers qui ne répondent pas aux besoins de Santé. En France, la santé, c'est un mastodonte au niveau mondial et là, il est extrêmement fragilisé et nous, on demande à la population de réagir."

 

Vous demandez une autre gouvernance pour la Santé ? 

 

"Oui, les Agences régionales de Santé sont sous l'injonction du gouvernement. Ca pose en plus une strate supplémentaire dans le système de santé. On est juste sur des enveloppes budgétaires qui ne permettent pas de répondre aux besoins. C'est un vrai problème. De toute façon, la Santé, ça ne devrait pas être des questions budgétaires. Si on est malade, on n'y peut rien, si on a un accident, on n'y peut rien. On a vu l'exemple du Covid, le désastre. Ce qu'on pointait depuis plusieurs années, le Covid l'a véritablement démontré avec des établissements qui étaient au bord du gouffre et qui maintenant sont complètement dans le gouffre. On n'a jamais eu autant de démissions. Pour nous, il faudrait supprimer les ARS pour redonner la gestion et les compétences à l'administration d'un véritable ministère de la Santé et de l'Action sociale. On considère que ça devrait être rattaché véritablement au ministère concerné. On est pour le rétablissement de structures administratives déconcentrées et maîtrisées dans les territoires, à l'image de ce qu'étaient les DADS et les Drees. Concernant les pouvoirs décisionnels, on considère que le département est le territoire le plus pertinent. On souhaite la création de chambres territoriales de santé dans lesquelles siégeraient des élus, des représentants locaux des professionnels, des organisations syndicales de salariée, des organismes de sécurité sociale et les services déconcentrés de l'Etat. Ils pourraient permettre de définir les besoins de la population et faire des propositions en termes de moyens et d'organisations pour y répondre. On considère qu'il faut toutes les composantes et que ça soit traité territoire par territoire."

 

Sur cette question de rendre acteur les élus locaux, il y a la question du salariat des médecins par les collectivités. Des départements comme la Saône-et-Loire y ont eu recours. C'est quelque chose qui marche ? 

 

"Nous déjà, on n'est pas pour les maisons de santé, on défend plutôt les centres de santé. Dans les maisons de santé, il y a pas de fléchage pour les professionnels qui sont dans dedans. Ils peuvent la quitter quand ils le veulent. Pour les centres de santé, c'est complètement différent. On considère qu'ils doivent être gérés par des moyens publics ce qui permet d'avoir plusieurs spécialités, sous contrat avec les communes et les départements. Et la Saône-et-Loire avait les pires misères du monde pour attirer des médecins et ils sont passés par cette solution-là. Ils ont trente centres de santé sur le département, 55 médecins et aujourd'hui, ils refusent des candidatures parce qu'ils ont trop de monde parce que ça fonctionne bien. Le Pays basque a fait la même chose. Pourquoi, c'est possible en Saône-et-Loire et dans le Pays basque, pourquoi, ça ne serait pas possible dans nos départements ?"