Maine et Loire

Le Bourg-d'Iré. A l'écurie d'Apolline, les anciens chevaux de course préparent leur deuxième vie

Alors que la course d'obstacles la plus longue du monde a été remportée ce jeudi par "Gold Allen", le gagnant de l'édition 2024 "Ever forget me" coule des jours heureux à l'écurie d'Apolline, au Bourg-d'Iré. Amélie et Pauline y accueillent d'anciens chevaux de course, pour les préparer à leur deuxième vie.

Publié : 2 juin 2025 à 17h01 par Marie Chevillard

Ecurie d'Apolline Le Bourg d'Iré reconversion chevaux de course_27 05 25_Marie Chevillard
Pauline et Amélie ont accueilli il y a un mois l'ancien champion "Ever forget me".
Crédit : Marie Chevillard

Au Lion-d'Angers, l'Anjou Loire Challenge connaît son nouveau vainqueur, depuis ce jeudi 29 mai : il s'agit de "Gold Allen", monté par Clément Lefèbvre, un jockey originaire de Craon. Le vainqueur de l'édition précédente, "Ever forget me", est chouchouté à l'écurie d'Apolline, au Bourg d'Iré (Segré-en-Anjou-Bleu). Avec lui, une quinzaine d'autres anciens chevaux de course, confiés par leurs entraîneurs et propriétaires à Pauline et Amélie : les deux associées ont créé leur écurie de reconversion en juillet 2024. 

Elles accueillent des chevaux qui ont entre 3 et 6 ans en moyenne, entraînés en tant que chevaux de course, qui peuvent avoir fait quelques compétitions... ou pas du tout, et qui vont connaître une deuxième vie, loin du sport de haut niveau. "Ce sont des chevaux, le plus souvent, qui ne vont pas avoir le niveau pour devenir des chevaux de course performants, mais qui ont plein d'autres qualités qui pourront faire plaisir à quelqu'un d'autre, explique Amélie. Pendant cette phase de transition, on amorce quelques mécanismes de reconversion, on les observe, pour essayer de trouver la meilleure suite possible pour eux."

 

"On change un peu leur mode de vie"

 

Cette phase peut durer de 15 jours jusqu'à deux ou trois mois, en fonction de l'adaptation de l'animal, et du temps pour lui retrouver un nouveau propriétaire. "On est un maillon de la chaîne des courses : il peut retourner faire des compétitions en amateur, si son physique et son mental le lui permettent ; aller vers le loisir, pour le horseball, l'équitation ; vers l'élevage pour ceux qui ont un pedigree intéressant... Ça nous laisse un panel assez large : l'idée, c'est de se dire que même s'ils ne font plus de courses, leur vie de cheval ne s'arrête pas ici."

Amélie "Même s'ils ne font plus de courses, leur vie de cheval ne s'arrête pas ici"
Crédit : Marie Chevillard

Et ça commence par réduire les portions pour l'alimentation (où les granulés sont plus importants lorsqu'ils font des courses, pour s'adapter aux efforts physiques demandés), se réhabituer à vivre au pré 24h/24 avec d'autres chevaux et (ré)apprendre les bases de l'équitation classique.

 

Ever forget me, un cheval "hyper attachant"

 

"On change un peu leur mode de vie, reconnaît Pauline. Nous, on amorce le début du travail au manège, dans la carrière, parfois avec de petits obstacles... On réduit leurs 'entraînements' à trois ou quatre fois par semaine, au lieu de six en moyenne auparavant. Mais quand les chevaux quittent l'écurie, ils ne sont pas encore 'clé en main', ils auront encore plein de choses à apprendre."

Un cheval se détache un peu de ses congénères : le gagnant 2024 de l'Anjou Loire challenge, "Ever forget me". Âgé de 11 ans, il est arrivé il y a un mois à l'écurie d'Apolline. "On est très heureuses et très touchées de l'avoir parmi nous, avoue Amélie. C'est son entraîneur Eric Leray et ses propriétaires qui nous l'ont confié. Ce cheval a un tempérament de guerrier, il est hyper attachant. Il adore aller devant, c'est le patron et il aime bien l'extérieur. L'idéal pour lui, ce serait une retraite active, c'est à dire être en extérieur avec d'autres chevaux, pouvoir être monté parce qu'on a le sentiment qu'il aime ça, sans être sollicité de manière importante."

 

"L'idéal pour Ever forget me, ce serait une retraite active"
Crédit : Marie Chevillard

Les deux associés restent très souvent en contact avec les anciens propriétaires, et ne manquent pas de travail depuis le lancement de leur activité. "Les gens des courses sont demandeurs, il y a une demande importante, d'autant plus que le bien-être animal est central aujourd'hui."

Et plus facile de s'occuper des chevaux quand on est soi-même épanouie au travail. "Avec Pauline, on avait vraiment à cœur de travailler ensemble, d'être heureuses de se lever de chaque matin et d'avoir un job qui résonne pour nous, un job qu 'on aime, sourit Amélie. Ce qui est passionnant dans ce métier-là, ce sont les liens qu'on créée avec les chevaux, c'est à nous de nous adapter ; mais aussi les rencontres avec les gens des courses, de l'équitation classique, de l'élevage... On rencontre des profils de personnes très variés et tout ça, c'est riche."