Maine et Loire

Santé. Le CHU d’Angers mise sur l’IA pour accélérer le diagnostic du cancer

Face à la pénurie de radiologues et à la complexité d’interprétation des examens, le CHU d’Angers mise sur l’intelligence artificielle pour optimiser le diagnostic du cancer. Une révolution en marche dans les hôpitaux.

Publié : 29 mai 2025 à 7h30 - Modifié : 12 juin 2025 à 10h45 Elisa ORY

Le professeur Christophe Aubé, initiateur du projet Oncology Assistant
Le professeur Christophe Aubé, initiateur du projet Oncology Assistant.
Crédit : Elisa ORY

Le projet LifLow, porté par un consortium d’industriels et d’académiques, pourrait bien transformer le quotidien des radiologues. « Les scanners oncologiques du thorax, de l’abdomen et du pelvis sont essentiels dans le suivi des cancers, mais ils sont longs et complexes à interpréter, explique le professeur Christophe Aubé, initiateur du projet au CHU d’Angers. La profession manque de radiologues. L’idée, c’est d’avoir un outil capable de nous faire gagner du temps, de diminuer notre charge de travail, et de produire des résultats très standardisés et comparables. », poursuit-il. C’est ainsi qu’est né LifLow, un logiciel d’intelligence artificielle d’aide à l’interprétation, développé par les entreprises Guerbet et Intrasense, évalué par le CHU d’Angers et l’Institut Gustave-Roussy, premier centre de cancérologie en Europe.


Une étude clinique grandeur nature cet été


Deux objectifs majeurs guident l’étude : « réduire de 20% le temps d’interprétation d’un scanner, et augmenter la détection de métastases de 10% », souligne le Professeur. Le logiciel, fraîchement mis sur le marché après trois années de recherches, est actuellement utilisé par les deux centres hospitaliers. « Certes, cette première version est encore incomplète, mais elle est fonctionnelle. L’idée, c’est de ne pas perdre de temps, et de l’améliorer au fur et à mesure de son usage et des résultats. »

Pour améliorer son efficacité, une étude clinique sera menée, cet été, sur 500 patients. Les scanners seront lus une première fois sans l’outil, par des radiologues, puis une seconde fois, assistés de l’outil LifLow. « On comparera le temps d’interprétation et le nombre de lésions détectées, précise le Pr Aubé. Puis, on affinera l’analyse pour voir dans quel contexte le logiciel est le plus utile : détection des métastases, bilan initial ou suivi post-chimiothérapie. »


L’IA utile dans tous les secteurs médicaux


Si l’IA est utilisée depuis des années dans la phase d’acquisition des données et de construction de l’image (scanners, IRM…), son rôle comme aide au diagnostic reste marginale. Mais ses applications potentielles sont bien plus larges. « L’IA peut intervenir dans tous les domaines médicaux, explique le Professeur. Par exemple, aux urgences, elle pourrait orienter les patients selon leurs symptômes. Elle peut aussi synthétiser des données cliniques ou générer des comptes-rendus médicaux. »

Le programme Oncology Assistant bénéficie d’un financement public estimé à 10,6 millions d’euros. Dans le cadre de l’appel à projet « Innovation en imagerie médicale », la banque publique d’investissement française Bpifrance a attribué un financement de 5,9 millions d’euros.