Les pharmaciens autorisés à prescrire les vaccins : "une bonne mesure pour lutter contre la désertification médicale" pour Damien Lemagnen à Segré

Depuis un mois et demi, les pharmaciens formés peuvent prescrire et administrer les vaccins : le passage par un médecin généraliste n'est plus obligatoire pour les patients. Une manière de désengorger les cabinets médicaux et de réduire les délais d'attente pour se faire vacciner.

28 septembre 2023 à 16h45 par Marie Chevillard

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Ophélia, Maud, François et Damien Lemagnen à la pharmacie Galien, place de la République à Segré.
Crédit : Marie Chevillard

Sa collègue Magali sort tout juste de formation et Damien Lemagnen compte bien suivre son chemin. Objectif : pouvoir désormais prescrire aux patients de 11 ans et plus des vaccins dits "obligatoires", contre le tétanos, la coqueluche, la varicelle... Une nouvelle mission accordée depuis un mois et demi, alors que les pharmaciens pouvaient d'ores et déjà administrer ces mêmes vaccins sur ordonnance du médecin.

Pour Damien Lemagnen, pharmacien à Segré et trésorier de la FSPF 49 (la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France), "ça permet de décharger les cabinets médicaux pour éviter un flux de patients juste pour les vaccins, alors qu'on manque de médecins justement".

Damien Lemagnen "ça permet de décharger les cabinets médicaux"
Crédit : Marie Chevillard

Les modalités de prescription de ces vaccinations ne sont pas encore établies, mais c'est en cours, assure Damien Lemagnen. Selon lui, cette nouvelle corde à l'arc des pharmaciens accompagne un "changement profond du métier depuis le Covid. Avant, les patients venaient sans rendez-vous au comptoir, on faisait une opinion pharmaceutique ; depuis, on a des nouvelles missions, les patients viennent aussi sur rendez-vous. C'est une vraie transformation, une vraie adaptation pour nous aussi".

S'ils viennent en aide aux médecins généralistes surchargés, le pharmacien le voit aussi comme "une valorisation du métier, un gage de confiance. Même s'il peut y avoir un risque de porte-à-faux avec ces médecins, ça se passe très bien jusqu'à présent à Segré". La campagne de vaccination contre la grippe et le Covid-19 s'ouvre le 17 octobre.

 

Des antibiotiques uniquement à l'unité ?

 

Un autre sujet préoccupe les officines depuis un an : la pénurie de certains médicaments, comme le Doliprane en sirop pour enfants ou la cortisone. Pour la limiter, le gouvernement veut rendre obligatoire la délivrance à l'unité de certains antibiotiques. Une idée plutôt bien accueillie de prime abord par Damien Lemagnen. "Ecologiquement, dans la consommation même des médicaments, ça permettrait de moins gaspiller. Et si on vend à l'unité, ça fera gagner de l'argent à la Sécurité sociale puisqu'au lieu de rembourser deux boîtes par exemple, elle ne paiera que huit comprimés."

Malgré tout, le pharmacien doute que le problème soit réglé en profondeur. "Il y a un problème du prix du médicament en France, qui est très bas. Ceux qui fabriquent les médicaments préfèrent en vendre à l'étranger, là où c'est plus cher pour eux. Ce sera également compliqué en termes de traçabilité de chaque comprimé." En attendant, la délivrance de médicaments à l'unité se fait parfois au compte-goutte, en fonction des approvisionnements.

Damien Lemagnen "c'est une bonne chose, mais ça ne règle pas le problème en profondeur"
Crédit : Marie Chevillard