Lois sur la fin de vie. En attendant le vote, des Mayennais et des Angevins partent mourir à l'étranger
Depuis lundi, les débats sur la fin de vie ont commencé à l’Assemblée nationale. Les députés examinent deux propositions de lois distinctes, sur le renforcement des soins palliatifs et l’aide à mourir. Pour les malades, et leur famille, un an après l’abandon du projet de loi, ces débats sont plus qu’attendus.
Publié : 15 mai 2025 à 13h20 par Elisa Ory
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Au sein de l’hémicycle, le sujet divise profondément. Depuis lundi, les députés débattent au Palais Bourbon concernant le projet de loi sur la fin de vie, porté par le député Olivier Falorni (MoDem). Abandonnée il y a dix mois à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, l’examination de la proposition de loi a repris, cette fois-ci scindée en deux parties. D’un côté, un projet de loi concernant les soins palliatifs, de l’autre, la création d’un droit à l’aide à mourir, plus clivant. Pour les malades, le retour des débats sonne comme un nouvel espoir. L’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) milite pour la liberté de choisir ses conditions de fin de vie et espère beaucoup de ces débats.
Une opinion publique favorable ?
« Il y a deux semaines, une mayennaise est allée mourir en Belgique. L’an dernier, trois mayennais sont allés mourir en Suisse. Il y a une vraie demande des patients qui ne veulent pas vivre dans des conditions abominables », confie Michel Neveu, délégué mayennais de l’ADMD. Sur le terrain, il constate au quotidien la détresse de patients confrontés à des souffrances qu’ils jugent insupportables. Selon un sondage de l’IFOP, 90% des Français sont favorables à une loi sur l’aide active à mourir et 70% des médecins se prononcent pour la légalisation de cette loi, « cela témoigne d’une évolution des mentalités », souligne le délégué.
Agnès Bourdain est déléguée du Maine-et-Loire pour la même association. Selon elle, « c’est le même combat que celui sur l’IVG, c’est une grande avancée sociétale ». Pour l’ADMD, le malade doit rester au cœur des préoccupations, en garantissant une meilleure prise en compte des directives anticipées et de la personne de confiance.
Un accès inégal aux soins palliatifs en France
Les deux délégués regrettent la séparation des deux textes, initialement présentés conjointement, « cela oppose les soins palliatifs et l’aide active à mourir, alors qu’ils sont complémentaires, ajoute Agnès Bourdain. L’euthanasie, c’est un dernier soin. »
L’ADMD insiste sur la nécessité de moyens humains et financiers plus importants pour accompagner les patients en fin de vie, « 20 départements français, dont la Mayenne, n’ont pas d’unité de soins palliatifs, seulement des équipes mobiles » regrette Michel Neveu. Face à ces manques, la ministre de la Santé Catherine Vautrin avait annoncé en avril 2024, « 2,7 milliards d’euros consacrés aux soins d’accompagnement en 2034, soit 1,1 milliard de hausse sur 10 ans ». Cette augmentation de budget n’a cependant pas été confirmée dans le projet de loi 2025.
Des garde-fous jugés insuffisants
Face aux oppositions craignant un glissement vers une « banalisation de l’euthanasie », le délégué insiste sur les règlementations strictes du projet. « Les conditions de cette loi sont très encadrées, et plus restrictives que chez nos voisins européens, pour éviter toute dérive. Le patient pourra à tout moment se rétracter » souligne-t-il. L’association dénonce les fausses informations diffusées par certains opposants et appelle à un débat apaisé.
À l’Assemblée, les débats autour du projet de loi devraient durer deux semaines, avec un vote solennel pour les deux textes prévus le 27 mai prochain.