Maine-et-Loire. De Segré à Marigné, parents et élus protestent contre des fermetures de classe

En pleine négociation de la carte scolaire 2024-2025, des parents et élus se mobilisent contre la fermeture de 55 classes sur le Maine-et-Loire. Un nouveau Comité technique entre syndicats et directeur académique est programmé ce lundi 19 février.

16 février 2024 à 13h29 - Modifié : 19 février 2024 à 8h49 par Alexis Vellayoudom

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Une cinquantaine de personnes s'est rassemblée devant l'école de Marigné
Crédit : DR

C'est toujours le coup de massue pour les communes concernées. La carte scolaire 2024 a été dévoilée en Maine-et-Loire. Pour le moment, la direction académique table sur la suppression de 20 postes, la fermeture de 55 classes pour 24 ouvertures. Ce jeudi 15 février, plusieurs délégations d'élus et de parents d'élèves, des écoles concernées par les fermetures, ont été reçues à Angers par des inspecteurs académiques pour défendre le maintien de leurs classes. 

 

À Marigné des parents choqués par la fermeture d'une classe

 

Ça a été la (mauvaise) surprise cette semaine quand les parents de Marigné ont appris qu'une de leurs classes allait fermer. Tout est allé très vite, les parents n'ont pas tardé à se mobiliser. Concrètement, le RPI Cherré-Marigné est composé de deux classes maternelles à Cherré et quatre classes élémentaires à Marigné, c'est l'une d'elles qui est concernée, car l'effectif en élementaire de 83 est à la baisse. Une délégation composée de parents d'élèves et d'élus a présenté ses arguments face aux inspecteurs. "Les classes vont être surchargées. La décharge de la directrice sera moins importante, ça veut dire qu'elle aura moins de temps et qu'on aura moins de projets. Il y aura une baisse de dynamisme sur l'école", martèle Julie De-sa. La présidente des parents d'élèves du RPI craint aussi un impact sur les enfants en difficulté. "On a le réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté qui intervient deux demi-journées. On a un indice de position sociale, qui prend en compte le niveau des familles, qu'est inférieur à celui du département donc on a des élèves qui sont en besoin". C'est le cas de l'enfant de Coralie. Elle s'inquiète des classes multi-niveaux. "Ça parait compliqué en termes de concentration pour nos enfants d'être sur trois niveaux". 

 

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Une classe doit fermer
Crédit : DR

Au coeur de la bataille, toujours cette guerre des chiffres. Un nombre d'enfants moins nombreux à la rentrée prochaine, mais qui peut évoluer d'une année à l'autre. "Une année creuse, je ne suis pas d'accord. On a 20 CM2 qui partiront au collège en septembre prochain et on a quasiment le même effectif qui rentrera en petite section en septembre. Pour nous, les effectifs sont stables, on a fait des bébés", résume avec humour Coralie. Un manque d'anticipation qui exaspère les élus, "sur les quatre dernières années, on a 50 naissances à Marigné. Il faut leur laisser une classe dans notre école. On ferme une classe, après on fermera l'école et on obligera nos enfants à aller dans des écoles plus loin leur obligeant à prendre le transport. Et une fois que c'est fermé, on sait que le retour en arrière sera difficile, voire impossible", s'inquiète Marion Fouin, élue référente aux affaires scolaires sur la commune déléguée de Marigné.

Les parents ont aussi argumenté autour de la création d'un lotissement, "et du coup, potentiellement, de nouveaux arrivants, jeunes ou moins jeunes, mais peut-être des enfants qui arriveront après", défend Lucie. Ce vendredi matin, une cinquantaine de personnes s'est de nouveau réunie pour protester. 

 

La double peine pour Châteauneuf-sur-Sarthe

 

Cela pourrait être la quatrième fermeture en 5 ans pour l'école Marcel Pagnol. Une bien mauvaise nouvelle pour un territoire sinistré et touché aussi par la fermeture de plusieurs entreprises. "Avec le coup des transports, les parents ont tendance à se rapprocher d'Angers ou de la périphérie. Les familles qui restent, pour beaucoup, sont en grosse difficulté sociale et économique. Dans le rural, au niveau du soin pour les élèves, psychologues, orthophonistes, il n'y en n'a pas donc il faut venir autour d'Angers, ce qui n'est pas possible pour beaucoup de familles. Et si on se retrouve avec une nouvelle fermeture, on se retrouvera avec les élèves ULIS à plus de 24 élèves par classe. Ce qui va être très compliqué à gérer", soupire Didier Bertin, enseignant et co-responsable de la FSU-SNUipp. 

 

La double peine pour Châteauneuf-sur-Sarthe
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

L'inquiétude réside aussi dans le maintien de l'école publique. "Face à nous, il y a une école privée avec des petits effectifs et autour de 18 élèves en moyenne. Une école neuve donc nous ce qu'on réclame, c'est la non-fermeture à l'école publique", constate l'enseignant. Présent, le maire Marc-Antoine Driancourt a été reçu avec plusieurs parents d'élèves par la direction académique. "Pour seulement 5 élèves en moins, ils nous suppriment une classe", s'est-il agacé à sa sortie. Il proteste contre une application stricte des règles.  

 

Une réunion décisive ce lundi

 

De leur coté, les syndicats jugent cette carte scolaire "inadmissible". D'autant que tout est allé très vite, en à peine une semaine, élus, parents et enseignants ont été avertis des décisions prises. "C'est certainement stratégique. Ça fait en sorte qu'il y a des écoles qui n'ont pas pu se mobiliser aujourd'hui, car le timing était très court. Il y a eu des difficultés à mobiliser les parents d'élèves et même les élus", explique Didier Bertin, co-responsable de la FSU-SNUipp. Les syndicats ont de nouveau fait savoir qu'ils demandaient à ce que les 650 suppressions de postes au niveau national soient annulées, ainsi que les suppressions de classes. 

 

Les syndicats protestent contre des classes surchargées et le délai des décisions
Crédit : Alexis Vellayoudom

 

La FSU-SNUipp pointe du doigt la surcharge des classes. "Qui est accentuée par une inclusion de plus en plus importante d'élèves avec un handicap, notamment dans les écoles où il y a des ULIS. Le problème, c'est que le directeur académique ne comptabilise les élèves qui sont en ULIS alors qu'ils sont inclus dans les classes à 80 % du temps. Ce sont des élèves en plus mais qui ne compte pour personne", déploire Didier. Au terme du Comité technique départemental d'hier, les syndicats ont de nouveau dit non à cette carte scolaire, inchangée par le DASEN, le Directeur académique des Services de l'Éducation nationale. Ils se réuniront de nouveau ce lundi 19 février à 9h pour un nouveau vote.