Maine et Loire

Maine-et-Loire. Des milliers de manifestants dans les rues pour la grève du 18 septembre

Environ 5 300 personnes à Angers, 170 à Segré ou encore 500 à Cholet. Les Angevins se sont mobilisés ce jeudi 18 septembre pour contester les mesures budgétaires du gouvernement. Les pharmaciens ont également battu le pavé pour protester contre la baisse des remises commerciales sur les médicaments génériques.

Publié : 18 septembre 2025 à 14h52 - Modifié : 18 septembre 2025 à 16h48 Cyprien Legeay

Plus de 5 000 manifestants étaient présents à Angers.

Pour la grande manifestation nationale du 18 septembre, celle du ras-le-bol comme beaucoup d’Angevins l’ont nommé dans les cortèges, environ 5 300 personnes se sont réunis à Angers au départ de la Place Leclerc. A Cholet, ce sont environ 850 personnes qui étaient mobilisés et à Saumur, 530. Enfin à Segré, le cortège de 170 manifestants a bloqué le rond-point de l’Europe et la circulation a été interrompue sur l’axe Angers-Rennes.

Sur le plan de national, le ministère de l’Intérieur a recensé 230 actions, 95 tentatives de blocages de site. Entre 600 et 900 000 manifestants étaient attendus sur l'ensemble du pays. Dans les collèges et lycées, le syndicat SNES-FSU, principal syndicat du secondaire, revendique 45 % de grévistes. En Pays de la Loire, ils étaient 15,4 % à faire grève dans les collèges et lycées selon le rectorat, et 18,1 % dans les écoles.

 

Les pharmaciens mobilisés tôt ce matin

 

A Angers, la matinée a démarré avec les pharmaciens. Ils étaient 210 à réclamer le retrait du décret qui abaisse le plafond de 40 à 30 % des remises qui leurs sont accordées par les laboratoires sur les médicaments génériques. Selon les syndicats, cela équivaut à une perte de 40 000 € par an par officine. "C'est quasiment le résultat d'une pharmacie", souligne Loïc Moisan, président de l'USOP, l'un des syndicats des pharmaciens. Si le décret est maintenu, ils craignent, en Anjou, la fermeture de 70 pharmacies dans les prochaines années (une dizaine a fermé sur les dernières années ndlr). "On doit retravailler sur le modèle économique des pharmacies, mais on ne peut pas le faire dans ces conditions", explique ce pharmacien à Soucelles. 

 

 

A La Membrolle-sur-Longuenée, Jamali et Nadine qui tiennent la pharmacie ont dû renoncer à l'embauche d'une assistante. "Alors qu'aujourd'hui, on a besoin d'être 4 pour répondre aux demandes, informer, accompagner." Elles pourraient envisager de se séparer de leur apprenti si la situation ne change pas. Au niveau national, ce sont 6 000 pharmacies qui pourraient disparaître. 

 

"Aller chercher l'argent là où il est"

 

Un peu plus tard dans la matinée, 5 300 manifestants se sont réunis vers 11h place Leclerc, avant de se diriger vers le boulevard Foch, le boulevard du Roi-René et les voies sur berge. Gilles Mapelli, secrétaire général de l'union locale CGT à Angers, résume les motifs de mécontentement : "il y a un ras-le-bol d'avoir de plus en plus de riches dans ce pays, et qu'il y ait à côté des gens qui galèrent. Certains travailleurs n'y arrivent plus avec les fins de mois ; c'est aussi le cas des retraités, des chômeurs qu'on pointe du doigt... De la richesse, il y en a, il faut juste aller chercher l'argent où il est"La taxe Zucman, qui propose de taxer à hauteur de 2 % les contribuables qui ont plus de 100 millions d'euros de patrimoine, une bonne idée ? "Oui, c'est une petite chose, mais ce ne sera pas suffisant, ça doit être le début d'autres mesures", estime Gilles Mapelli.  

 

 

Même son de cloche pour Willy, chef d'équipe chez le sous-traitant automobile Valéo : "l'argent on l'a. Il est dans le budget accordé à l'armée, les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises,k alors que nous, on nous comprime nos droits. Chez Valéo, on réoriente l'activité à l'étranger alors que l'entreprise va bien".

 

"Un gouvernement complètement en décalage avec ce qu'on vit"

 

Le responsable syndical Gilles Mapelli revient aussi sur les "211 milliards d'euros d'aide aux entreprises, c'est beaucoup pour celles du CAC 40... Tout ça pour que certaines délocalisent, comme Michelin à Cholet !" Une colère sociale ressentie par d'autres manifestants comme Claire Blais, agent de stérilisation à l'hôpital de Cholet. "Le gouvernement est vraiment à l'Ouest, complètement en décalage avec ce que nous vivons. Tout est trop cher, on est toujours à flux tendus."

En marge du cortège, les forces de l'ordre ont recensé 230 "blacks blocs", avec quelques heurts et jets de gaz lacrimogènes près de l'université et devant le centre des congrès en début d'après-midi. Mais dans l'ensemble, la mobilisation s'est déroulée dans le calme. 

 

"On a l'impression de ne jamais être entendus"

 

A Segré, parmi les 170 manifestants, beaucoup de personnes syndiquées, mais aussi certains pour qui c'était la première manifestation : c'est le cas de Julie, salariée chez Longchamp, qui a retrouvé certaines de ses collègues sur place. "C'est peut-être le moment d'essayer de faire bouger les choses, de montrer qu'on est là. Je suis assez jeune et je n'arrive pas à me projeter dans cette société. Tous les bâtons dans les roues qu'on nous met, alors même qu'on fait des efforts..."

Wilfried et Myriam, eux, travaillent tous les deux chez Framatome à Montreuil-Juigné et ont choisi de venir à la manifestation de Segré plutôt qu'à Angers, "pour voir comment ça se passe ici. Avec le gouvernement, on a l'impression d'avoir des malentendants en face de nous... Je ne comprends pas qu'on veuille nous supprimer deux jours fériés, qui ont été mérités." Myriam y voit même un acharnement sur la classe ouvrière. "On est toujours en train de travailler, et on nous en demande toujours plus. Mais nous aussi on a besoin de vivre : si on travaille, c'est parce qu'on a besoin de payer des factures, qu'on a besoin de repos aussi."

Un cri du coeur partagé par Alexandra, aide-soignante en Ehpad à Segré-en-Anjou-Bleu. "Je ne supporte plus qu'on fasse autant d'heures supplémentaires, qu'on nous rappelle sur nos jours de repos. Tous les jours, des agents viennent me voir en larmes pour me dire qu'ils n'en peuvent plus." Un manque de moyens qui a des conséquences sur l'accueil des résidents et sur "notre santé mentale. Et aujourd'hui, tout est en danger : la santé publique hospitalière, le privé, la Sécurité sociale... L'argent qui est mis dans l'armement, la guerre, laissez-le pour la santé !"

 

EN IMAGES. La mobilisation des pharmaciens et des syndicats à Angers

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Manif intersyndicale interprofessionnelle Segré 3_18 09 25_MC
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