Maine et Loire

Montreuil-Bellay. Une centaine de personnes bloque l'usine Phyteurop

Ce vendredi matin, une centaine de personnes ont répondu à l'appel de la Confédération paysanne et des Soulèvements de la Terre et bloqué symboliquement l'usine Phyteurop à Montreuil-Bellay pour protester contre la loi Duplomb qui prévoit la réintroduction de certains pesticides.

Publié : 27 juin 2025 à 13h08 - Modifié : 27 juin 2025 à 14h59 Alexis Vellayoudom

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Une centaine de manifestants a bloqué le site
Crédit : DR

Depuis 8h, des tracteurs et remorques barrent la route qui permet d'accéder au siège de Phyteurop à Montreuil-Bellay. Une opération commando menée par le syndicat paysan Confédération paysanne et le collectif Les Soulèvements de la Terre pour dénoncer la loi Duplomb, actuellement en discussion parlementaire et qui prévoit la réintroduction à titre dérogatoire de certains pesticides néonicotinoïdes. Sur place, une centaine de personnes dénoncent le revirement de cette loi et le lobby des industriels spécialisés dans la fabrication de pesticides. 

 

Inspection des stocks

 

"Tueurs de paysans", c'est ce qu'on peut lire sur la banderole déployée devant le site de Phyteurop. Depuis plusieurs semaines, la Confédération paysanne et ses partenaires associatifs mènent un combat d'usure contre la loi Duplomb. Une loi autour de laquelle se sont cristallisées les passions. Portée par le sénateur Laurent Duplomb, elle devait répondre, en partie, à la colère agricole de 2023 pour "lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur", avec en tête de gondole la réintroduction à titre dérogatoire de certains pesticides néonicotinoïdes. Une mesure contestée par la gauche et les écologistes qui avaient déposé 3 000 amendements, appréciés par la Confédération paysanne et les militants écologistes. Mais ces amendements n'ont jamais pu être discutés en raison d'une motion de rejet votée par la majorité présidentielle et l'extrême-droite, faisant revenir le texte à sa forme initiale qui sera examinée ce lundi en Commission mixte paritaire.  

C'est dans ce contexte que le syndicat paysan et ses alliés ont monté le cran de leurs actions. Le blocage de l'entreprise Phyteurop est une symbolique qui n'a pas été choisie au hasard. "Phyteurop est à bien des égards une entreprise emblématique de la course en avant pour la production de pesticides à tout prix et pour la disparition des paysans [... ] historiquement un des principaux distributeur de Glyphosate dans le pays, en association Monsanto", justifient les manifestants. Sur place, plusieurs militants ont inspecté les stocks "pour déterminer quels produits sont encore fabriqués et diffusés ici". La Confédération paysanne et Les Soulèvements de la Terre réclament un rendez-vous avec la direction, refusé jusqu'ici. En revanche, l'activité du site a cessé pour la journée. Contactée, Phyteurop n'a pas souhaité s'exprimer. 

 

 

Pression des lobbies ? 

 

En réalité, la loi oppose deux mondes, l'agriculture conventionnelle qui souhaite cette loi et l'agriculture paysanne qui ne se sent pas représentée. Le premier met en avant les difficultés de la filière noisette sans l'utilisation de pesticide néonicotinoïdes, mais l'histoire est tout autre pour la Confédération paysanne. "Il y a 190 producteurs en France. C'est une image qu'est un peu sexy, mais derrière, ça cache la filière de la betterave sucrière de Beauce qui eux ont besoin de ce produit parce que sur leurs monocultures intensives de betterave, ils sont en train de se casser la gueule donc ils voulaient qu'on remette ce produit. Je les attends l'année prochaine ces producteurs, on va les entendre parce qu'il y aura eu surproduction et donc baisse des prix sur le marché", confiait le mois dernier Typhaine Joly, présidente de la Confédération paysanne.

Elle pointe du doigt le lobby de l'agro-chimie : "La loi Duplomb est exigée en premier lieu par les entreprises qui produisent ces pesticides et par les méga-coopératives dont les profits dépendent du maintien d’un modèle agricole toxique. Leurs intérêts sont relayés par le syndicat agricole majoritaire soumis aux intérêts des patrons du secteur. Phyteurop est justement à la croisée de ces intérêts. Cette entreprise de pesticides est une filiale de la coopérative In Vivo, géante de l’agrobusiness et partenaire privilégié du Avril, lui-même aux mains du président de la FNSEA, Arnaud Rousseau.

Les manifestants ont levé le camp ce midi. Demain, une autre mobilisation contre la loi est prévue, cette fois à l’initiative du réseau Nourrir 49 qui réunit 12 structures de l'agriculture biologique et paysanne, et de la Ligue de Protection des Oiseaux. Ça sera à 14h sur la ferme de l’Aube Verte à Grézillé. La députée Laëtitia Saint-Paul (Horizons), invitée, pourrait s'exprimer.