Fermeture des centres Coville : l’incompréhension des médecins mayennais
Au cours d'une conférence de presse vendredi matin, les médecins généralistes responsables de l'organisation des soins en médecine libérale ont regretté la fermeture des centres de consultation dédiés aux malades au 10 juillet et le manque de communication de l'Agence régionale de santé à leur encontre.
13 juillet 2020 à 11h43 - Modifié : 13 juillet 2020 à 11h50 par Coralie Juret
Un manque de sécurité pour les médecins généralistes et leurs patients. C'est ce que craignent ces professionnels libéraux en Mayenne, où le nombre de cas de Covid-19 a été multiplié par 4 ces deux dernières semaines. Avec la fin de l'état d'urgence sanitaire, les huit centres Coville qui ont mobilisé 150 des 180 généralistes mayennais en binôme avec des infirmières libérales ont fermé leurs portes ce vendredi 10 juillet à 20h. La régulation téléphonique assurée en journée par 23 médecins s’arrête aussi. Ils ont reçu 7700 appels depuis le 23 mars et 200 appels rien que pour la journée de jeudi. De son côté, la plateforme PALEX a assuré le suivi de 200 patients mayennais sans médecin traitant et pu identifier certains clusters.
Le “casse-tête” des cabinets médicaux
Le président du Conseil de l'ordre des médecins mayennais s'inquiète pour ses collègues qui vont devoir se débrouiller dans leurs cabinets. “il faut savoir que les médecins de terrain vont continuer à suivre leurs patients du mieux qu’ils vont pouvoir”, assure le Dr Gilles Ollivier, “cependant la décision qui a été prise de l’ARS de ne pas poursuivre l'organisation même de manière dégradée risque de conduire à des risques de manque de sécurité pour les patients et pour les médecins sur le terrain. Malgré nos avertissements, on a envoyé des mails à l'ARS dans les semaines précédentes, je pense qu'il y a une forme d’imprudence qui est à relever”.
Formes sévères sans antécédents
L'ADOPS, Association pour l'organisation de la permanence des soins en Mayenne avait en effet proposé mi-juin à l’Agence régionale de santé un pool de 4 infirmières pour la régulation et le maintien des 8 centres Coville après le 10 juillet. Ce n'est désormais plus possible de mobiliser ces ressources, regrette le Dr Ollivier, qui souligne cette “coordination départementale inédite”;
L’ADOPS et son coordonnateur Luc Duquesnel s'interroge aussi sur le suivi des patients Covid à 7 jours avec le risque d'aggravation que l’on connaît. Les généralistes mayennais disent désormais rencontrer des formes sévères chez des patients jeunes sans antécédents.
Des médecins en vacances sans remplaçants
“Nous on est désolé, on culpabilise. On va passer d'une organisation collective, territoriale, départementale vers une organisation individuelle. Et on sait qu’avec la meilleure volonté du monde que vont avoir les médecins généralistes, elle répondra pas aussi bien aux besoins de santé des patients et tout particulièrement ceux qui sont suspects Covid”, s’insurge le Dr Duquesnel. ”Je tiens à rappeler que depuis le 23 mars, tout patient suspect Covid dans le département sans médecin traitant, a été pris par les médecins généralistes et infirmières libérales”. Des mayennais sans médecin traitant qui représentent 10% de la population en Mayenne.
Une semaine pour être testé
Les généralistes mayennais s'attendent aussi à un engorgement de leurs standards à cause de la campagne collective de tests, dont ils ont eu connaissance par leurs patients. En fermant les centres Coville, “on ferme des lieux de prélèvement” ajoutent les médecins qui ont comptabilisé 2500 actes de ce genre. La sérologie (prise de sang) n'a aucun intérêt selon le Dr Duquesnel, qui pense avoir été entendu sur ce sujet après deux appels au Ministère. Pour lui, la priorité doit être de tester les patients symptomatiques. Ils doivent déjà attendre six jours pour un rdv.
La réponse de l’ARS
Dans un communiqué envoyé vendredi, l’Agence régionale de santé souligne “l’implication des professionnels de santé” mayennais et “la qualité de l’organisation de l’accès aux soins de proximité [...] malgré les tensions sur l’offre de soins”. L’ARS explique aussi sa décision de fermer les 8 centres Coville du département “du fait d’une incidence moindre de la propagation du virus mi-juin, de l’utilisation très faible de ces centres covid (20 patients par jour)”.
Les deux drives existants à Laval ont été renforcés avec une ouverture 7 jours sur 7 des plages horaires élargies, accessibles avec une prescription médicale ou un bon de l’assurance maladie et uniquement sur rdv. Deux drive piétons temporaires ont aussi été créés à Laval et l’Huisserie.