Les aides à domicile dans la précarité : “on va peut-être se révolter”

Elles ont continué à assurer leurs missions auprès des plus fragiles pendant le confinement mais ne figurent pas dans le Ségur de la Santé. Une Mayennaise monte un syndicat FO au sein des ADMR du département.

28 août 2020 à 14h24 - Modifié : 28 août 2020 à 14h32 par Coralie Juret

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Crédit : illustration Andrea Piacquadio / Pexels

Elles travaillent seules et sillonnent la campagne mayennaise pour porter des repas ou donner des soins aux plus âgés à leur domicile. Les salariées des ADMR (Aides à domicile en milieu rural) de la Mayenne estiment avoir été les oubliées du confinement.

“On y est allée presque à mains nues”

Celles qui ont pu ont pourtant poursuivi leur travail, raconte leur nouvelle secrétaire Force Ouvrière : “elles ont pas hésité, même si on a eu peur. Moi j'ai mon mari qui a des problèmes de diabète, je me suis dit si jamais je ramène ça à la maison, je me sentirai coupable ! Surtout qu'au début on avait aucune protection, on nous disait que c'était pas nécessaire…  on y est réellement allé comme ça, pratiquement à mains nues”.

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Mères seules et précaires

Ni reconnaissance, ni revalorisation de leurs salaires toutefois pour ces "travailleurs pauvres", comme les qualifie Nathalie Saveneau. “J’ai voulu créer ce syndicat en me disant qu’on va rebondir et qu’on va faire bouger les choses parce que vraiment, mes collègues y vont au travail, mais quand vous avez plus rien, vous pouvez plus rien faire... Je pense que là il faut que le gouvernement, nos responsables là-haut prennent vraiment le mal. Ils se rendent pas compte dans quelle précarité certaines de nous sommes !”

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A 50 ans passées, Nathalie exerce son métier “avec amour” mais elle ne peut plus voir ses collègues retourner à l'usine pour pouvoir vivre.

“Dans mes collègues vous avez beaucoup de femmes qui élèvent leurs enfants seules. J’ai des collègues qui touchent 600 € de salaire par mois en sachant qu’il y a les kilomètres qui sont inclus dedans !” Les aides à domicile utilisent leur véhicule personnel pour se rendre chez les patients, “des voitures qui tombent en panne et qui ont des années et des années”. Force Ouvrière demande une meilleure prise en charge de leurs frais de déplacement, usure comprise.

Des arrêts maladie pour payer le carburant

Le métier est l’équivalent d’un aide-soignant en structure, selon Nathalie Saveneau, mais la rémunération ne suit pas. “Il y a des arrêts maladie, pas parce que les gens sont en arrêt maladie, mais parce qu’arrivé à un certain moment dans le mois ils ne peuvent plus mettre de carburant dans la voiture, donc c’est la seule solution de continuer à toucher des indemnités, vous trouvez ça normal ?”, s’indigne cette salariée des Coëvrons. 

Les aides à domicile n’ont pas été concernées par les 183 € nets d'augmentation mensuelle du Ségur de la Santé. Elles demandent une augmentation de leurs salaires, un 13e mois pour tous et la prise en compte de l’ancienneté et de la qualification.

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Ces conditions de travail n'attirent plus. Cet été, des associations ADMR ont dû mettre des demandes en attente, faute de salariés. La fédération mayennaise compte 48 associations et plus d'un millier de salariés.