Retour à l’école : les inquiétudes des enseignants

Le retour à l'école des enfants dans les écoles élémentaires la semaine prochaine prend des allures de casse-tête pour les équipes, qui doivent respecter le cadre imposé et s'inquiètent du bien-être de leurs élèves.

7 mai 2020 à 17h32 - Modifié : 7 mai 2020 à 17h36 par Coralie Juret

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Crédit : illustration Ramadhan Notonegoro / Pixabay

Pas de contacts entre élèves, pas de jeux ou de matériel partagé et le respect des gestes barrières par des enfants de 3 à 6 ans, avec des enseignants masqués… La réouverture des écoles est une "aberration totale" selon Claudie Laurent, co-secrétaire départementale du SNUipp-FSU en Maine-et-Loire.

"L'école ne va plus être un lieu d'épanouissement"

Pour la directrice de l'école maternelle Françoise Dolto à Segré, il est impossible d'enseigner dans ces conditions. “Je suis inquiète pour mes collègues, pour les ATSEM qui travaillent dans l'école, je suis inquiète pour moi aussi parce qu’on n'est pas à l'abri de se sentir submergée par l'ampleur de la tâche et par les risques qu’on prend. Je suis inquiète aussi pour les élèves parce que ce qu'on va leur imposer, c'est de la maltraitance, dans le sens où l'école ne va plus être un lieu d'épanouissement. Et je suis inquiète pas seulement par rapport aux risques encourus par la contagion, mais inquiète aussi sur les répercussions psychologiques de cette mise sous tension”.

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Chaque enseignant de Segré-en-Anjou Bleu a reçu deux masques jetables par jour, pour se protéger la première semaine. Des masques sans étiquetage et aucune formation à leur usage, souligne Claudie Laurent. Le conseil d'école de Françoise Dolto se réunira lundi soir pour prendre connaissance du protocole rédigé par l'équipe. S'il s'avérait impossible à respecter, les enseignants se laissent la possibilité de lancer une alerte pour demander la fermeture de l'école, prévient la directrice.

Les grandes sections priorisées

Les petites sections ne reviendront pas à l'école. Décision prise par les équipes des écoles maternelles publiques de Segré, Françoise Dolto et les Pierres Bleues. Pas question de soumettre ces jeunes enfants en découverte de la socialisation à "des règles carcérales" selon les mots de Claudie Laurent, directrice de l'école Dolto et co-secrétaire du SNUipp-FSU 49. Seules 18 grandes sections pourront être accueillies dès jeudi dans les trois classes de son établissement.

“Quand on va demander à un enfant de 5 ans, 6 ans en grande section de choisir une table en arrivant dans la classe et de lui expliquer qu'il ne pourra pas en bouger sans en demander avant l'autorisation et qu'il ne pourra pas se déplacer là où il veut dans la classe, qu’il ne peut pas s'approcher de ses camarades, qu’il ne peut pas les toucher, qu’il ne peut pas aller toucher les jeux de la classe, qu'il faut qu'il demande systématiquement pour que ça lui soit apporté, qu'il va falloir qu'à chaque fois qu'on veut descendre en récréation, rentrer de récréation, passer par les toilettes avec un lavage de mains conséquent, désinfecter dès qu'on touche la rampe parce qu'on a une classe à l'étage... je n'arrive pas à imaginer comment un enfant va pouvoir se sentir heureux à la fin de la première journée de revenir à l'école”.

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Les élèves de moyenne section eux, reviendraient après le 20 mai à l'école Françoise Dolto. Pour organiser la venue des élèves en alternance, les écoles de Segré-en-Anjou Bleu repassent temporairement à la semaine de 4 jours.