« On est plus une équipe, on est des pions » : la souffrance du personnel aux Résidences du Val d’Oudon

Force Ouvrière a déposé un préavis de grève illimitée pour les quatre EHPAD à compter de ce mardi 12 septembre. Des agents s’opposent à la suppression de 22 postes qui dégradera davantage, disent-ils, des conditions de travail déjà difficilement tenables.

Publié : 11 septembre 2023 à 13h10 - Modifié : 11 septembre 2023 à 15h21 par Coralie Juret

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Des agents des Résidences du Val d'Oudon débrayait le 25 août contre la suppression de 22 postes.
Crédit : CJ

Personnels soignants, administratifs ou techniques, ils étaient une cinquantaine à débrayer le 25 août dernier aux Résidences du Val d'Oudon à Ste Gemmes d'Andigné. Les 4 EHPAD (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) segréens et leur cuisine centrale gérés par le centre hospitalier du Haut-Anjou à Château-Gontier, font l'objet d'un plan de retour à l'équilibre : la suppression de 22 postes sur 240, pour combler 1,6 million d'euros de déficit.

"Inimaginable" pour Béatrice, infirmière à Marans, et Michaël, aide-soignant aux Tilleuls à Sainte Gemmes : « c’est déjà très difficile, on a une mauvaise prise en soin de nos résidents. On n’a pas le temps. Tous les jours il y a des arrêts de travail, du mal-être. Les filles sont aussi épuisées physiquement que psychologiquement », détaille l’infirmière de la résidence Félicité. « Et ce qui me met en colère c’est qu’il y a des résidents, on ne s’en occupe pas correctement ! Franchement c’est pas humain. »

Béatrice : "on a une mauvaise prise en soin de nos résidents"
Crédit : Coralie Juret

 

« L’amour du métier on l’a toujours, mais les conditions ça devient intenable »

 

Après 32 ans de métier, Michäel, aide-soignant se « pose la question de faire un bilan de compétence pour changer ». L’annonce du plan de retour à l’équilibre l’a dégoûté. « Aujourd’hui on ne veut pas payer les pots cassés de problèmes de gestion, on découvre en plein été en 15 jours qu’il faut restructurer... c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. On a nous aussi sur notre site des collègues qui craquent, encore ce matin une collègue en pleurs... Les nouvelles qui arrivent, quand elles voient la situation dans laquelle on travaille, elles repartent au bout de trois jours et je les comprends ! »

Michaël : "les nouvelles repartent au bout de trois jours et je les comprends"
Crédit : Coralie Juret

 

Grève illimitée jusqu’à l’abandon des suppressions de postes

 

Soutien des manifestants, Force Ouvrière s’est opposée à ces suppressions de postes dès le CSE (Conseil social extraordinaire) du 8 août, et à nouveau en conseil d'administration le 25 août en présence de la CGT locale. Avec la suppression de ces 22 postes, le syndicat craint que des taches extérieures aux soins qui prennent beaucoup de temps « se reportent sur les soignants, avec pour conséquence du temps en moins des résidents ». Selon FO, l'Agence régionale de santé a refusé de recevoir une délégation de représentants du personnel, et le Département du Maine et Loire "reste sourd" à leurs sollicitations.

Avant le conseil d’administration, le président du Conseil de vie sociale des RVO avait aussi exprimé la « très vive inquiétude des familles » des résidents, qui « attendent des éclaircissements ».